« Les huguenots avaient toujours pour principe de créer une école là où se trouvait un temple. D'une manière générale, ils étaient très soucieux de l'éducation des enfants. La qualité de l'enseignement dispensé à l'époque fit que bien des familles allemandes envoyèrent leurs enfants au collège français ne serait-ce que pour y apprendre la langue puisque l'enseignement y était exclusivement dispensé en français[1]. »
Au cours de son histoire, le lycée fut implanté dans différents quartiers de Berlin. Installé en 1701 dans le palais Wangenheim, sur la Niederlagstraße (près d'Unter den Linden), il y resta jusqu'en 1873, date à laquelle il déménagea, sur la Reichstagufer sur les rives de la Spree à côté de l'actuel palais du Reichstag, dans un bâtiment construit à cet effet dont les travaux furent financés par le consistoire huguenot en échange de la garantie du maintien du français comme langue d’enseignement. Ce bâtiment fut détruit pendant les bombardements de 1945, quelques semaines avant la fin de la Seconde Guerre mondiale[2].
Depuis 1974, le lycée se trouve dans le quartier de Tiergarten (arrondissement de Mitte), au nord de la Nollendorfplatz. La plupart des élèves sont allemands, français ou franco-allemands, mais on trouve également des élèves francophones venant d'environ quarante nations. L'établissement compte environ 900 élèves actuellement.
François Mitterrand visite le lycée pendant son premier mandat et déclare : « Ce lycée est unique au monde ». Une plaque de commémoration de cet événement est installée dans les locaux du lycée.
Les cours suivent les programmes français et les élèves peuvent passer le baccalauréat dans les options L, ES ou S, aussi l’Abitur allemand ou, dans certains cas, l'Abibac, afin d'obtenir le double diplôme. L'État français prend en charge le salaire du personnel français à travers l'AEFE, qui forme à peu près la moitié du personnel total. Le lycée est cependant une école publique berlinoise, gratuite pour tous, et les locaux et l'autre moitié du corps professoral et de la direction sont pris en charge par le sénat de Berlin[3].
Le lycée est régulièrement classé parmi le top 3 des meilleures écoles publiques berlinoises, en raison des performances des élèves à l'Abitur. Le taux de réussite au baccalauréat avoisine chaque année entre 97 et 100% et de nombreux lauréats au concours général des lycées sont issus du lycée. Après leur scolarité, les anciens élèves optent pour des formations supérieures très diverses en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et dans d'autres pays.
L'enseignement de l'allemand est obligatoire pour tous. Les élèves peuvent choisir entre l'anglais et l'allemand en sixième, doivent suivre les cours de latin en cinquième, puis ont le choix entre l'espagnol et le latin en quatrième avec le grec ancien en option, de même qu'en classe de seconde. Sont proposés le théâtre, les arts plastiques et la musique comme options facultatives au niveau lycée et comme partie intégrante de la formation au niveau collège.
Rédaction Le Monde, « Les 300 ans du "collège françois" de Berlin. Depuis sa fondation en 1689, le lycée franco-allemand de Berlin a formé des générations de "médiateurs" entre la France et l'Allemagne », Le Monde, (lire en ligne).
Susanne Lachenicht, « Les enjeux de la création et de la gestion des écoles dans l’enracinement des diasporas huguenotes (XVIe – XVIIIe siècles) », Allemagne d'aujourd'hui, no 216, , p. 132-142 (lire en ligne, consulté le ).