Elle est le lieu de résidence d'été des beys de Tunis du début du XIXe siècle à la déchéance de la monarchie en 1957. De cette époque, elle conserve, malgré plusieurs destructions de monuments, son cachet de banlieue cossue et reste une station balnéaire appréciée des Tunisois[3].
Géographie
Localisation
La Marsa fait partie de la banlieue nord-est de Tunis. Le territoire de la municipalité est limitrophe de ceux de cinq municipalités :
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La ville s'étire entre la falaise de cap Gammarth au nord et le djebel El Manar (ou Menara) qui culmine à 126 mètres au sud[4]. Le relief de la ville est accidenté autour de ces deux extrémités et vers les côtes, mais il est plat à l'intérieur des terres.
Hydrographie
Le golfe de Tunis borde La Marsa au nord et à l'est, entre le cap Gammarth au nord et le cap Carthage au sud.
Au nord-ouest se trouve la sebkha Ariana, séparée de la mer par un cordon dunaire entre le nord de Gammarth et Raoued.
Voies de communication et transports
Transport en commun :
Deux stations de la ligne de chemin de fer TGM se trouvent sur son territoire : Marsa-Plage et La Corniche.
Le nom de La Marsa provient de l'arabeMarsa ou Mers qui désigne un port ou un mouillage.
Histoire
Période antique
L'histoire de la ville remonte à l'époque punique où son premier noyau appartient au quartier de Mégara, faubourg de la cité punique de Carthage[5]. En raison de son nom, des archéologues ont cru pouvoir y situer les ports puniques de Carthage, comme l'avait d'ailleurs affirmé Léon l'Africain[6]. Mais, si la baie de La Marsa a parfois servi de mouillage, comme en 1856 pour le débarquement des troupes tunisiennes envoyées par Sadok Bey en Crimée, rien n'est encore venu confirmer l'existence d'un port à cet emplacement.
Période médiévale
Peu après la conquête arabe, on y érige un ribat, où des hommes pieux montent la garde et enseignent à partir du XIIe siècle le soufisme, et où sont inhumés quelques marabouts célèbres.
Période hafside
Au début du XVIe siècle, le souverain hafside Abû `Abd Allâh Muhammad al-Mutawakkil choisit cette localité pour résidence estivale et y fait bâtir trois palais au sein d'un parc situé en plein centre[7]. Ces trois palais appelés Abdellia vont constituer les principales demeures princières jusqu'au XIXe siècle.
La ville est en outre mentionnée par le chroniqueur espagnolLuis del Mármol Carvajal, à l'occasion de la conquête de Tunis en 1535. Ainsi, on apprend que les soldats de Charles Quint ont saccagé La Marsa[8]. Elle est décrite comme abritant les jardins du roi de Tunis et plusieurs résidences[9]. Une grande partie des bâtiments ont survécu aux différents passages des armées espagnoles et turques au XVIe siècle[10].
Le climat conjugué aux paysages de falaises rocheuses, forêts de pins et orangeraies en font vite un lieu prisé des dignitaires, savants, bourgeois et artistes qui suivent la famille régnante. Car, dès le début du XIXe siècle, les beys de Tunis font ériger de nombreux palais où ils s'installent de mai à septembre[3] : Mohammed Bey fait construire Dar al-Taj vers 1855 avant que son successeur n'entame la construction d'un pavillon dominant la plage, Koubet El Haoua, destiné à dissimuler les baignades de la famille régnante[3]. De même, sous le règne de Naceur Bey, est construit le palais Essaâda à l'intention de son épouse Lalla Kmar, une odalisquecircassienne qui épousa trois beys successifs.
D'autres princes se font construire des palais dans plusieurs endroits de la ville en plus des résidences offertes aux familles alliées telles que Dar El Kamila[3].
La Marsa est habitée par des agriculteurs et recherchée par les notables citadins tunisois. La localité connaît alors un essor rapide au XIXe siècle et à l'aube du XXe siècle, quelques dignitaires et riches choisissant la cité pour élever de luxueuses résidences de style arabo-musulman et italianisant au milieu des vergers et jardins ou même pour acquérir des demeures de notables étrangers résidant en Tunisie.
Centre du pouvoir pendant une partie de l'année, la ville attire vite ambassades et consulats dans le centre ou le long de la côte en direction de Gammarth, certaines bénéficiant de demeures beylicales délaissées comme les représentants français et britanniques[3].
Ainsi, la présence de hautes personnalités tunisiennes et étrangères contribue à l'essor de la localité. Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge en visite en Tunisie en 1858, décrit la localité dans sa Notice sur la régence de Tunis :
« Lorsqu'un étranger arrive à La Marse, tout lui annonce et lui fait sentir qu'il approche de la résidence d'un souverain d'Orient. L'animation règne aux abords du palais : ce sont les carrosses des grands de la cour, traînés par des chevaux ou des mules de prix, et conduits par des nègres à la livrée orientale ; ce sont des officiers, les généraux à cheval, les serviteurs du prince ou des Maures en grand costume ; les consuls européens dans leurs voitures ; les étrangers, les voyageurs, sans compter les caravanes d'Arabes, de Maltais, de Juifs ; ou des chameaux, des muletiers et des attelages de toute espèce et de toute sorte, qui vont et viennent de Tunis à La Marse[3]. »
Le , c'est dans cette ville que sont signées les conventions de La Marsa qui renforcent le contrôle des autorités françaises sur le jeune protectorat[11]. Elle est érigée en municipalité en 1912[12].
Façade du palais beylical de La Marsa vers 1880.
Entrée principale du palais beylical de La Marsa.
Gare du TGM à La Marsa vers 1910.
Tunisie indépendante
Après l'indépendance de la Tunisie en 1956, la ville voit la destruction de palais beylicaux et de l'ancien souk.
La municipalité de La Marsa est divisée en cinq arrondissements : La Marsa, Gammarth, Sidi Daoued (ou Sidi Daoud) et Cité Er-Riadh (ou Cité Erriadh)[1].
Tendances politiques et résultats
À la suite des élections municipales de 2018, les trente sièges du Conseil municipal se répartissent comme suit : onze membres de liste « La Marsa change », sept de la liste « Les couleurs de La Marsa », cinq du parti Nidaa Tounes, quatre du parti Ennahdha, deux membres de la liste indépendante « Espoir de La Marsa » et un membre du Courant démocrate[13].
Liste des maires
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Complexe sportif de Marsa Plage, comprenant la piscine municipale ;
Complexe sportif en construction à Bhar Lazreg[15].
Cultes
Culte musulman : Il existe de nombreux lieux de culte.
Culte israélite : Il existe un lieu de culte ouvert l'été uniquement, à savoir la synagogue Keren Yéchoua.
Économie
Tourisme
Le point fort de l'économie marsoise réside dans le tourisme, avec la zone de Gammarth et ses ensembles résidentiels, hôtels, centres de thalassothérapie, restaurants et boîtes de nuit[3]. Le quartier Saf-Saf, au cœur de Marsa Plage, est le haut-lieu d'animation de la ville et attire de nombreux Tunisois en saison estivale.
Commerce
Il existe deux centres commerciaux à La Marsa : Carrefour à Sidi Daoud et le Zéphyr à Marsa Plage.
Patrimoine
Palais et résidences
Koubet El Haoua, construit pour dissimuler les baignades de la famille régnante et monument classé ;
La plus grande mosquée marsoise est la mosquée El Ahmadi, construite par Ali III Bey, vraisemblablement sur les bases d'une ancienne mosquée hafside, avant d'être agrandie par Ahmed II Bey qui lui donne son nom[16]. De nos jours, il s'agit de la mosquée centrale de la ville.
La Marsa compte de nombreuses autres mosquées, notamment la mosquée de Sidi Ahmed Bousalsla, dont le mzar se situe au bord de la rue Hédi-Chaker, la mosquée Sidi Abdelaziz ou encore la mosquée de la Cité des Juges.
Autres lieux de culte
Cimetière Sidi Abdelaziz, du nom du saint patron de la ville de La Marsa, qui aurait été un disciple du maître soufi andalouIbn Arabi[3] et dont la zaouïa s'y trouve, ainsi que le mausolée de Sidi Ali Bouriga, celui de Sidi Cherif et le tombeau de Sidi Salah[17] ;
Sans doute né à la fin du XIXe siècle, le café Saf-Saf est un lieu mythique qui préserve les traditions du savoir-vivre tunisois selon Ridha Kéfi[18]. Doté d'un puits public datant de l'époque des Hafsides et où les caravaniers venaient se rafraîchir et abreuver leurs bêtes, il accueille durant les années 1950 et 1960 les peintres Yahia Turki, Jellal Ben Abdallah ou Noureddine Khayachi venus y peindre les atmosphères particulières du lieu[18]. Dans les premières années de l'indépendance, Ali Riahi ou Safia Chamia viennent souvent y chanter et l'endroit fait même l'objet d'une chanson de Naâma intitulée El Bir Wessafsaf Wennaoura[18]. Désormais, c'est un café populaire qui a été préservé de la boulimie des promoteurs immobiliers. Le journal français Le Monde l'avait qualifié de « plus beau café du monde »[18].
Mairie d'arrondissement de Marsa Ville, de style néo-mauresque ;
Porte d'honneur du Saniet Khaznadar, une porte cintrée blanchie à la chaux et ornée d'un fronton entre deux colonnes maçonnées ;
Station-terminus de la ligne TGM, Marsa-Plage, de style néo-mauresque.
Café Saf-Saf.
Porte d'honneur du Saniet Mohamed Khaznader.
Station Marsa-Plage.
Monuments et lieux disparus
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Dar al-Taj, palais beylical détruit après l'indépendance ;
Fondouk Chérif détruit, après l'indépendance et qui se situait entre le boulevard du front de mer et la plage ;
Palais d'Ahmed Bey, parfois appelé palais du Saf-Saf, a perdu sa salle du trône, sa cour d'honneur et de nombreuses parties, et seul subsiste encore une partie qui correspond aux appartements privés du bey ;
Palais de Mohamed Khaznadar, détruit en 1961 et dont seule la porte d'honneur du domaine (Saniet Khaznadar), qui se situait entre le palais d'Ahmed Bey et la côte, existe de nos jours ;
Palais Mustapha Bey, partiellement détruit en 2008 ;
Saniet Hammouda Bey, détruit en 1964 par la municipalité ;
Saniet Taïeb Bey, du nom du frère de Sadok Bey, appelé aussi Saniet Bordgane.
Œuvres artistiques et littéraires liées à la ville
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↑Véronique Krings, La civilisation phénicienne et punique : manuel de recherche, Leyde, Brill, , 923 p. (ISBN978-90-04-10068-8, lire en ligne), p. 384.
« C'est une petite ville ancienne bâtie sur le bord de la mer. C'est là que se trouvait le port de Carthage. Elle fut ruinée jadis et le demeura longtemps. Mais elle est aujourd'hui habitée par des pêcheurs, cultivateurs et blanchisseurs de toiles. Il existe près d'elle des palais royaux et des propriétés où le roi actuel a coutume de passer tout l'été. »
↑Jacques Revault, Palais et résidences d'été de la région de Tunis (XVIe – XIXe siècles), Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, coll. « Études d'antiquités africaines », , 628 p. (ISBN2-222-01622-3, lire en ligne), p. 57.
« Près de la ville [La Marça] il y avoit quelques jardins et maisons de plaisance, où les rois alloient prendre le frai l'esté. Les soldats de l'Empereur [Charles-Quint] la trouvant vuide, la sacagèrent, et depuis elle s'est repeuplée, encore que les habitants n'y soient pas trop en seureté, quand il y a guerre avec ceux de la Goulette. »
↑del Mármol Carvajal 1667, p. 464 :
« Avant le débarquement de l'armée navale espagnole, la galère impériale manqua s'échouer sur un banc de sable dont on la retira à grand peine. L'empereur partant de là, rasa le cap de Carthage et toute la coste de Marsa, où se voyent les ruines de cette fameuse ville avec les jardins de Roy de Tunis ».
↑Nada Auzary-Schmaltz, La justice française et le droit pendant le protectorat en Tunisie, Paris, Maisonneuve et Larose, , 199 p. (ISBN978-2-7068-1997-1, lire en ligne), p. 44.