La Dame aux camélias raconte l'amour d'un jeune bourgeois, Armand Duval, pour une courtisane, Marguerite Gautier, atteinte de tuberculose. Elle a pour habitude de porter à son buste des camélias de différentes couleurs (blancs quand elle est disponible pour ses amants, rouges quand elle est indisposée)[1]. La narration constitue un récit dans le récit, puisque Armand Duval raconte son aventure au narrateur initial du roman.
Dans le demi-monde parisien chic, où se côtoient riches amateurs et femmes légères, le jeune Armand Duval tombe amoureux de la jeune et belle Marguerite Gautier, une des reines de ce monde éphémère de la noce.
Armand, l'amant de Marguerite, obtient d'elle qu'elle renonce à sa vie tapageuse pour se retirer avec lui à la campagne non loin de Paris, car jaloux des nombreux hommes qui l'entretiennent. Mais la liaison est menacée par le père d'Armand, qui obtient de Marguerite qu'elle rompe avec son fils sous prétexte que son autre enfant, la jeune sœur d'Armand, doit épouser un homme de la bonne société. Jusqu'à la mort de Marguerite, Armand sera persuadé qu'elle l'a trahi avec un nouvel amant, et quitté volontairement. La mort pathétique de Marguerite, abandonnée et sans ressources, conclut l'histoire racontée par le pauvre Armand Duval lui-même.
Analyse
Dumas fils se réfère explicitement au roman de l'abbé Prévost, Manon Lescaut (1731), mais les rôles sont inversés. Tandis que chez Prévost, c'est Des Grieux qui renonce à son statut social pour suivre jusqu'au bagne, en Amérique « [sa] Manon adorée », avant de rentrer pour raconter sa passion fatale à « l'homme de qualité » auquel l'auteur prête sa plume, chez Dumas, le récit se concentre sur le sacrifice de la courtisane au grand cœur.
Dumas fils réhabilite de façon inédite l'image de la femme entretenue. De jouet frivole — insensible et intéressée —, l'irrégulière devient avec lui une victime de l'égoïsme bourgeois. Par générosité, Marguerite a renoncé au luxe d'une vie brillante et libre puis à son amour lui-même, mais sa sincérité reste cachée au monde comme il faut. Elle est ainsi la victime du préjugé selon lequel une lorette n'aurait pas de vertu.
Œuvre autobiographique
Pour son roman, Alexandre Dumas fils s'inspira de son histoire d'amour fiévreuse avec la demi-mondaineMarie Duplessis, entre et . La Dame aux camélias fut écrit en 1848, quelques mois après la mort de la jeune femme. Mis en pension très jeune, Dumas vécut très mal son statut d'enfant « bâtard », comme il le dit lui-même. Lorsqu'il rencontra Marie Duplessis, elle lui apporta la stabilité dont il avait besoin. Après sa mort, il s'installa à Saint-Germain-en-Laye, à l'Auberge du Cheval Blanc, et acheva l'œuvre en trois semaines[2].
« N'ayant pas encore l'âge où l'on invente, je me contente de raconter. »
« J'engage donc le lecteur à être convaincu de la réalité de cette histoire dont tous les personnages, à l'exception de l'héroïne, vivent encore. »
« D'ailleurs, il y a, à Paris, des témoins de la plupart des faits que je recueille ici, et qui pourraient les confirmer, si mon témoignage ne suffisait pas. Par une circonstance particulière, seul je pouvais les écrire, car seul, j'ai été le confident des derniers détails, sans lesquels, il eût été impossible de faire un récit intéressant et complet. »
« Je ne tire pas de ce récit la conclusion que toutes les filles comme Marguerite sont capables de faire ce qu'elle a fait. Loin de là, mais j'ai connaissance qu'une d'elles avait éprouvé dans sa vie un amour sérieux, qu'elle en avait souffert et qu'elle en était morte. J'ai raconté au lecteur ce que j'avais appris. C'était un devoir. »
« La personne qui m'a servi de modèle pour l'héroïne de la Dame aux camélias se nommait Alphonsine Plessis, dont elle avait composé le nom plus euphonique et plus relevé de Marie Duplessis. Elle était grande, très mince, noire de cheveux, rose et blanche de visage. Elle avait la tête petite, de longs yeux d'émail comme une Japonaise, mais vifs et fins, les lèvres du rouge des cerises, les plus belles dents du monde ; on eût dit une figurine de Saxe. En 1844, lorsque je la vis pour la première fois, elle s'épanouissait dans toute son opulence et sa beauté. Elle mourut en 1847, d'une maladie de poitrine, à l'âge de vingt-trois ans. »
Reynaldo Hahn, La Dame aux camélias "C'est à Paris", "Mon rêve était d'avoir…", "Au fil de l'eau". Trois mélodies tirées du film du même nom de Fernand Rivers, en 1934. Yvonne Printemps, qui tient le rôle de Marguerite Gautier dans le film, en est la première interprète. Partition imprimée en 1934. Éditions Joubert & Cie en 1934, sous les références A. J. 1000 22/23/24.
Bande dessinée
Gotlib (scénario) et Alexis (dessin), La Dame aux camélias, dans Cinémastock, Tome 1, Dargaud, 1974 (publié auparavant dans Pilote no 731 et 732, des 8 et [5])
Notes et références
↑Jean-Louis de Montesquiou, « La Dame aux camélias était une impitoyable cocotte », BibliObs, (lire en ligne, consulté le ).
↑Jacques Dyssord, La vie amoureuse de la Dame aux Camélias, Ernest Flammarion, , p. 184.