Le film débute par les deux concerts successifs du Concerto pour piano no 23 de Mozart interprété par la pianiste Maria Judina, public puis celui improvisé à la suite pour réaliser l’enregistrement demandé par Staline à la fin du premier concert. Pour obtenir des conditions acoustiques identiques, notamment par les applaudissements, des passants dans la rue viennent remplacer les spectateurs qui avaient déjà quitté la salle de concert. Le chef d’orchestre, victime d’une syncope, est remplacé par un chef ramené de son domicile, sorti brusquement du lit, qui dirige en pyjama.
Le film montre le dictateur victime d’une attaque à la lecture d’un billet accusateur inséré dans la pochette du disque par la concertiste dont les proches ont été assassinés sur ordre de Staline.
Le film décrit les luttes de pouvoir à l’intérieur du cercle dirigeant qui s’amorcent dès l’agonie de Staline en mars 1953 et se développent dans les jours suivant ses funérailles. L’action du film se termine par l’exécution de Béria, le plus déterminé de tous, qui voulait prendre la totalité du pouvoir. De plus, Béria faisait planer une menace sur les autres membres du bureau politique étant entré le premier dans le bureau de Staline pendant son agonie pour récupérer dans le coffre les dossiers personnels de tous les membres du Politburo.
La scène finale montre Khrouchtchev — qui a été nommé entre-temps chef de l’Union soviétique — assistant à un concert de Mariya Judina, observé par Leonid Brejnev, qui le renversera onze ans plus tard.
Fiche technique
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Sociétés de production : Main Journey et Quad Productions ; Gaumont ; La compagnie cinématographique, France 3 Cinéma, Panache Productions (coproduction)
Sociétés de distribution : eOne Films (Royaume-Uni), Gaumont Distribution (France), September Films (Belgique), Entract Films (Québec), Elite Films (Suisse romande)
En , la bande annonce officielle est dévoilée[3]. Parallèlement, le Parti communiste de la fédération de Russie exige que le film soit censuré dans le pays au prétexte qu'il discrédite la mémoire de Staline[4]. En , le gouvernement décide d'empêcher la sortie du film sur son territoire[5]. Pour Vladimir Medinski, le ministre russe de la Culture : « Beaucoup de gens d’âge mûr considèrent ce film comme une farce méprisante envers notre passé soviétique, envers notre pays qui a vaincu le fascisme, envers l’armée soviétique (…) et, plus rebutant encore, envers les victimes du stalinisme[6]. »
Il est diffusé en avant-première le dans le cadre de la dixième semaine du cinéma britannique à Bruz.
À noter que le film s'est vu interdit de diffusion deux jours avant sa sortie en Russie par le ministère de la culture, au motif que le film « s'en prend à des symboles nationaux. ».
Critiques
En France, le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 3,2/5[7].
Pour Samuel Douhaire de Télérama, « Armando Iannucci, maître de la satire politique l'a bien compris : dans son récit de l'agonie du « Petit Père des peuples », puis de sa guerre de succession éclair, l’angoisse des personnages est, à juste titre, permanente. Mais son intensité confine à l’absurde. Et transforme tout — les situations, les paroles, les êtres humains — en caricature. Donc, en farce. »[8].
Pour Jacques Mandelbaum du Monde, « Spécialiste de la satire politique à la mode anglaise, Armando Iannucci imagine pour son deuxième long métrage de nous plonger dans les coulisses sanglantes de la succession de Joseph Staline. […] La Mort de Staline accuse toutefois quelques handicaps qui l'entravent. La langue anglaise, pour commencer, qui nuit au réalisme de la situation[9]. Le côté théâtre de l'absurde, qui n'est pas à la mesure de l'ignominie du sujet »[10].
Pour Jean Serroy du Dauphiné Libéré« Les acteurs de la tragicomédie sont tous là, avec toute la vérité hilarante de la caricature, dans des jeux de pouvoir dont le machiavélisme a quelque chose de shakespearien. »
Le film surcharge satiriquement les circonstances de la mort, mais les présente néanmoins largement en fonction de la réalité historique. Staline n’a été retrouvé que de nombreuses heures après son accident vasculaire cérébral, car personne n’osait entrer dans sa chambre sans être sollicité et sans qu’aucun médecin ne soit appelé tant que tous les membres du Politburo n’étaient pas réunis à la Datcha de Staline à Kuntsevo. La scène de la mort, dans laquelle Staline ouvre brièvement les yeux et lève un doigt menaçant, a ainsi été attestée par quelques personnes présentes. De même, il est conforme aux faits historiques que quelques-uns des meilleurs médecins de l’Union soviétique, y compris le médecin personnel de Staline, avaient été arrêtés peu de temps avant la mort de Staline dans le complot des blouses blanches visant principalement les médecins d’origine juive.
Beaucoup des scènes cinématographiques apparemment grotesques se sont réellement déroulées mais pas toujours dans les contextes montrés, car l’action cinématographique mélange la fiction, les événements réels à leur date exacte et ceux de l’année qui a suivi la mort de Staline en comprimant sur une durée de quelques jours.
Iannucci a dit: « Je ne veux pas dire que c’est un documentaire. L’intrigue du film est condensée, mais c’est une poésie inspirée de la réalité : mon but était que le public ressente cette terreur comme elle était perçue à l’époque ».
En effet, de nombreuses personnes, comme cela est historiquement prouvé, ont proclamé « Longue vie à Staline ! » avant leur assassinat par les commandos de Staline[13].
Le film diffère de la réalité historique dans plusieurs passages.
Le concert donné uniquement pour réaliser un enregistrement du concerto pour piano n ° 23 de Mozart pour Staline, a eu lieu non avant sa mort mais quelques années avant les événements décrits. Staline avait alors fait remettre en remerciement 50 000 roubles à la pianiste Maria Judina, qui l’aurait toutefois renvoyée au dictateur par une lettre dans laquelle elle avait écrit qu’elle donnerait cet argent à son église pour prier pour son âme en raison des crimes qu'il avait commis contre le peuple russe. Staline n'y répondit jamais. Cet enregistrement était sur le tourne-disques dans la chambre de Staline à sa mort. Staline écoute ce concerto dans le film une exécution ordinaire se déroulant les jours avant sa mort.
L’accident d’avion qui a causé la mort de la plupart des joueurs de l’équipe de hockey de l’association sportive WWS MWO Moscou a également eu lieu. Le fils de Staline, Vassili, forma une nouvelle équipe pour que son père n’apprenne pas l’accident d’avion.
Le sort de la fille de Staline, Svetlana, décrit dans le film, ne correspond pas à la réalité : elle a demandé l’asile à l’ambassade des États-Unis à New Delhi lors d’un voyage à l’étranger en Inde en 1966, ce qui lui a été accordé.
Contrairement à ce qui est montré, Vassili Staline n’a pas été autorisé à prononcer un discours lors des funérailles.
Plus de 500 personnes sont mortes dans les bousculades autour de la Place Rouge lors des funérailles le 9 mars 1953 mais contrairement à ce que montre le film, il n’y a pas eu d’exécutions de foules par les troupes de la police politique MGB sous les ordres de Béria.
L’arrestation de Béria se serait probablement déroulée à peu près comme dans la scène du film mais fin juin 1953 et non immédiatement après la mort de Staline. La date et la forme de son exécution reste encore débattues par les historiens mais elle aurait eu lieu immédiatement après un jugement en décembre 1953.