Katyń est un filmpolonais d'Andrzej Wajda qui traite du massacre de Katyń, d'après le livre Post Mortem, l'histoire de Katyń, d'Andrzej Mularczyk. La première a eu lieu le , à la date anniversaire de l'invasion soviétique (1939). Il a été nommé pour l'Oscar 2008 du Meilleur Film étranger. Ce film est sorti en France, en , dans un petit nombre de salles.
Sujet à l'origine du film
Mi-, l'Armée rouge envahit la partie est de la Pologne. Au printemps 1940, sur l'ordre de Staline, plus de 20 000 officiers et résistants polonais sont sommairement exécutés dans les forêts de Katyń, Tver et Kharkov. Les Allemands découvrent en partie les charniers de Katyń en 1941 et de façon plus complète en 1943. Dès la défaite d'Hitler et jusqu'en 1990, la vérité sur ces massacres est falsifiée par l'Union soviétique et la République populaire de Pologne, qui font officiellement reposer sur les nazis la responsabilité de ce crime de guerre.
Synopsis
Le film nous présente le massacre de Katyń du point de vue des vivants, c'est-à-dire du point de vue des épouses et des mères qui ont attendu des années avant de savoir ce qu'étaient devenus les officiers polonais arrêtés par l'armée soviétique en 1940. Il s'arrête aussi sur l'après-guerre, montrant l'entreprise de falsification de l'histoire menée par le pouvoir communiste et les tentatives de certains proches des victimes pour défendre la vérité. Ce n'est que dans la dernière scène que Wajda met un terme à toutes altérations de l'histoire en montrant les assassinats du point de vue des victimes.
La première a lieu en 2007, en Pologne, à l'Opéra de Varsovie, le , jour anniversaire de l'invasion de l'Armée rouge lors de la Seconde Guerre mondiale[1]. Le film obtient un succès important dans le pays, terminant à la 2e place du box-office annuel[2]. Il est projeté à Moscou en [3].
Le cinéaste a regretté le peu de diffusion à l'étranger[4]. La diffusion de Katyń en France est effectivement limitée à quelques très rares cinémas de quartier, dans de toutes petites salles. Quelques projections sont organisées, en , dans des villes du Nord et du Pas-de-Calais.
Le film ne sort officiellement que le , dans un circuit très restreint[5],[6], comprenant seulement 13 salles[7]. De nombreux exploitants ont refusé au film une large distribution, limitant ainsi la présentation de cette histoire au grand public[3]. Il fera, en tout, 25 414 entrées en France[8]. Dans une lettre au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), le député français Marc Le Fur déplore que « ce film n'ait pas bénéficié des soutiens habituellement attribués aux films étrangers ». Marc Le Fur demande aussi au CSA la diffusion du film sur le service public[6]. Le film sera toutefois diffusé par la télévision sur Arte le [réf. nécessaire].
En Suisse, le film n'aura droit qu'à une unique projection, le à Genève[9].
À la télévision
Ce film est passé à une heure de grande écoute sur une chaîne de télévision nationale russe (Kultura). La chaîne française Paris-Première l'a programmé, le , à 20 heures 35. La télévision suisse romande l'a diffusé sur sa première chaîne (TSR 1) le mardi , à 23h30. Il est programmé sur Arte les 14 et [10].
Réception critique
Les avis des journalistes spécialisés sont, en majorité, positifs[évasif][11].
Dans un article publié dans Le Monde, Jean-Luc Douin critique Andrzej Wajda pour « le renvoi dos à dos des nazis et des Soviétiques comme prédateurs du territoire national » et « l'étrange confusion entre Katyń et le génocide des juifs. Rien, aucune allusion, dans le film, sur la Shoah, mais une description des rafles, de la traque des familles d'officiers polonais, comme s'il s'agissait de la déportation des juifs. Détail troublant : ces proies d'un massacre programmé sont viscéralement attachées à leur ours en peluche. Or le Musée Yad Vashem de Jérusalem a fait de l'ours un symbole de l'extermination des enfants juifs, du martyre d'un peuple[12] ». Cette analyse suscite une vigoureuse prise de position d'Adam Michnik, publiée dans le même quotidien. Michnik se déclare consterné par la « troublante ignorance » du quotidien français :
« À l'époque, la Pologne fut morcelée par deux puissances totalitaires liées par le pacte germano-soviétique. La terreur dans les deux parties occupées du pays fut comparable ; la brutalité et la cruauté avec lesquelles les deux occupants emprisonnaient et assassinaient les Polonais était la même. […] En Europe occidentale, […] le dogme idéologique interdisait de mettre côte à côte les crimes d'Hitler et ceux de Staline. La critique du Monde est donc prisonnière de ce dogme, alors que Wajda le défie. Le metteur en scène polonais brise le mur du silence. […] Ce fut un sujet tabou pour la gauche française. Pendant de longues années, elle garda le silence autour de l'invasion de la Pologne par l'Armée rouge, des crimes des Soviétiques, de même que sur Katyń. Jusqu'à aujourd'hui, ce tragique événement historique est un cadavre dans le placard de la gauche française, si longtemps indulgente à l'égard du Grand Linguiste, Joseph Staline[13]. »
Un article publié dans L'Humanité le cultive l'ambiguïté. Son auteur rappelle quelle a été longtemps la thèse officielle soviétique, mais il poursuit en écrivant que le résultat ne convainc pas[14].
↑À l'occasion de la publication par Delphine Debons, Jean-François Pitteloud et Antoine Fleury, des actes du colloque historique dans Delphine Debons, Antoine Fleury, Jean-François Piteloud, Katyn et la Suisse : Experts et expertise médicale dans les crises humanitaires, 1920-2007, Genève, Georg, , 432 p. (ISBN978-2-8257-0959-7, lire en ligne).
L'année indiquée est celle de la cérémonie. Les films sont ceux qui sont proposés à la nomination par la Pologne ; tous ne figurent pas dans la liste finale des films nommés.