La no wave est un courant artistique, en particulier musical, apparu en 1977 dans le quartier du Lower East Side, cœur de la scène downtownnew-yorkaise. Malgré son caractère éphémère, ses valeurs se perpétuent au cours des décennies suivantes, notamment à travers certains aspects de la culture punk[1]. Son nom, littéralement « pas de vague », est une raillerie du terme « new wave » (« nouvelle vague »), très utilisé par les critiques et médias de l'époque[3].
La no wave est une musique dissonante et bruitiste[4], qui rejette le format couplet/refrain propre au rock et préfère mettre en avant l'improvisation et la déstructuration. Bien que le mouvement se veuille en rupture avec tous les courants musicaux qui l'ont précédé[5] (ses membres « faisaient précisément comme s'il n'y avait jamais eu personne avant eux[6] »), il partage néanmoins certaines valeurs avec le punk, comme le refus de la virtuosité et la déconstruction des compositions, et l'on peut trouver ses précurseurs dans certains travaux de Yoko Ono ou dans le Trout Mask Replica de Captain Beefheart[6], par exemple.
Il existe également un cinéma no wave. Ses plus grands représentants incluent Vivienne Dick ou Amos Poe(en). Il joue une large influence dans l'apparition du cinéma de transgression (Richard Kern ou Nick Zedd, notamment)[7].
Malgré une certaine confidentialité, le mouvement suscite de nombreux adeptes en Europe, notamment parmi certains journalistes et critiques musicaux dont ceux du Melody Maker à Londres. En France, le critique de rock Yves Adrien fait la louange des groupes no wave et est l'un des rares à les soutenir dans ses articles qui paraissaient dans Rock & Folk. Le label franco-américain Celluloid Records sert également de vecteur entre les États-Unis et l'Europe.
En 2004, Scott Crary réalise un documentaire consacré à la scène no wave intitulé Kill Your Idols[12]. Christoph Dreher, fondateur du groupe Die Haut, réalise en 2009 Berlin, New York et la musique « underground », entouré de Jim Jarmusch, Nick Cave, Lydia Lunch, ou encore Jim Sclavunos. En 2008, trois livres traitant de la no wave sont publiés : New York Noise de Soul Jazz Records[13], No Wave de Marc Masters[14] et No Wave: Post-Punk. Underground. New York. 1976-1980 par Thurston Moore et Byron Coley[15].
Notes et références
↑ ab et c(en) P. Romanowski (directeur), H. George-Warren et J. Pareles, The New Rolling Stone Encyclopedia of Rock & Roll, New York, Fireside, , Revised edition éd. (ISBN0-684-81044-1), p. 717
↑Philippe Robert, Musiques Expérimentales, une anthologie transversale d'enregistrements emblématiques, Marseille, Le Mot Et Le Reste ; GRIM, , 393 p. (ISBN978-2-915378-46-7), p. 230.
(en) Vladimír Machaň, The signifiance of "no wave" as a post-war popular music genre, Université Masaryk mémoire de master département English and American Studies, (lire en ligne)
(en) Thurston Moore, Byron Coley, No Wave - Post-punk. Underground. New York. 1976-1980., Abrams Image, New York, 2008, 143 p., (ISBN978-0-8109-9543-7)
(en) Brandon Stosuy, Dennis Cooper, Eileen Myles, Up is Up, But So is Down : New York's Downtown Literary Scene, 1974-1992, New York, NYU Press, (ISBN9780814740101)