Lo-fi (abr. de low-fidelity, « de basse fidélité ») est une expression apparue à la fin des années 1980[1] aux États-Unis pour désigner certains groupes ou musiciens underground adoptant des méthodes d'enregistrement primitives pour produire un son « sale », volontairement opposé aux sonorités jugées aseptisées de certaines musiques populaires[2]. L'expression est l'antonyme de hi-fi (abr. de high-fidelity, « de haute fidélité »[3]).
Définition et étymologie
L'expression est l'antonyme de hi-fi (abr. de high-fidelity, « de haute fidélité »[3]). Elle fait son entrée dans l'Oxford English Dictionary en 1976, avec comme définition « sound production less good in quality than 'hi-fi'. »
Histoire
Le terme de lo-fi se répand à la fin des années 1980 pour désigner des méthodes d'enregistrement primitives, peu coûteuses, parfois qualifiées de « sales »[3]. Daniel Johnston est considéré comme l'un des pères fondateurs du son lo-fi[3],[4].
En défendant les valeurs qui avaient caractérisé les vagues punk et punk hardcore des années 1980, c'est-à-dire l'indépendance face aux grandes compagnies de disques (les majors) et l'auto-promotion de la scène locale et nationale par des moyens alternatifs, le lo-fi se démarque du lot. Attitude qui se reflétait dans le caractère amateur, ou garage rock, de la réalisation des albums lo-fi : l'idée que la qualité douteuse de l'enregistrement contribuait à l'impact artistique de l'œuvre était alors devenue la règle parmi les groupes du genre. Quelques années plus tard, le lo-fi fait son apparition dans les réseaux de production et de distribution traditionnels avec des artistes majeurs comme Beck[3] (Mellow Gold) et Liz Phair[3] (Exile in Guyville), qui contribuent à populariser l'utilisation d'appareils 4-pistes ou autres dans la réalisation des albums. La plupart des artistes de rock indépendant doivent une large part d'influence aux différents groupes lo-fi des années 1990 et l'on est en mesure d'entendre cette marque chez plusieurs groupes de la toute récente vague garage, new wave et punk, incluant The Strokes, The White Stripes, The Kills, et The Unicorns.
Des groupes de black metal s'enregistrent également en lo-fi, le premier dans les années 1980 étant celui qui inventera le genre : Venom[7]. L'idée de Venom d'enregistrer en lo-fi des albums est reprise lors des années 1990 par la grande majorité des groupes de black metal comme Mayhem. Ceux-ci recherchent une « saleté » qui doit retranscrire ce que leur musique signifie.
Aujourd'hui le terme a pris un sens très différent, avec sa popularisation via YouTube. Les vidéos faisant usage de l’appellation lo-fi diffusent du Lofi hip-hop, et sont reconnaissables à leur esthétique empruntée à l'anime japonais, par exemple la Lofi Girl, ou à des séries d'animation américaines version « triste » (elles mettent par exemple en scène des Looney Tunes[8] ou un Homer Simpson pensif). Cette esthétique visuelle et sonore est influencé par l'émergence nippo-américaine du lofi hip-hop qui regroupe des beats lents et harmonieux, parfois mélancoliques, destinés à l'étude, à la relaxation, ou à produire un « simple » fond sonore[9],[10].
↑Michka Assayas, Dictionnaire du rock : blues, country, folk, pop, reggae, rock indépendant, soul, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 406 p. (ISBN2-221-09224-4), Glossaire, p. 399.