Son œuvre la plus célèbre est la trilogie Le Fils du pauvre (1950), La Terre et le Sang (1953) et Les Chemins qui montent (1957).
Biographie
Né officiellement le dans le village de Tizi Hibel[2], il appartient au clan (takheroubt) des Aït-Chabane, Feraoun étant le nom imposé par des officiers des Affaires indigènes chargés de la mise en place d'un état civil aux populations kabyles après l’insurrection de 1871. Ses parents sont un couple de paysans pauvres, qui ont eu huit enfants dont cinq seulement ont survécu. Mouloud est le troisième d'entre eux, et le premier fils. Depuis 1910, le père a pour habitude d’émigrer périodiquement en France métropolitaine pour subvenir aux besoins de sa famille. En 1928, il est victime d’un accident et commence à vivre d’une pension d’invalidité. Ces racines familiales, sociales et culturelles sont prépondérantes pour Mouloud Feraoun, qui intitule son premier roman autobiographique Le Fils du pauvre et fait de la culture kabyle la principale composante de son identité[3],[4].
Il fréquente l'école de Tizi Hibel à partir de l'âge de sept ans. En 1928, il est boursier à l'école primaire supérieure de Tizi Ouzou, puis, en 1932, est reçu au concours d'entrée de l'école normale d'instituteurs de Bouzaréa (aujourd'hui École normale supérieure de Bouzaréah[5]), près d'Alger. Il y fait la connaissance d'Emmanuel Roblès. Diplômé de l’école normale, il commence sa carrière d’instituteur à Taourirt Aden, petit village de Kabylie. En 1935, il est nommé instituteur à Tizi Hibel, où il épouse Dehbia, dont il aura sept enfants[6].
Mouloud Feraoun commence à écrire en 1939 son premier roman, Le Fils du pauvre. L'ouvrage, salué par la critique, obtient le Grand Prix de la ville d'Alger.
En 1946, il est muté à Taourirt Moussa Ouamar, commune d'Aït Mahmoud. En 1952, il est nommé directeur du cours complémentaire de Fort-National. En 1957, promu directeur de l'école Nador de Clos-Salembier, il quitte la Kabylie pour Alger[7].
En 1951, il est en correspondance avec Albert Camus. Le , il termine La Terre et le Sang, ouvrage récompensé en 1953 par le prix Eugène-Dabit du roman populiste. Le roman raconte la vie d'un village kabyle qui voit d'un mauvais œil le retour d'un de ses enfants parti travailler dans les mines du nord de la France.
Avec cinq de ses collègues, dont l'inspecteur d'académie Max Marchand, il est assassiné le , à quatre jours du cessez-le-feu[8],[9], par l'OAS, qui y voit un foyer indépendantiste[10].
Son Journal, rédigé de 1955 à 1962, est remis au Seuil en et sera publié de manière posthume, de même que deux derniers romans, L'Anniversaire, inachevé, et La Cité des roses, achevé mais resté longtemps inédit.
Prix et distinctions
En 1950, il reçoit le Prix de littérature française de la ville d'Alger pour Le Fils du pauvre[11].
Œuvres
Livres
Le Fils du pauvre, Menrad instituteur kabyle, éd. Cahiers du nouvel humanisme, Le Puy, 1950, 206 p.
La Terre et le Sang, Éditions du Seuil, Paris, 1953, 256 p.
Jours de Kabylie, Alger, Baconnier, 1954, 141 p.
Les Chemins qui montent, Éditions du Seuil, Paris, 1957, 222 p.
Les Poèmes de Si Mohand, Les Éditions de Minuit, Paris, 1960, 111 p.
Journal 1955-1962, Éditions du Seuil, Paris, 1962, 349 p.
Lettres à ses amis, Éditions du Seuil, Paris, 1969, 205 p.
L'Anniversaire, Éditions du Seuil, Paris, 1972, 143 p.
La Cité des roses, éd. Yamcom, Alger, 2007, 172 p.
Les Tueurs et autres inédits, présentés par Safa Ouled Haddar. éd. El Kalima, Alger, coll. PIM, 2020, 110 p.
Articles
« L'instituteur du bled en Algérie », Examens et Concours, Paris, mai-.
« Le désaccord », Soleil, Alger, no 6, .
« Sur l’“École nord-africaine des lettres” », Afrique, AEA (Association des écrivains algériens), Alger, no 241, juillet-.
« Les potines », Foyers ruraux, Paris, no 8, 1951.
« Mœurs kabyles », La Vie au soleil, Paris, septembre-.
« Les rêves d'Irma Smina », Les Cahiers du Sud, Rivages, Marseille, no 316, 2e semestre 1952.
« Ma mère », Simoun, no 8, , Oran.
« Les Beaux jours », Terrasses (Jean Sénac), Alger, .
« Réponse à l'enquête », Les Nouvelles Littéraires, Larousse, Paris, .
↑ « Documents pour l'histoire, récit de l'attentat de Château Royal », Persée.
↑« Les extraits de « Ne réveille pas les enfants », d’Ariane Chemin : « On voit les corps tomber, mais on ne voit pas le point de départ » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Jean Déjeux, « Le Grand Prix littéraire de l'Algérie (1921-1961) », Revue d'Histoire littéraire de la France, vol. 85, no 1, , p. 60–71 (ISSN0035-2411, lire en ligne, consulté le )
note 1 et 4 code erroné
Annexes
Bibliographie
Ouvrages
Christiane Achour, Mouloud Feraoun, une voix en contrepoint, Silex éditions, Paris, 1986, 104 p. (Lire sur Gallica)
Mehenni Akbal, Mouloud Feraoun - Maurice Monnoyer : histoire d'une amitié, éd. El-Amel, Alger, 2009, 95 p.
Mehenni Akbal, Mouloud Feraoun et l'éthique du journalisme (essai), avec une préface du Professeur Mahfoud Keddache et une postface de Nassira Belloula, Alger, Ed. El-Amel, 2007, 131 p.
Mehenni Akbal, Les idées médiologiques chez Mouloud Feraoun (essai), avec une préface du professeur Mahfoud Kaddache, éd. Dahlab-ENAG, Alger, 2002, 202 p.
Marie-Hélène Cheze, Mouloud Feraoun. La voix et le silence, Éditions du Seuil, Paris, 1982, 141 p.
Eugène Coupel, Le Juste assassiné ou l'Univers de Mouloud Feraoun, Société des Écrivains, Paris, 1999.
Robert Elbaz et Martine Mathieu-Job, Mouloud Feraoun ou l'émergence d'une littérature, éd. Karthala, Paris, éd. L'Harmattan, 2001, 139 p.
Jack Gleyze, Mouloud Feraoun, L'Harmattan, Paris, 1990, 132 p.
Martine Mathieu-Job, "Le Fils du pauvre", De Mouloud Feraoun ou la Fabrique d'un classique, éd. L'Harmattan, Paris, 2007, 176p.
Aït Hamou (Mokhtar), L'émigration algérienne à travers les œuvres romanesques de Mouloud Feraoun et de Mouloud Mammeri, DEA, Alger, 1978, 145 p.
Bouguerra (Ahmed), L'écriture et le roman social chez Mouloud Feraoun, DEA, Paris 4, Charles Bonn, 1989.
MadaniI (Louisa), l'exil dans les romans de Mouloud Feraoun, DEA, Alger, Mitterand, 1973, 153p.
Mellak (Djilali), Proverbes, dictons, sentences chez Mouloud Feraoun à travers l'étude de trois romans, DEA, Oran, Didier et TalahiteE, 1983, 120 p.
Ounoughene (Zahra), L'éthnographie, terre et société dans l'œuvre de Mouloud Feraoun, DEA, Paris 7, Brahimi, 1981, 235p.
Sacriste (Emmanuel), Mouloud Feraoun, acteur, témoin et martyr de l'école en Algérie coloniale, MM1,Toulouse 2,J. Cantier et G. Perville, 2007,148p.
Sautereau (Boris), Mouloud Feraoun, la réalité et l'écriture, DNR, Paris 12, Claudon, 1998, 385p.
Variola (Vera), Mouloud Feraoun: le problème d'un écrivain kabyle, thèse, Padoue, T. Rodinis, 1977.
Articles
Abtroun (Samy), « Mouloud Feraoun, simplement », L'Hebdo libéré, no 103, 16-, p. 22
Akbal, Mehenni ; Mouloud Feraoun, la tombe et le cimetière. El Watan, 1er novembre 2006.
Akbal, Mehenni ; Mouloud Feraoun a dit vrai. La Dépêche de Kabylie, 27 novembre 2006.
Akbal, Mehenni ; Fouroulou, c’est moi. El Watan, 22 février 2007.
Akbal, Mehenni ; Mouloud Feraoun a introduit une nouvelle logique d’écriture. La Dépêche de Kabylie, 28 juin 2007 (entretien réalisé par Aomar Mohellebi).
Akbal, Mehenni ; « Son œuvre est vraie ». L’Ivrescq, 15 mars 2010 (entretien réalisé par Rachid Mokhtari), ISSN 1112-9654. Redonné intégralement sous un autre titre « J’ai donné à lire des lettres inédites de Feraoun », par le quotidien Le Matin-DZ (version électronique) du 13 mars 2012.
Akbal, Mehenni ; Éléments pour une approche bibliométrique des écrits consacrés à Mouloud Feraoun. L’Ivrescq, no 39, , p. 53-58, ISSN 1112-9654. https://hal.science/hal-04386796v1/document
Akbal, Mehenni ; Le Fils du pauvre de Mouloud Feraoun par ses Lettres à ses amis, Langues & Usages, vol. 6, n°1, 2024, p. 96-108. https://hal.science/hal-04861236v1/document
Asfar (Gabriel), « The Goat and Myths of sacrifice in Feraoun's « le fils du pauvre » and Chraïbi's « les boucs », Litterature of Africa and the African Continum, Washington DC, Three Continents and African Literature Association, 1989.
Belhocine, Slimane ; L’enfance dans la littérature algérienne : étude de cas Fils du pauvre de Mouloud Feraoun, Faslo El-Khitab, vol. 3, n°2, 2014, p. 03-10. https://asjp.cerist.dz/en/article/44639
Belkacem, Dalila ; Du texte autobiographique au texte romanesque dans Le Fils du pauvre de Mouloud Feraoun, Insaniyat, vol. 9, n°4, 2005, p. 159-173. https://asjp.cerist.dz/en/article/237153
Beugnot, (Bernard), « les débuts littéraires de Mouloud Feraoun. De Menrad Fouroulou au « Fils du pauvre », Revue d'histoire littéraire de la France, no 81, 1981, p. 944-952.
Chraïbi (Driss), "Le combat de Mouloud Feraoun", Cahiers de l'ORTF, 1967.
Ghania (B.), « Hommage à Mouloud Feraoun », Alger réalité, no 13, , p. 70-71.
Hamouda (Ouahiba), « Mouloud Feraoun et le destin des femmes », L'Hebdo libéré, no 156, 23-, p. 14
Le Rouzic (Maurice), « Écritures autobiographiques chez Mouloud Feraoun » in Littératures autobiographiques de la francophonie, Paris, L'Harmattan, 1996. Le Rouzic (Maurice),
Monnoyer (Jean-Maurice), "La promesse littéraire du Fils du pauvre", 2013, SEMa
Perville (Guy), « Albert Camus et Mouloud Feraoun, une amitié qui résiste aux divergences politiques », Actes du colloque du « La plume dans la plaie, les écrivains-journalistes et la guerre d’Algérie » (28-), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2003,p. 129-135.
Tahraoui (Tahar), « Les mots du maître », Liberté, no 482, , p. 24.
Thenault (Sylvie), "Mouloud Feraoun, un écrivain dans la guerre d'Algérie", Vingtième siècle, no 63, juillet- , p. 65-74.