Cet article est destiné à reprendre et préciser les aspects économiques et financiers de l'article Mondialisation lequel est axé plus largement sur les différentes dimensions du phénomène.
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La mondialisation économique est l'accélération, à l'échelle mondiale, des échanges de biens et de services rendue possible grâce à la levée progressive des entraves au commerce dans le cadre de l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) puis de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 1995 et par le développement des moyens de transport et de communication.
Les étapes de la mondialisation du XXe siècle sur le plan économique
Issue d'un processus historique (voir l'article mondialisation), la mondialisation économique contemporaine est apparue en trois étapes, qui tendent en fait à se chevaucher:
Internationalisation des flux financiers et commerciaux
Internationalisation des flux commerciaux et financiers
Les différentes périodes de mondialisation économique (des Foires de Champagne à la mondialisation libérale actuelle, en passant par la Route de la soie) présentent des points communs du développement du commerce international sous l'effet :
d'une expansion des transports (maritime, chemin de fer, routier ou aérien);
de nouvelles méthodes normalisées de logistique et transport des produits et marchandises (conteneurs) ;
de mises en place d'outils monétaires et financiers internationaux (remontant dans le temps aux lettres de change et de crédit et aux comptoirs des Templiers) ;
d'une diversification de produits et services due à des innovations ;
la population, ce qui a favorisé ou créé une demande ;
d'un développement des modes de communication et de circulation des personnes qui a fait naître un attrait des consommateurs pour les produits venant d'ailleurs ;
d'accords internationaux de libre-échange qu'ils soient multilatéraux ou bilatéraux.
Au cours de la période contemporaine, la spécialisation géographique des activités a favorisé le développement des flux commerciaux entre pays. C'est ainsi que :
La portion du commerce international qui se développe le plus est celle qui est « intra-groupe », autrement dit entre les filiales de chacun des groupes d'entreprises à implantation mondiale. Chacune est spécialisée dans des activités données en fonction notamment du principe de l'avantage compétitif local.
La sous-traitance internationale se développe également fortement dans le même esprit de spécialisation locale.
Dans le même temps, un fort développement des marchés financiers, avec en parallèle une libération des changes, a créé un large système de financement des opérations de commerce et d'investissement au niveau international.
Implantations à l'international
L'implantation des entreprises à l'international se développe dans un double but :
distribuer leurs biens et services dans tous les pays pour couvrir le marché mondial et ainsi assurer la croissance du chiffre d'affaires et obtenir l'économie d'échelle qu'apportent de plus gros débouchés,
produire chaque élément dans le pays où les conditions sont les plus favorables, comme le montre plus haut le développement des flux intergroupes,
Ces phénomènes sont indirectement liés à la mondialisation, et sont un volet concomitant du schéma de développement économique contemporain. Le développement du commerce électronique (B2B…) sur le Web en est l'expression la plus manifeste (voir infra). L'économie devient extrêmement volatile, les flux entre partenaires pouvant être réalisés en quelques fractions de secondes à l'échelle mondiale.
Spécialisation des productions à l'échelle mondiale
Les évolutions récentes des échanges internationaux conduisent à envisager des répartitions assez nettes des différents types de production :
Production de biens à forte teneur en travail qualifié et à forte teneur capitalistique, recherche, conception dans les pays développés : Japon, États-Unis et Europe de l'Ouest.
Cette vision très simplifiée est contestable ; les particularismes régionaux et les coûts de transport font que les spécialisations des zones resteront incomplètes.
Dans la « lutte » entre pays développés pour accueillir les principaux centres de recherche interviennent différentes politiques des états. L'Union européenne, en légère perte de vitesse face aux États-Unis, a mis en place la stratégie de Lisbonne. La stratégie américaine s'appuie sur une concentration des moyens de recherche et sur une politique de prédominance dans les technologies de l'information.
Aspects institutionnels
La diminution des pouvoirs des institutions nationales face à une économie devenue mondiale a conduit à monter des organisations multilatérales ayant chacune un rôle de coordination à l'échelle du monde sur un domaine économique particulier.
Organisations internationales
Parmi ces organisations, on peut citer principalement :
l'OMC (Organisation mondiale du commerce) basée à Genève,
les Nations unies, qui disposent d'un organisme réglementant le commerce électronique à l'échelle mondiale, UN/CEFACT, sur la base du registre ebXML.Développement des échanges commerciaux,
Technologies de l'information et commerce électronique
Concernant les Technologies de l'information, une mention particulière doit être faite au commerce électronique. Celui-ci est régi par la spécification technique ebXML. Un organisme des Nations unies, UN/CEFACT, est chargé de développer, d'approuver et de maintenir les contenus d'affaires conformes à ebXML.
Or, il existe un autre standard d'interopérabilité (Dublin Core) qui sert de référentiel pour des registres de métadonnées gouvernementaux (informations d'autorité). Toute mise en œuvre de métadonnées employant le Dublin Core nécessite de mettre en place des règles de gestion des enregistrements par des autorités (du type ISO 11179). Ceci n'est pas toujours réalisé.
Conséquences de la mondialisation économique
L'évaluation des conséquences de la mondialisation économique comprend plusieurs volets, très contrastés selon la richesse du pays considéré. En effet, elle a permis à de nombreux pays d'ouvrir leurs frontières et de permettre le commerce international.
Environnement
En 1993, dans le cadre du débat sur l'Alena (Accord de libre-échange nord-américain), M. Grossman et A. Krueger ont tenté de décrire les effets de la mondialisation économique sur l'environnement. Ces auteurs ont distingué trois effets principaux de l'internationalisation des échanges.
Un effet de composition lié à la spécialisation des pays permet selon eux une meilleure utilisation des ressources naturelles, ce qui doit être favorable à l'environnement.
Le second effet, dit effet d'échelle, est lié à l'accroissement de la production, qui selon la théorie du libre-échange découle du commerce international. Il est donc nuisible à l'environnement en tant qu'effet de la croissance économique.
Mais selon ces auteurs, un effet technique de la mondialisation vient contrebalancer cette nuisance : la libéralisation permet des transferts de technologies favorables à l'environnement ainsi qu'une hausse des revenus des habitants qui deviendraient alors plus exigeants en matière environnementale.
Toutefois, d'autres auteurs pensent que les transferts de technologie correspondent à une substitution de capital naturel par un capital de connaissances (durabilité faible).
Pays riches
Pour les pays riches, la mondialisation économique comporte deux bénéfices essentiels. Le premier profite au consommateur, qui a accès à un éventail plus large de biens (diversité) à un prix plus faible que s'ils étaient fabriqués dans le pays même. Quantitativement, cet effet est considérable, et peut être appréhendé en additionnant les gains des consommateurs à l'achat de produits textiles chinois. Le second bénéfice profite aux détenteurs du capital, qui obtiennent un meilleur rendement de leurs capitaux soit en délocalisant les usines dans des pays à moindre coût de production soit en utilisant sur place une main d’œuvre issue des pays pauvres.
Les pays riches souffrent en revanche de la délocalisation de leurs industries intensives en main-d'œuvre peu qualifiée, ainsi que de la concurrence accrue entre pays riches eux-mêmes.
Les études quantitatives économétriques tentant d'évaluer ces deux aspects arrivent toutes à la conclusion que les gains des pays riches à la division internationale du travail sont supérieurs aux pertes (délocalisations, désindustrialisation) par plusieurs ordres de grandeur[réf. nécessaire]. Le problème des pays riches face à la mondialisation économique serait donc avant tout un problème de répartition de gains afin de pouvoir indemniser les perdants en leur accordant une part des gains proportionnée à leur perte.
La mondialisation économique incite également les pays riches à se faire concurrence en matière de réglementation, de protection sociale, de fiscalité et d'éducation. Le bilan de cette concurrence est actuellement impossible à établir. Pour les uns, elle conduit à un moins-disant dans tous les domaines, tandis que pour les autres elle met en évidence les inefficacités des différents modèles sociaux (voir : Dumping social).
« Les accords de commerce ont servi les intérêts des grandes entreprises au détriment des travailleurs de tous les pays, développés ou en développement. »
« Au nom de la mondialisation, pour que leur pays reste compétitif, on a sommé les travailleurs d'accepter des baisses de salaires, une dégradation de leurs conditions de travail et des coupes dans les services publics essentiels dont ils ont besoin[2]. »
En France, la notion est fortement connotée de libéralisme, au sens de « libéralisation mondiale ».
Nouveaux pays industrialisés (NPI)
Jusqu'à la crise asiatique, les nouveaux pays industrialisés semblaient les grands gagnants de la mondialisation économique. Profitant d'une main-d'œuvre qualifiée et à faible coût, ils ont bénéficié d'investissements très importants en provenance des pays riches, ce qui leur a permis de construire une économie moderne et un système de formation solide, de sortir de la pauvreté. La crise asiatique a cependant montré l'étendue de leur dépendance à l'égard de marchés financiers prompts à l'emballement spéculatif comme à la panique.
Le bilan de la mondialisation économique pour ces pays est ainsi très contrasté, avec d'un côté des pays, comme la Corée ou Taïwan définitivement classés parmi les pays riches.
Le décollage économique de Corée du Sud se réalise sous une politique protectionniste et se déroule dans des conditions politiques et sociales très difficiles pour une grande partie de la population. Par la suite elle adhère à l'OMC et baisse ses tarifs douaniers[3].
Sur le plan économique, les pays les plus pauvres restent largement en dehors du processus de mondialisation. Le consensus de Washington requiert des institutions stables et un niveau de développement humain (santé, éducation) que ne présentent pas la plupart de ces pays.
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Les inégalités de revenus à l’intérieur même des pays développés sont une conséquence directe de la mondialisation. Celles-ci sont créées par les hiérarchies au sein des grandes entreprises. Les employés touchent un salaire fixe, faisant abstraction du succès de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Ce dernier peut être établi à l’heure, à l’année ou à un certain pourcentage de commissions. Les dirigeants, quant à eux, empochent une somme proportionnelle à l'ampleur de leur entreprise[4]. Leur revenu net diffère de celui de leurs employés et l’écart se creuse au fil des années[4]. Cette même recherche de profit va entraîner les entreprises à se délocaliser vers les pays en développement. Cela engendre la perte de milliers d’emplois chaque année dans les pays industrialisés. Ces personnes ont recours au chômage, ce qui accroît encore une fois l’inégalité de revenus[5].
La mondialisation crée un système d’exploitation marquée par une domination des pays industrialisés sur les pays en voie de développement, créant ainsi une inégalité de revenus entre les habitants de ces pays[6]. Les États, étant des acteurs importants dans le processus de mondialisation, ont la possibilité d’instaurer des mesures pour protéger leurs habitants. En ce sens, les grandes entreprises manufacturières vont implanter leur production dans un pays où est offerte la possibilité de faire le plus de profits (salaire moins élevé, nombre d’heures de travail par jour plus grand, absence de syndicats, etc.)[7] Les compagnies choisissent d'implanter leur production dans ces pays du tiers-monde mais vont bénéficier des profits à partir du pays où ils vivent, industrialisés. C’est donc non seulement à cause de l’exploitation des grandes entreprises mais aussi des différences de règles protégeant les travailleurs qu’il y a une inégalité de revenus si marquée entre les habitants des pays industrialisés et des pays en voie de développement. Le coût de la vie, les actions des lobbyistes et les tâches à accomplir ne sont toutefois pas identiques d’un pays à l’autre[7].
Conséquences économiques
Avec la mondialisation, les firmes ont plus de facilité à délocaliser leurs unités de production. « La concurrence internationale se renforce dans la plupart des secteurs. Les entreprises veulent réduire leurs coûts. Depuis de nombreuses années, les délocalisations sont un instrument pour y parvenir »[8]. Une des critiques adressée aux délocalisations, est que les travailleurs dans les pays en voie de développement sont surexploités, « une fois internationalisées les chaînes de production, les entreprises n’ont guère tardé à aller chercher la main-d’œuvre dans les pays où elle leur coûte le moins cher»[8]. Les mauvaises conditions de travail ont des répercussions sur la santé de la main-d’œuvre. Les emplois manufacturiers à bas salaire sont un exemple : « travailler dans le secteur manufacturier augmente les risques sanitaires de 28 % »[9].
Conséquences environnementales
Un autre impact de la mondialisation économique est la pression sur les écosystèmes. Le phénomène « accentue donc l’industrialisation, la recherche de nouvelles terres, de nouveaux sous-sols, de nouvelles ressources à exploiter, ce qui fragilise de nombreux écosystèmes »[8]. « Comme la plupart des dégâts causés à l’environnement, les retombées ne touchent pas seulement la nature elle-même, mais aussi les populations, en particulier les plus vulnérables. Les régions plus pauvres sont les plus affectées par le réchauffement climatique »[8]. « Les excès du consumérisme et les dégâts majeurs de la multiplication des échanges et des interactions économiques »[8] rendent les ressources naturelles surexploitées. « Le développement très rapide des pays émergents les a aussi conduits à devenir des émetteurs majeurs de gaz à effet de serre (GES) »[8].
Conséquences culturelles
Une autre conséquence de la mondialisation s'intéresse à la question de l'hégémonie culturelle des grandes puissances économiques:
Des conséquences financières pour les pays non occidentaux sont occasionnées étant donné que dans des pays en voie de développement comme en Haïti, « la quasi-totalité des ONG (organismes non gouvernementaux), dont 80 % des ressources financières proviennent des financements publics, constituent non seulement des sources de corruption, mais sont également perçues comme des structures mises sur pied par les organisations internationales pour donner un visage humain aux politiques d’ajustement imposées »[10], lorsque « des organisations telles que le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale facilitent grandement l’accès au prêt »[11].
Des conséquences culturelles pour les pays non occidentaux sont occasionnées. Bien que la mondialisation puisse avoir la capacité d'aborder indirectement l’accès à plusieurs influences culturelles, ce phénomène peut occasionner une fusion des cultures, «la vision d’un monde de plus en plus homogénéisé s’avère aujourd’hui l’interprétation la plus fréquente de la mondialisation-globalisation »[12].
Les impacts potentiellement néfastes sur les pays en voie de développement sont plus probables si un pays en développement « s’ouvre au commerce sans avoir une certaine base économique nationale au préalable »[8], le plus souvent, le pays aura de moins bonnes performances économiques à long terme.
↑Jean-Raphaël Chaponnière, « La politique industrielle de la Corée à l'épreuve du temps », Outre-Terre, vol. 2, no 39, , p. 66-73 (lire en ligne)
↑ a et bÉric Martin, « JAMES D. THWAITES, DIR., LA MONDIALISATION : ORIGINES, DÉVELOPPEMENT ET EFFETS, QUÉBEC, PRESSES DE L’UNIVERSITÉ LAVAL, 2004 », Revue québécoise de droit international, vol. 17, no 1, , p. 287 (ISSN0828-9999 et 2561-6994, DOI10.7202/1069311ar, lire en ligne, consulté le )
↑Denis Tanguay et Loïc Geeraerts, « Conjectures, postulats et vérifications expérimentales dans le paradigme du géomètre-physicien : Comment intégrer le travail avec les LGD ? », Revista Latinoamericana de Investigación en Matemática Educativa, vol. 17, no 4(II), , p. 287–302 (ISSN1665-2436 et 2007-6819, DOI10.12802/relime.13.17414, lire en ligne, consulté le )
↑« Mondialisation », sur thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
Jean-Marc Siroën, Mondialisation à la dérive. Europe sans boussole, 2019 (ISBN9781795746052).
J. Adda, La Mondialisation de l'économie, 2 vol., La Découverte, Repères, Paris, 1996.
Claude-Raphaël Samama, Développement mondial et culturalités, Essai d'archéologie et de prospective éco-culturales, Maisonneuve et Larose, 2001 (ISBN2-7068-1519-1)
Suzanne Berger, Notre première mondialisation, Seuil, 2003, (ISBN2020579219)
Suzanne Berger, Made in monde, Les nouvelles frontières de l’économie mondiale, Seuil, 2006, (ISBN2020852969)
Nayan Chanda, Qu'est-ce que la mondialisation ?, [lire en ligne]
Daniel Cohen, La Mondialisation et ses ennemis, Paris, Grasset, 2004
Jacques Fontanel, La Globalisation en "analyse" - Géoéconomie et stratégie des acteurs, L'Harmattan, 2005
Jacques Lévy, Patrick Poncet, Dominique Andrieu, Boris Beaude, René-Éric Dagorn, Marc Dumont, Karine Hurel, Alain Jarne, Blandine Ripert, Mathis Stock, Olivier Vilaça, L'invention du Monde. Une géographie de la mondialisation., Presses de Sciences-po, 2008, (ISBN9782724610413)