Le golfe de Guinée est une mer bordière de l'océan Atlantique qui occupe l'angle occidental du continent africain. Il est situé à l'ouest de la partie centrale de l'Afrique et lui donne, un peu au nord de l'équateur, une longue façade est-ouest balayée par les alizés, la côte de Guinée. Selon une variante plus élargie de la délimitation du golfe retenue par l'Organisation hydrographique internationale, le méridien de Greenwich (longitude 0°) et l'équateur (latitude 0°) se croisent dans ses eaux à 570 km au large des côtes du Ghana par la voie la plus courte, à 622 km le long du méridien origine.
Définitions
Les définitions du golfe de Guinée varient selon les auteurs, les ouvrages, et même parfois les pages d'un même atlas ou les cartes d'une même publication. De cette façon, le Golfe varie de 475 000 km2 à 2 350 000 km2. Quatre acceptions sont données ci-dessous. Il est éventuellement signalé en notes les atlas qui ont adopté la définition.
Le golfe intérieur ou petit golfe de Guinée
Cette définition correspond à la zone portant la lettre A sur la carte.
La plus ancienne des définitions du golfe - mais aussi encore actuellement une des plus courantes - est minimaliste : elle limite le golfe au nord par le cap des Trois-Pointes, sur la côte ghanéenne, et au sud par le cap Lopez Gonsalvo, sur la côte gabonaise. C'est la définition retenue par les trois cartes qui figurent sur la présente page : la carte du XVIIIe siècle (ci-contre, à gauche), la carte de situation (ci-dessus à droite) et la photo satellite (ci-dessous). Le golfe de Guinée est divisé en deux parties de part et d'autre des bouches du Niger, le golfe du Bénin au nord et le golfe du Biafra au sud. Ce dernier golfe, appelé golfe de Bonny au Nigeria, est à son tour divisé en deux par la ligne du Cameroun, un rift continental qui se prolonge par un chapelet d'îles orienté du nord-est au sud-ouest, de Bioko jusqu'à l'île d'Annobón, au sud-ouest de Sao Tomé-et-Principe[1].
Le golfe défini par l’Organisation hydrographique internationale
Cette définition correspond à la zone AB sur la carte.
Cette définition correspond à la zone ABC sur la carte.
Le golfe est limité au nord-ouest par le cap des Palmes, au Liberia, à l’ouest par la ligne de ce cap à la Ponta Albina (sud de l'Angola), et au sud par le parallèle d’Annobon (1° 25' Sud). Cette variante s’explique et a été rendue nécessaire par l’exiguïté artificielle des eaux du golfe au large du cap des Palmes selon la définition de l’OHI. Les auteurs qui appellent « îles du golfe de Guinée » l'archipel de la ligne du CamerounBioko-Annobon adoptent implicitement cette définition[5].
Une définition plus proprement africaine : le grand golfe de Guinée
Cette définition correspond à la zone ABCD sur la carte.
Les Portugais se sont installés en 1447 à Portudal, en 1450 à Cacheu, en 1482 à Elmina, en 1484 à Fernando Poo et à Sao Tomé. Ils remportent en 1478 la bataille de Guinée, une bataille navale livrée contre les Castillans au large d'Elmina. Cette victoire, suivie de deux traités avec l'Espagne, celui d'Alcaçovas en 1479 confirmé par celui de Tordesillas en 1494, leur assure le monopole du commerce le long des côtes atlantiques de l'Afrique.
Le golfe de Guinée est apparu lors de la formation de l'océan Atlantique sud il y a environ 110 millions d'années, due à la séparation entre l'Afrique et l'Amérique du Sud.
La forme du golfe répond presque parfaitement à la pointe nord-est du Brésil (hormis la zone du delta formé par le fleuve Niger). C'est en observant les formes des deux continents, semblant s'emboîter, qu'Alfred Wegener (1880-1930) eut l'idée de la dérive des continents[6],[7],[Note 1].
Le rapprochement de ces deux continents actuels post-Pangée pourrait aussi se faire d'un point de vue au moins mnémotechnique, phonétique voire paronymique, sinon avec une étymologie commune assurée, tant les toponymes Guinée et Guyane semblent proches par exemple, de chacun de ces côtés de l'actuel Océan Atlantique toujours en expansion.[non pertinent]
Les fleuves qui suivent tiennent compte de la définition de l'Organisation hydrographique internationale. Ils se jettent dans le golfe de Guinée (du nord au sud et d'ouest en est) :
le Cavally (frontalier du Liberia et de la Côte d'Ivoire)
Le golfe de Guinée est une région richement pétrolifère, ce qui suscite des tensions entre les pays côtiers. Il est également le cadre d'une importante piraterie[9].
Le golfe voit sa côte rassembler un grand nombre de métropoles et de villes moyennes qui concentrent 80% de l'activité économique des pays concernés : Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou, Lagos, Douala, Libreville et, au sens large, Luanda. Elles sont concernées par un étalement urbain rapide et particulièrement concernées par les risques dus au réchauffement climatique, par stress thermique humide[10].
Notes et références
Notes
↑« La première idée des translations continentales me vint à l'esprit en 1910. En considérant la carte du globe, je fus subitement frappé de la concordance des côtes de l'Atlantique, mais je ne m'y arrêtai point tout d'abord, parce que j'estimai de pareilles translations invraisemblables. En automne 1911, j'eus connaissance […] de conclusions paléontologiques admettant l'existence d'une liaison ancienne entre le Brésil et l'Afrique. Cela m'engagea à faire un examen préalable et sommaire des résultats connexes au problème des translations. » (Alfred Wegener, La genèse des continents et des océans, 1937 soit après la mort de l'auteur en 1930).
Références
↑Cette définition a été retenue par l'"Atlas universalis", page 11 sinon 141 où s'applique la définition de l'OHI.
↑Cette définition est retenue par le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse (GDEL) de 1983, le Grand atlas mondial du "Reader's Digest" de 1975 pages 80, 84 et 87, l' Atlas universalis de 1972 page 141 sinon 11, l' Atlas classique Hachette de Schrader et Gallouédec en 1935 planche 69 sinon 80.
↑Cette définition a été retenue par l'Atlas 2000 Nathan de 1998, le Grand atlas Bordas de 1971, l’Atlas Bordas de 1953 et l’Atlas classique Hachette de Schrader et Gallouédec de 1935 à la page 80 sinon 69 où c’est la définition de l’OHI qui s’applique.
↑« La dérive des continents », Département de géologie et de génie géologique, Université de Laval au Québec.
↑Paul Molga, « Alfred Wegener et la dérive des continents », Les Échos, (lire en ligne).
Louis-Gustave Binger, Du Niger au golfe de Guinée par le pays de Kong et la Mossi : 1887-1889, Paris, Hachette, .
L. F. Römer. (trad. du danois par Mette Dige-Hess), Le Golfe de Guinée, 1700-1750 : récits de marchand d'esclaves sur la côte ouest africaine, Paris, L'Harmattan, 238 p. (ISBN2-7384-0236-4).
Bruno Wauthy, « Introduction à la climatologie du golfe de Guinée », Océanographie tropicale, vol. 18, no 2, , p. 103-138 (ISSN0245-9418).