Latin contemporainLatin contemporain Les prince et princesse sérinissimes de l'empire du Japon Akihito et Michiko ont été joyeusement reçus à l'université de Salamanque le 28 février 1985.
L’expression latin contemporain, appelé naguère latin moderne ou latin vivant, se rapporte à l’utilisation contemporaine du latin. La période du latin contemporain succède à celle du néolatin. L'usage littéraire du latinL'épreuve de composition latine[1], obligatoire au baccalauréat ès lettres, est supprimée en France en 1881 (Lois Jules Ferry)[2],[3],[4]. Certains livres sont encore imprimés en latin à la fin du XIXe siècle dans de nombreux domaines, particulièrement scientifiques, dans un souci d'universalité. Le latin se maintient encore au XIXe siècle et XXe siècle comme langue littéraire et donne une abondante production à travers toute l'Europe[5]. Chez certains auteurs de langue française (comme Victor Hugo[6], Baudelaire[7], Rimbaud, etc.) il a été utilisé pour produire une partie minoritaire et accessoire de leur œuvre. À la fin du XIXe siècle, divers périodiques scientifiques ou littéraires sont encore publiés en latin, comme la revue Vox Urbis: de litteris et bonis artibus commentarius[8], publiée deux fois par mois par l'architecte et ingénieur Aristide Leonori entre 1898 et 1913. L'opposition au latinÀ côté d'adeptes inconditionnels du maintien de l'usage du latin, il ne faut pas négliger l'existence d'un courant culturel opposé à son maintien. En France, en 1933, Régis Messac critique l'enseignement du latin dans son célèbre pamphlet À bas le latin !. Plus récemment, Françoise Waquet, dans son livre Le latin ou l'empire d'un signe (1998)[9] donne une analyse critique de la place du latin dans l'enseignement. Usage du latin dans la vie couranteAu début du XXe siècle, en dehors du monde littéraire latin, cette langue est restée utilisée dans des domaines techniques très spécifiques (comme la biologie), mais où il se limite à la nomenclature. Dans d'autres domaines (anatomie, droit), où le latin a été historiquement très largement utilisé, il a survécu dans des phrases techniques et dans la terminologie. Le latin est resté jusqu'à ce jour la langue véhiculaire internationale de l'Église catholique, langue dans laquelle, par exemple, sont promulguées les bulles du Pape. (Voir Latin ecclésiastique pour plus de détails à ce sujet). À ce titre, il est la langue officielle du Saint-Siège et une de celles de l'État de la Cité du Vatican[10]. Au XIXe siècle, le latin était parfois utilisé dans le but de dissimuler certains passages de livres lors de leur lecture par des enfants, des personnes de classes populaires ou des femmes. De tels passages apparaissent dans des traductions de textes d'autres langues, ainsi que dans des travaux sur le folklore, l'anthropologie, la psychologie, par exemple dans la traduction anglaise de Psychopathia sexualis de Richard von Krafft-Ebing (1886). Émergence du latin contemporainPeu après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement du latin contemporain reprend de la vigueur, dans le contexte de la construction européenne. L'idée du « latin vivant » est à nouveau lancée en 1952 par le normalien et ingénieur français Jean Capelle, ancien recteur de l’Université de Nancy qui publie, dans le Bulletin de l’Éducation Nationale du , un article intitulé Le latin ou Babel[11] où il propose le retour au latin. Devant le succès de son article, Jean Capelle réunit en le premier Congrès International pour le latin vivant à Avignon, où se rencontrent près de deux cents participants issus de vingt-deux nations. À une époque où l'usage de l'anglais commence à s'imposer de plus en plus dans le monde, et à défaut d'encouragement, cette initiative, qui paraît anachronique et semble aller à contre-courant, s'essouffle rapidement en France. D'autres périodiques continuent d'être publiés en latin au cours du XXe siècle. En France, à la suite du congrès d'Avignon, l’éditeur avignonnais Édouard Théodore-Aubanel publie la revue Vita Latina. En Allemagne, le périodique Vox Latina est publié par Cælestis Eichenseer de l'université de Sarrebruck à partir de 1965. En Belgique, Melissa est publié, à Bruxelles depuis 1984 par Gaius (Guy) Licoppe, un médecin radiologue. En 2009 est publié par Generation Europe Foundation le Diarium Europa, journal de classe européenne totalement rédigé en latin et distribué à travers l'Europe. La promotion de l'usage contemporain du latin est assurée par des sociétés savantes et des écoles. En 1995 est fondée en Brabant wallon (Belgique) l'école internationale « Schola Nova », qui utilise le latin comme langue européenne de communication. En Italie, l’Academia Latinitati Fovendae organise à Rome, en 1966, un congrès international auquel prennent part près de cinq cents participants. D'autres congrès ont suivi : en Finlande, en Espagne, etc. D'ailleurs, en Finlande la radio nationale donne une émission en latin Nuntii Latini. Depuis on peut écouter chaque semaine des émissions en latin produites de Radio F.R.E.I. à Erfurt qui s'appellent Erfordia Latina[12]. En Italie également, l'Accademia Vivarium Novum fondée et dirigée d'abord à Naples puis à Rome par Luigi Miraglia reçoit des jeunes du monde entier pour des séjours d'un an et plus. Ces jeunes n'y parlent que le latin et le grec ancien. De plus cette Académie a déjà organisé non seulement en Italie, mais aussi en Hongrie, des congrès internationaux de plusieurs centaines de participants et dont les nombreux conférenciers ne s'expriment qu'en latin. En France, le Cercle latin de Paris (la) (Circulus Lutetiensis) promeut l'usage du latin. Aux États-Unis, Terence Tunberg, professeur de lettres classiques à l’Université du Kentucky à Lexington, a un grand rôle dans la promotion du latin. La prononciation du latin contemporain suit une reconstruction effectuée par des spécialistes comme Edgar H. Sturtevant (The Pronunciation of Greek and Latin, Chicago Ares Publishers Inc. 1940) et W. Sidney Allen (Vox Latina, A Guide to the Pronunciation of Classical Latin, Cambridge University Press 1965), dont les travaux sont inspirés de ceux qu'avait entrepris Érasme avec De recta Latini Græcique sermonis pronuntiatione dialogus et Alcuin avec De orthographia. Poésie néo-latineDepuis la Renaissance, la tradition de la poésie latine ne s'est jamais éteinte[13] et jusqu'à nos jours[14] subsiste une suite ininterrompue de poètes latins, quoique restreinte (en notoriété, production, lecture). Il existe ainsi toujours toute une littérature latine contemporaine comprenant des poètes tels que Arrius Nurus, Geneviève Immè, Alaenus Divutius, Anna Elissa Radke, Ianus Novak, Thomas Pekkanen, Arituneus Mizuno ou Michael Pratensis Oirschotanus. Il arrive encore aujourd'hui que des poèmes français classiques soient traduits en latin. Ainsi, ont récemment été publiées des traductions contemporaines en vers latins de poèmes de Nerval[15] et d'Apollinaire[16]. Comme l'écrit Jozef IJsewijn : « La France, d’Ausone à Santeul ou au cardinal de Polignac, a été l'une des terres les plus fécondes en écrivains et poètes latins, de telle sorte qu’il y régnait dans le monde cultivé une véritable diglossie latin-français jusqu’à une époque relativement récente[17]. » Traductions en latin contemporainDepuis le XIXe siècle, plus de 200 ouvrages modernes ont été traduits en latin. On trouve notamment des livres pour enfants et des bandes dessinées. Voici une liste montrant certains exemples notables :
Une liste plus complète de traductions en latin contemporain est disponible dans Vicipaedia (la version latine de Wikipédia). Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes
Liens externesRevues et organismes cités dans le texte
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