María Ana de Jesús Guerrero Torija (Madrid, 1867 ― ibidem, 1928)[1] était une comédienne et directrice de théâtre espagnole.
Elle fonda en 1896, avec son mari Fernando Díaz de Mendoza, acteur et aristocrate, une compagnie de théâtre qui, très acclamée par le public et la critique, contribua à ressusciter le théâtre classique espagnol et se vit d’autre part confier la représentation originale de nombreuses œuvres dramatiques de grands auteurs contemporains. La troupe de María Guerrero entreprit plusieurs tournées dans différents pays d’Europe et d’Amérique latine, en particulier en Argentine, où le couple d’acteurs fonda le théâtre Cervantes, futur Théâtre national de Buenos Aires.
Biographie
Après ses études secondaires au Colegio de San Luis de los Franceses à Madrid, María Guerrero s’initia à partir de 1885 à l’art dramatique auprès de l’actrice Teodora Lamadrid. Elle débuta sur la scène le , dans la pièce Sin familia (Sans famille), de Miguel Echegaray, au Teatro de la Comedia de Madrid.
À partir de 1890, déjà en tant qu’actrice-étoile du Teatro Español, elle interpréta, avec grand succès, à la fois des œuvres du répertoire classique et les pièces de l’écrivain (et homme de science) contemporain José Echegaray. En 1891, elle compléta sa formation de comédienne à Paris, chez l’acteur et metteur en scène Benoît-Constant Coquelin. De retour en Espagne, elle commença à jouer au Teatro de la Comedia, mais revint plus tard, en 1894, à l’Español. Pourtant, cette même année encore, elle quitta la compagnie d’Emilio Mario pour constituer la sienne propre. Un an après, elle se trouvera aux côtés de Sarah Bernhardt, interprétant en françaisla Sphinge.
En 1899, après la naissance de ses deux fils, Luis Ferdinand en 1897 et Carlos Ferdinand en 1898, qui tous deux embrasseront à leur tour le métier d’acteur, elle entreprit une tournée à travers l’Amérique hispanique, tournée qui sera suivie un an plus tard par une autre en France, Belgique et Italie. Dans les années suivantes, elle accomplit plusieurs autres tournées en Amérique latine (en 1908, 1910, 1914...), mais en s’attardant plus particulièrement en Uruguay et en Argentine. Dans la ville argentine de Córdoba, elle participa à l’inauguration du théâtre actuellement dénommé Libertador San Martín (mais qui portait alors encore le nom de théâtre Rivera Indarte), et à Buenos Aires à l’ouverture du théâtre Avenida. Toujours dans la capitale argentine, elle fut, avec son mari, à l’initiative de la création du théâtre Cervantes, dans lequel le couple engagea toute sa fortune, mais qu’il dut, pour raisons financières, céder à l’État fédéral argentin en 1926. En 1925, elle joua à la Manhattan Opera House de New York.
À Madrid existe un théâtre portant son nom : le théâtre María Guerrero — appelé anciennement, et jusqu’à 1931, théâtre de la Princesa —, dont María Guerrero s’était rendue propriétaire en 1909 et où elle eut son domicile à partir de 1918. Le María Guerrero est aujourd’hui l’un des sièges du Centre national d’art dramatique espagnol (Centro Dramático Nacional) .
Elle s’opposa au mariage de son fils Luis Fernando avec l’actrice Carola Fernán Gómez, qui donna le jour à un enfant, lequel, jamais accepté par la famille Díaz de Mendoza-Guerrero, deviendra l’écrivain, acteur et metteur en scène de cinéma et de théâtre Fernando Fernán Gómez ; plus tard, Luis Fernando épousera María Guerrero López, nièce de la comédienne. Elle fut aussi la grand-mère de l’actrice Mari Carmen Díaz de Mendoza, fille de Carlos Ferdinand et de l’actrice Carmen Larrabeiti.
Elle mourut des suites d’une crise d’urémie, sept jours seulement après avoir été contrainte de suspendre les répétitions de ce qui aurait dû devenir sa prochaine première représentation : Doña Diabla, de Luis Fernández Ardavín. Elle fut inhumée dans le cimetière de La Almudena à Madrid.
Récompenses
Fille prééminente (Hija Predilecta) de la ville de Madrid (1922)