Michel SeuratMichel Seurat
Michel Seurat est un sociologue et chercheur au CNRS, né le en Tunisie et mort à Beyrouth en 1986 des suites d'une maladie aggravée par son enlèvement et sa séquestration par le Jihad islamique. BiographieJeunesse et étudesMichel Seurat est né de parents français le à Bizerte, en Tunisie. Son père est médecin et son grand-père était professeur de zoologie de la faculté d’Alger[1]. Sa famille quitte la Tunisie en 1961 et s'installe à Albertville, il est scolarisé ( aussi qu'en décembre ses soeurs elle en 2e) en terminale classe de philosophie au lycée Jean Moulin, puis la famille ira près de Grenoble. Après des études d'histoire et de sciences politiques à l'Institut d'études politiques de Lyon, il part apprendre l'arabe à Beyrouth en 1971, puis à Damas de 1972 à 1974. À partir de mi-, il enseigne l’histoire à l’Ecole Supérieure des Lettres de Beyrouth, puis il retourne à Damas en 1975 pour commencer sa carrière scientifique au sein de l’Institut français d’études arabes, où il restera jusqu’en 1978[2]. En 1976, il soutient sa thèse sur Sati’ al-Husri ou la Nation arabe objective, sous la direction de Jean-Paul Charnay[1]. À partir de 1978, il poursuit ses activités de chercheur en sociologie au sein du Centre d'études et de recherche sur le Moyen-Orient (Cermoc), puis est recruté par le CNRS en 1981[3]. Ses travaux portent notamment sur l'islam politique en Syrie et la guerre civile libanaise[4],[5]. En 1983, il publie avec Olivier Carré un livre sur les Frères musulmans sous le pseudonyme de Gérard Michaud[6]. Dès le début de sa carrière scientifique, Michel Seurat s'attache à rester au plus près de son « terrain ». A cet égard, Gilles Kepel et Olivier Mongin écrivent : « sa pratique scientifique reste exemplaire, et elle a contribué de façon essentielle au renouveau intellectuel qui caractérise les arabisants français de la jeune génération »[3]. Enlèvement et détentionIl est enlevé à Beyrouth avec Jean-Paul Kauffmann le 22 mai 1985, au Liban, par l'Organisation du Jihad islamique libanais, une organisation terroriste clandestine soupçonnée d'être un prête-nom du Hezbollah, mouvement chiite pro-iranien. Il meurt en captivité : l'annonce de sa mort est faite le ; son codétenu, Jean-Paul Kauffmann, sera libéré le . Le , le Hezbollah annonce que les restes de Michel Seurat seront retrouvés dans un chantier de construction de Bourj el-Brajné, l'un des fiefs du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth, recouverts d'un simple drap de laine. Ses ossements sont formellement identifiés après des analyses d'ADN[7]. Le , son corps est rapatrié en France où il est accueilli à l'aéroport d'Orly par le Premier ministre français Dominique de Villepin[7]. Les autorités françaises présentent cette découverte comme un pur hasard, mais sa veuve Marie Seurat, d'origine syrienne, avance la thèse d'une mise en scène du Hezbollah : « Le Hezbollah savait où Michel avait été enterré (…) il a voulu se racheter une conduite (…) Quand les Forces de sécurité intérieure libanaises ont retrouvé il y a quelques semaines le corps de Michel, sa dépouille était enveloppée dans un lainage demeuré intact. Comment est-ce possible que ce drap soit resté en l'état, alors que Michel reposait depuis vingt ans dans une zone humide près de la mer, non loin de l'aéroport au sud de Beyrouth. » Elle ajoute : « Il y a l'Iran, certes, mais il y a aussi des Libanais. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'on ne les connaît pas, ils sont au Parlement. » Marie Seurat ainsi que cinq des anciens otages (Roger Auque, Marcel Carton, Georges Hansen, Jean-Paul Kauffmann et Jean-Louis Normandin) ont déposé plainte contre X, le , devant la justice française pour « crimes d'enlèvement et de séquestration aggravée ». Marie Seurat affirme que le , alors que son mari était otage depuis trois mois, il est venu pour l'anniversaire de leur fille Laeticia, accompagné de deux de ses ravisseurs à visage découvert. D'après elle, il souffrait d'un cancer ou d'une hépatite et aurait été achevé par ses geôliers. Sa mort fut annoncée par Amine Gemayel à Laurent Guillaume, Français en mission au Liban à ce moment précis. Causes de l'enlèvementMichel Seurat a été enlevé dans le cadre d'un « chantage politico-financier entre la France et l'Iran »[8]. L'Iran fait pression sur la France pour qu'elle libère Anis Naccache, terroriste condamné par la justice française à la prison à perpétuité, pour qu'elle rembourse la somme d'un milliard de dollars prêtés par l'Iran au Commissariat à l'énergie atomique, et pour qu'elle cesse ses livraisons d'armes à l'Irak (la France ayant pris parti pour l'Irak, dans le contexte de la guerre Iran-Irak)[8]. HommagesSon nom a été donné à une salle de l'Institut d'études politiques de Lyon, établissement dont il était ancien élève. Une salle de la médiathèque de la Maison méditerranéenne des sciences de l'homme d'Aix-en-Provence porte aussi son nom. Un « prix Michel Seurat » a été mis en place en 1988 par le CNRS pour « honorer la mémoire de ce chercheur du CNRS, spécialiste des questions islamiques, disparu dans des conditions tragiques. Ce programme vise à aider financièrement chaque année un jeune chercheur, ressortissant d’un pays européen ou d’un pays du Proche-Orient ou du Maghreb, contribuant ainsi à promouvoir connaissance réciproque et compréhension entre la société française et le monde arabe »[9]. Publications
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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