Léontine SuétensLéontine Suétens Portrait de Léontine Suétens réalisé par Ernest-Charles Appert à la prison des Chantiers de Versailles[1].
Léontine Suétens, née le à Beauvais et morte le à Saint-Laurent-du-Maroni, est une blanchisseuse et une communarde. Elle est condamnée au procès des « pétroleuses » qui s'ouvre le . BiographieAvant la CommuneLéontine Suétens est née en 1846 à Beauvais[2], d'un père, Jean Baptiste Suétens, ouvrier tailleur aux idées progressistes qui quitte Beauvais pour Paris en 1848[3] et d'une mère, Sophie Olympe Doudeuil, issue d'une famille ouvrière « tranquille ». Elle vit en concubinage avec un ouvrier ciseleur, Aubert[4], depuis 1864[3]. Elle est condamnée à un an d'emprisonnement pour vol en 1867[3]. En 1870, elle suit son compagnon, sergent-major au 135e bataillon, et devient cantinière. Elle participe aux combats de Neuilly, Issy, Vanves, et Levallois-Perret où elle est blessée à deux reprises. Elle porte une écharpe rouge, un fusil Chassepot et vient en aide aux blessés[3]. ProcèsLéontine Suétens est jugée au procès des « pétroleuses » qui s'ouvre le , après les incendies de la Commune de Paris[5]. Son avocat étant défaillant, elle est défendue par un militaire, le maréchal des logis Bordelais : celui-ci « s'en rapporte à la sagesse du Conseil »[6]. Le Conseil de guerre la condamne à mort, ainsi que deux de ses co-accusées, Élisabeth Rétiffe et Joséphine Marchais, le [7]. Victor Hugo prend alors la défense, d'une part de Théophile Ferré et de Louis Rossel, mais également de trois femmes : Léontine Suétens, Eulalie Papavoine et Joséphine Marchais. Il considère les insurgés comme des combattants révolutionnaires, non comme des criminels de droit commun. Pour les trois femmes de surcroît, il mobilise la question sociale[7] :
— Victor Hugo, Depuis l'exil Soit que la commission des grâces hésita devant le manque de preuves, soit que l'intervention de Hugo ait été décisive, les sentences de mort des trois femmes sont commuées en travaux forcés en Guyane[7],[4]. Détention en GuyaneEn 1875, Léontine Suétens se marie à Saint-Laurent-du-Maroni avec Aïssa (ben Tafaroui) ben Tebra, né à Oran et domicilié à Saint-Maurice[9]. En 1877, le gouverneur de la Guyane se plaint de Suétens et de ses co-détenues, indiquant que ces femmes créent « de perpétuels embarras » et suscitent des réclamations de la part du personnel pénitencier. Il requiert alors du ministère de la Marine « l'autorisation de les placer en liberté provisoire, comme on le fait pour les femmes de race noire »[10]. Cependant, une amnistie partielle est votée en 1879, et l'amnistie totale pour tous les condamnés de la Commune en 1880[10]. Léontine Suétens s'éteint à l'hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni en 1891, à l'âge de 45 ans[11]. Son mari meurt l'année suivante à Cayenne[12]. PostéritéÉdith Thomas, la première historienne à s'intéresser au cas des « pétroleuses », dans son livre Les Pétroleuses, est formelle quant à l'innocence de Léontine Suétens : deux des femmes jugées « ont, peut-être, participé aux incendies, mais certainement pas Élizabeth Rétiffe, Léontine Suétens, Joséphine Marchais, Eulalie Papavoine [...] qui furent cependant condamnées comme « pétroleuses », parce qu'il fallait bien des coupables et que l'on n'en trouvait pas »[13]. Ludivine Bantigny lui rend hommage dans une correspondance « par-delà le temps », au chapitre Les Réprouvées, en 2021[14]. Références
Voir aussiBibliographie
Article connexe |