Liste des écoles ukiyo-eLes principales écoles ukiyo-e, cette forme picturale japonaise qui s'étend du XVIIe siècle au XXe siècle, ont irrigué l'évolution stylistique et technique de l’ukiyo-e pendant toute cette période. Ces écoles, fondées par un maître et poursuivies par son élève le plus talentueux et ses successeurs, se sont succédé ou ont cohabité, chacune se distinguant des autres par des apports touchant au style (forme des corps féminins, des visages, choix des sujets...) ou à la technique (couleurs utilisées, format des estampes, fonds micacés, etc.). Les différentes écoles ukiyo-e ont produit estampes et peintures. Cependant, selon les écoles, l'importance des œuvres peintes a été plus ou moins grande. Un atelier comme celui des Kaigetsudo, par exemple, est plus connu par ses peintures que par ses estampes, au point que son fondateur, Kaigetsudo Ando, n'a, semble-t-il, laissé aucune estampe. D'autre part, certains des artistes ukiyo-e ont eu plus d'un maître et d'autres ne sont pas connus pour être associés à une école particulière. Une mention particulière doit être faite de l'école d'Osaka, qui se distingue tant par son style par sa situation géographique et son caractère assez marginal, l’ukiyo-e étant fondamentalement un art tokyoite, voire parfois kyotoite (comme c'est le cas pour Sukenobu)[1]. Noms d'école et noms d'artisteLes artistes ukiyo-e portent en premier le nom de leur école (流派, ryūha ), jusqu'au moment où ils fondent éventuellement la leur. C'est donc par leur nom personnel d'artiste, celui qui suit le nom de l'école, qu'ils sont identifiés et connus, en règle très générale. Ce nom d'artiste se nomme le gō (号 ) en japonais (ch. trad. : 號 ; ch. simp. : 号 ; py : hào). De ce fait, utiliser les noms d'artiste que sont Harunobu, ou Eishi pour désigner leur école est une simplification, qui permet de faire appel au gō de l'artiste fondateur, mais ne correspond pas au nom véritable de l'école (Suzuki pour Harunobu, et Hosoda ou Chōbunsai dans le cas d'Eishi). Lecture japonaise et lecture chinoiseLe nom d'artiste qu'ils portent après celui de l'école est en principe formé de deux caractères, donnant en général lieu à quatre syllabes en lecture japonaise. Cependant, ces caractères étant des sinogrammes, il en existe également une lecture chinoise, qui va donc se composer de deux syllabes seulement (le chinois étant une langue monosyllabique). Ceci explique dans certains cas la coexistence de deux noms d'artiste pour la même personne ; le cas le plus caractéristique étant celui des Kaigetsudō, pour lesquels il est d'usage de donner le nom d'artiste en lecture chinoise, bien qu'on rencontre assez souvent la lecture japonaise. Ainsi, à la lecture chinoise d’Ando, le nom d'artiste du fondateur de l'atelier, Kaigetsudō Ando, correspond la lecture japonaise Yasunobu. Kaigetsudo Yasunobu est donc le même artiste que Kaigetsudō Ando, tout comme Kaigetsudō Nobutatsu (lecture japonaise) est en réalité le même artiste que Kaigetsudō Doshin (lecture chinoise). Choix du nom d'artisteCependant, les artistes japonais de l’ukiyo-e utilisent en général plusieurs noms différents au cours de leur vie. Le peintre Hokusai en est sans doute l'exemple le plus connu, lui qui utilise plus de cinquante-cinq noms différents tout au long de sa vie, changeant de nom d'artiste à chaque nouvelle œuvre importante[2]. Le cas de Hiroshige illustre également quelques particularités de la façon dont nom d'école et nom d'artiste sont choisis : Utagawa Hiroshige est le nom qu'il reçoit en 1812, un an seulement après avoir rejoint l'école Utagawa en tant qu'élève d'Utagawa Toyohiro, pour y prendre le nom d'artiste Hiroshige[N 1]. Ce nom de Hiroshige, sous lequel il passera à la postérité, est formé du deuxième caractère hiro du nom de son maître Toyohiro, suivi par la « lecture alternative » shige du premier caractère Jū de son prénom Jūemon[3]. En effet, l'humilité de l'élève face à son maître implique qu'on ne reprenne pas normalement le premier caractère du nom de celui-ci, mais seulement le second. Le cas de Kaigetsudō Anchi, reprenant le premier caractère du nom de son maître, Kaigetsudō Ando, dénote donc qu'il s'agit de l'élève préféré du maître, voire, comme on l'a dit, de son fils. Écoles de Tokyo ou de KyotoÉcole Hishikawa (aussi connue comme école Moronobu)Hishikawa Moronobu est considéré comme le premier représentant de l’école ukiyo-e. En adaptant les techniques traditionnelles de la peinture à la gravure sur bois et en publiant des estampes sur papier libre plutôt que des livres entiers, il contribue à la diffusion de l’estampe japonaise dans les classes les plus modestes.
Sugimura Jihei est, quant à lui, un rival de Moronobu, longtemps confondu avec celui-ci. À la différence de presque tous les autres artistes de l'ukiyo-e, il signe la plupart de ses estampes séparées (ichimai-e) en incorporant sa signature (les deux caractères Sugi et Mura) aux dessins complexes des kimonos des femmes qu'il représentait.
École Furuyama
École Ishikawa ToyonobuIshikawa Toyonobu est particulièrement connu pour son usage virtuose du benizuri-e, estampe faisant appel à deux couleurs, le rose et le vert[4]. Il lui arrive d'autre part de faire appel à une technique particulière, consistant à rassembler dans un triptyque des estampes déjà éditées par ailleurs[4].
École Kaigetsudō
École MiyagawaMiyagawa Chōshun a appris son art sous la direction de maîtres des écoles Kanō et Tosa, ainsi que sous la direction de celui que l'on considère comme le fondateur de l'ukiyo-e, Hishikawa Moronobu. Ces influences sont évidentes dans son art, de même que celle de l'École Kaigetsudō.
École Okumura (aussi connue comme « école Masanobu »)Okumura Masanobu est un important innovateur dans l'histoire de l’ukiyo-e : il introduit de nouveaux formats comme l’hashira-e (un format vertical très étroit), ou encore le format hosoban. Il œuvre aussi très tôt pour produire des estampes imprimées en deux couleurs (benizuri-e, en rose beni, et vert). D'autre part, avant même Toyoharu, dès 1739, il aborde l'étude des lois de la perspective occidentale (uki-e), pour produire de premières estampes sur cette base autour de 1745[5].
École Nishimura (aussi connue comme « école Shigenaga »)
École Nishikawa (aussi connue comme « école Sukenobu »)Sukenobu réside à Kyoto, ce qui en fait un cas particulier dans le monde de l'ukiyo-e. Son style influence ses successeurs, y compris Harunobu, même si les visages représentés par Harunobu sont bien différents, plus graciles.
École HarunobuÉcole fondée par Suzuki Harunobu, connu, non seulement pour son œuvre, mais aussi pour l'apport technique essentiel que représente l'arrivée des nishiki-e, les « estampes de brocart ». Parmi ses imitateurs, on peut mentionner Suzuki Harushige, connu également sous le nom de Shiba Kokan. Mais Harunobu eut une influence marquée sur l’ukiyo-e, avec des artistes comme Ippitsusai Buncho, Isoda Koryusai[N 2] ou même Katsukawa Shunshō.
École Ippitsusai BunchōIl est traditionnellement associé à Shunshō dans ses recherches de portraitiste[6]. Tout comme celui-ci et comme Koryusai, ils s'inscrivent dans la lignée de Harunobu, malgré les différences stylistiques qui les séparent[6].
École Katsukawa (aussi connue comme « école Shunshō »)Shunshō étudie sous la direction de Miyagawa Shunsui, fils et élève de Miyagawa Chōshun, tous deux artistes ukiyo-e également réputés et talentueux. Ses premières œuvres datent de 1760. Shunshō est particulièrement connu pour avoir introduit une nouvelle forme de yakusha-e, estampes décrivant les acteurs de kabuki. Cependant, et même si elles sont moins réputées, ses bijin-ga sont considérées par certains spécialistes comme « étant les meilleures de la deuxième moitié du XVIIIe siècle ». Parmi ses élèves, on note quelques noms fameux de l’ukiyo-e, tels que Katsukawa Shunchō, Katsukawa Shun'ei, et Hokusai.
Shunchō est considéré comme le plus important disciple de Kiyonaga, bien qu'il n'ait pas été son élève. À la différence de celui-ci — artiste de tout premier plan que certains placent au point culminant de l’ukiyo-e — Shunchō n'est pas un innovateur ; cependant, certaines de ses œuvres égalent celles de Kiyonaga, en particulier par une harmonie des couleurs presque unique dans l’ukiyo-e[7].
École Kitao (aussi connue comme « école Shigemasa »)
Kubo Shunman est un très grand artiste, au talent raffiné. Son style, très proche de celui de Kiyonaga (même s'il travaille avec Shigemasa[8]), est marqué par l'impact de la censure issue des réformes Kansei, qui limite le nombre de couleurs que l'on a alors le droit d'utiliser dans les estampes. Shunman utilise cette restriction pour créer des estampes qui donnent une certaine impression de monochromie par le recours à de subtils dégradés de gris, comme on le voit dans l'un de ses chefs-d'œuvre, le triptyque de 1787 environ, Départ nocturne pour un concours de poésie[9].
École KoikawaKoikawa Harumachi, né à Shizuoka en 1744, est le second fils d'un samurai. Il est un illustrateur et un auteur de kibyoshi, ces petits livres populaires à dos jaune[10]. Son ouvrage le plus connu est sans doute Kinkin Sensei Eiga no Yume (Le Rêve du professeur Kinkin)[10].
École ToriiKiyonobuTorii Kiyonobu est renommé pour son œuvre sur les affiches de Kabuki. Avec son père Torii Kiyomoto, lui-même, croit-on généralement, acteur de kabuki spécialisé dans les rôles féminins[11], il créa, dit-on, l'école Torii de peinture et d'estampe. Kiyonobu se consacra presque exclusivement à la production d'affiches et autres documents promotionnels demandés par les théâtres kabuki d'Edo. La relation entre les théâtres de kabuki et l'école Torii était forte et étroite.
KiyonagaLe cas de l'école Torii présente ceci de particulier qu'après l'élan donné par les fondateurs initiaux est venu beaucoup plus tard, au sein de cette même école, un autre artiste majeur, Kiyonaga, à l'origine d'innovations considérables tant stylistiques que techniques, et qui influence fortement l'évolution de l’ukiyo-e dans son ensemble. Sur le plan stylistique, il représente un type de femme bien différent des frêles jeunes filles peintes par Harunobu. Les modèles de Kiyonaga sont grandes, élancées et vigoureuses, plus femmes que jeunes filles. Sur le plan technique, Kiyonaga recours essentiellement au format oban, qu'il assemble très fréquemment en diptyque, comme on le voit dans la célèbre série Les Douze Mois dans le quartier sud.
École Kitagawa (aussi connue comme « école Utamaro »)Kitagawa, avec Kitagawa Utamaro. Malgré l'immense importance d'Utamaro dans l'histoire de l’ukiyo-e, il a peu d'élèves qui comptent, d'ailleurs très peu connus. Cependant, son style a une profonde influence sur de nombreux artistes, dont le plus connu est Eishi. Eisho et Eisui ont de leur côté un style proche d'Utamaro, notamment par les « grosses têtes », ces portraits de femmes en gros plan si fréquents chez Utamaro.
École Eishi (aussi connue comme école Hosoda)Chōbunsai Eishi commence par étudier la peinture de l'aristocratique école Kanō, en compagnie du futur shogun Tokugawa Ieharu. Il devient ensuite peintre officiel du ce même shogun, puis de son successeur Ienari, ce qui lui assura une situation financière confortable, pendant trois années environ. En qualité de peintre du shogun, il ne peut pas s'adonner à l’ukiyo-e, d'inspiration plus populaire. Aussi, vers l'âge de trente ans, abandonne-t-il sa charge pour se consacrer à l'art de l'estampe, dans un style assez proche d'Utamaro. Il revient par la suite à la cour du shogun et se remet alors à la peinture plus académique de l'école Kanō.
École Harukawa Eizan
École Hokusai
École Shigenobu
Utagawa ToyoharuUtagawa Toyoharu joue un rôle important dans l'évolution de l’ukiyo-e, par les études qu'il fait de la perspective occidentale dans ses uki-e (images en perspective), à partir de 1750, poursuivant ainsi l'œuvre entreprise par Masanobu et Shigenaga. Aussi peut-on dire qu'il influence l'évolution de l’ukiyo-e, et en particulier l'œuvre de Hiroshige : celui-ci prend de fait en compte dans ses paysages l'importance de la perspective. Hiroshige fut d'ailleurs lui-même l'élève de Toyohiro, élève de l'école Utagawa.
Toyokuni
Kuniyoshi
Yoshitoshi occupe une place un peu à part ; il est l'un des derniers grands maîtres de l’ukiyo-e traditionnelle, sinon le dernier, mettant en scène des thèmes fantastiques, comme son maître Kuniyoshi, mais avec plus de poésie.
Hiroshige
École Keisai Eisen
École Toyohara
Artistes non liés à une école particulière
Sharaku, est très généralement considéré comme l'un des grands maîtres de l'estampe japonaise. Son œuvre représente de façon particulièrement vivante et audacieuse les acteurs de kabuki les plus célèbres de son temps. On sait cependant fort peu de choses de lui, en dehors de ses estampes ukiyo-e; on ne sait même pas avec certitude quel était son nom véritable, ni la date exacte de sa mort. Sa carrière est mystérieuse, car Sharaku n'a été actif qu'à peine un an, surgissant parmi les artistes de l’ukiyo-e déjà en pleine possession de son art.
École Kondō
Écoles d'OsakaLa production de l'école d'Osaka est peu abondante et mal connue, comparativement à celle d'Edo. Elle ne se développe guère d'ailleurs qu'entre la fin du XVIIIe siècle et les années 1860, en se consacrant principalement à des portraits d'acteurs. Le nombre d'éditeurs était d'autre part limité, un seul, tout d'abord, puis finalement quatre[13]. Parmi les artistes de cette école bénéficiant d'une certaine notoriété, on compte notamment Gigadō Ashiyuki[13]. L'apogée de l'école d'Osaka se situe dans les décennies 1820 et 1830, grâce à la collaboration du maître graveur Kasuke, qui permet d'atteindre le raffinement de qualité des éditions privées[14]. École Asayama
École Ōoka
École Osaka
École Ryūkōsai
École Shunkōsai Fukushū
Notes et référencesNotesRéférences
AnnexesBibliographie
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