Milet (en grec ancienΜίλητος / Mílêtos) est une ancienne cité grecque d'Ionie. Le site archéologique est situé sur la côte sud-ouest de la Turquie, à quelques kilomètres au nord de Balat, qui a été l'une des capitales du beylicat de Menteşe au XIVe siècle. Le site de Milet est à plus de cinq kilomètres à l'intérieur des terres à cause du comblement de la baie par les alluvions apportées par le Méandre.
Selon diverses légendes, la ville aurait été fondée par Milétos. Après avoir ravagé Troie et tué son roi Laomédon durant la guerre menée par Héraclès, qui aurait eu lieu avant la guerre de Troie chantée par Homère, Télamon aurait choisi parmi les captifs une certaine Troyenne Théanéra / Théaneira (Θεάνειρα)[1], dont on sait assez peu, si ce n'est que pendant son retour par la mer, bien qu'enceinte, elle parvint à s'échapper en passant par-dessus bord ; elle se réfugie sur les côtes de Milet. Elle y perd les eaux, au milieu d'un bois ou de broussailles, et met au monde Trambélos. La mère et l'enfant sont recueillis par le roi Arion, qui élève l'enfant comme le sien[2].
Périodes
L'archéologie permet d'établir diverses périodes pré-classiques de construction, destruction, reconstruction :
Milet I : vers -3000
Milet II : vers -2500
Milet III : vers -2000
Milet IV : vers -1800
Milet V : vers -1450
Milet VI : vers -1315
Milet VII : vers -1085
Naissance de la cité
Milet est fondée sur le Méandre par des Grecs au début du XIe siècle av. J.-C. (entre 1086 et 1085 av. J.-C. selon la Chronique de Paros). Cela en fait l'une des plus vieilles cités-États grecques d'Ionie avec Éphèse et Clazomènes, fondées à peu près à la même époque. La cité occupe le site de Millawanda, une cité plus ancienne ayant prospéré à l'époque des Hittites. On sait très peu de choses sur cette période de l'histoire de la cité. À cette époque, elle est vraisemblablement gouvernée par un roi.
De la monarchie à l'oligarchie
Au fil du temps, la monarchie à la tête de la cité perdit son pouvoir et fut remplacée par un gouvernement oligarchique dont les membres étaient issus de l'aristocratie foncière. L'historien français Pierre Carlier décrit les derniers temps de la royauté milésienne comme une période d'extrême violence et de vendettas au sein même de la famille royale.
En -514, Histiée accompagne son suzerain Darius Ier lors d'une expédition en Thrace contre les Scythes. Lors du retour, Histiée est emmené à Suse comme conseiller du grand roi. Son neveu et beau-fils, Aristagoras, en profite pour s'emparer du pouvoir à Milet où il règne en tyran.
Milet est mise à sac à la suite de la révolte ionienne. La reconstruction eut lieu après la victoire hellène contre les Perses au cap Mycale, en 479 av. J.-C. Les travaux sont attribués à Hippodamos, dit « de Milet ». La ville bénéficia alors d'un plan d'urbanisme très strict, quadrillant la ville en îlots, que les Romains appelleront insulae. Mais il était également prévu des lieux d'implantation pour les bâtiments publics. Ce modèle d'urbanisme, dit « tracé hippodamien », fut ensuite repris par de nombreuses cités et colonies, et inspira le modèle d'urbanisme utilisé par les Romains. À cette époque, Milet était entrée dans la ligue de Délos, mais en 412 elle se révolta contre Athènes. Parmi les Milésiens célèbres de l'époque, on compte Aspasie, maîtresse de Périclès, Hippodamos, concepteur du Pirée, et le poète Timothée de Milet. L'une des gloires de la cité ionienne est d'avoir fondé de nombreuses colonies, dont la Byzance grecque.
Site archéologique
Milet à l'époque hellénistique
Le plan de la ville a été redessiné selon un plan orthogonal, dit « hippodamien », dont Hippodamos de Milet aurait été l'inventeur.
Le sanctuaire d'Apollon à Didymes, situé à quinze kilomètres de Milet, est relié à la ville par une route directe partant de la porte Sacrée. C'est le plus grand de tous les sanctuaires du monde hellénistique.
Personnages célèbres
À Milet, aux VIe et Ve siècles av. J.-C., se développe la philosophie grecque, avec l'école milésienne. En font partie :
Thalès, philosophe et savant (-625/ -546), qui développe aussi les mathématiques.
Milet perd alors son accès à la mer : la puissance maritime se retrouve dans les terres à la suite d'un ensablement progressif, ce qui lui vaut d'être totalement abandonnée : le site ne baigne plus aujourd'hui que dans les eaux de pluie. Au XIe siècle, la cité de Balat est édifiée à proximité immédiate par les Seldjoukides. Puis Milet / Balat passe sous l'autorité de la dynastie des Mentecheïdes ou Menteşeoğullari, avec une parenthèse vénitienne vers 1355. Elle est enfin incorporée à l'Empire ottoman en 1424.
Images
Maquette du port et du marché de Milet. La porte monumentale reconstituée au Pergamon Museum de Berlin est en haut à gauche
(grc) Christian Gottfried Müller, Ἰσαακίου καὶ Ἰωάννου τοῦ Τζέτζου Σχόλια εἰς Λυκόφρονα [« Isaac et Jean Tzétzès Scholies sur Lycophron »], t. 1, Leipzig, Sumtibus F.C.G. Vogelii, (lire en ligne), p. 628-629 (717),
(la + grc) Karl Müller (trad. du grec ancien), Fragmenta historicorum graecorum (FHG), Paris, Ambroise Firmin Didot, , 754 p. (lire en ligne), p. 64.
↑Scholie de Tzétzès à propos de Lycophron, 467-468, citant Istros de Cyrène. Voir (grc) Christian Gottfried Müller, Ἰσαακίου καὶ Ἰωάννου τοῦ Τζέτζου Σχόλια εἰς Λυκόφρονα [« Isaac et Jean Tzétzès, Scholies sur Lycophron »], t. 1, Leipzig, F. C. G. Vogel, (lire en ligne), p. 627–628 (715).
John Garstang, The Hittite Empire, University Press, Édimbourg, 1930, p. 179-80.
Gerhard Kleiner, Die Ruinen von Milet. Berlin 1968.
Wolfgang Müller-Wiener (Hrsg.), Milet 1899 - 1980. Ergebnisse, Probleme u. Perspektiven einer Ausgrabung. Kolloquium, Frankfurt am Main 1980. Istanbuler Mitteilungen. Cahier 31. Tübingen 1986. (ISBN3-8030-1730-0)
Publications archéologiques
Milet - Ergebnisse der Ausgrabungen und Untersuchungen seit dem Jahre 1899. Begründet von Theodor Wiegand. Reimer/Schötz/de Gruyter, Berlin 1906ff.
Volume 1,1: Paul Wilski(de): Karte der Milesischen Halbinsel. 1906
Volume 3,5: Alfred Philippson, Karl Lyncker: Das südliche Jonien. 1936.
Volume 3,6: Anneliese Peschlow-Bindokat: Feldforschungen im Latmos. 2005.
Volume 6,1: Peter Herrmann(de): Inschriften von Milet. Partie 1. A. Inschriften n. 187–406 (Nachdruck aus den Bänden I 5–II 3). B. Nachträge und Übersetzungen zu den Inschriften n. 1–406. 1997.
Volume 6,2: ders.: Inschriften von Milet. Partie 2. Inschriften n. 407–1019. 1998.
Volume 6,3: ders.: Inschriften von Milet. Partie 3. Inschriften n. 1020–1580. 2006.