Les ordres de chevalerie apparaissent au XIVe siècle. S'ils affirment dans leurs statuts leur volonté de régénérer la chevalerie ou plutôt l'esprit chevaleresque, leur création s'explique aussi par des raisons politiques. Beaucoup d'ordres disparurent rapidement, mais certains encore en vigueur, ne doivent pas être confondus avec les créations, au XIXe siècle principalement, de pseudo-ordres, dits ordres de fantaisie.
Historique
Malgré l'apparition d'ordres imaginaires tels qu'un prétendu ordre de la Sainte-Ampoule que Clovis aurait fondé en 496, les ordres de chevalerie sont un phénomène de la fin du Moyen Âge. Ils s'inscrivent en partie dans la succession des ordres militaires apparus lors des Croisades et de la Reconquista, il s'agissait alors d'ordres de moines-soldats.
Il faut constater plusieurs étapes pour aboutir aux ordres de chevalerie :
les ribats et les hermangildas. C'est en Espagne qu'apparaissent les premiers ordres laïcs, aussi précurseurs des ordres militaires donc des ordres de chevalerie, ce sont les hermangildas, groupes de paysans, inspirés des ribats, qui s'engagent par serment à protéger les chrétiens[1];
la chevalerie. Le développement de la chevalerie répond à une exigence politique. La vassalité avait perdu son aspect exclusif et malgré une tentative de renouveau avec l'hommage lige, beaucoup de seigneurs étaient vassaux de plusieurs suzerains. La chevalerie rétablissait une fidélité envers un suzerain. À cette époque l'exigence d'être noble n'était pas une caractéristique de la chevalerie car c'est la noblesse de comportement du chevalier qui induira le statut de noble et de la noblesse[5]. L'amour courtois largement développé à partir du XIIe siècle par les troubadours va populariser l'esprit chevaleresque. Illustré à l'exemple du cycle arthurien des Chevaliers de la Table ronde, ils aidèrent à former une « mythologie[6] » ;
Les ordres de chevalerie. Leur création, au XIVe siècle, à la suite logique de la chevalerie répond également à une exigence politique d'organisation et de subordination. Pour se lier la nouvelle noblesse, les statuts des ordres de chevalerie rétablissaient une fidélité exclusive envers le grand maître, qui est toujours le prince créateur de l'ordre ou l'un de ses successeurs désignés.
Une grande partie des ordres de chevalerie est éteinte, en raison même des circonstances qui déterminèrent leur création et qui ont cessé d'exister. D'autres, au contraire, sont arrivés jusqu'à nous, dépouillés seulement des formes qui n'étaient plus en harmonie avec les mœurs, les usages et les coutumes de notre société. Plusieurs ordres de chevalerie ont évolué vers une fonction d'ordre honorifique, sans pour autant modifier leur structure.
Ces ordres de chevalerie donneront naissance à quatre nouveaux types d'ordres :
Les ordres honorifiques. Sur le modèle des ordres de chevalerie, les souverains européens, ou des entités étatiques, mirent en place des ordres honorifiques à partir du XVIIe siècle. Bien que ces nouveaux ordres soient des corps auxquels les nouveaux membres doivent s’agréger, d’où le nom d’ordre, ils se distinguent des ordres de chevaleries par plusieurs caractéristiques : ils sont hiérarchisés en plusieurs classes (alors que les ordres de chevalerie n’ont qu’une seule classe), ne récompensent pas uniquement les nobles et ont souvent un champ de spécialisation, honorant les militaires ou les diplomates… ou encore plus simplement les personnes civiles en vertu de leurs mérites.
Les ordres dynastiques. C'est une organisation de personnes distinguées anciennement par une entité étatique et relevant ensuite d'un prétendant dynastique officiellement reconnu qui fait perdurer l'Ordre.
Les ordres distinctifs. Ce sont des organisations de personnes distinguées pour leurs actions par une entité non étatique mais toléré par cette entité étatique.
Les ordres de fantaisie. Le XIXe siècle est marqué par la création de pseudo-ordres de chevalerie se réclamant sans raison d'un illustre ordre de chevalerie historique.
↑Alain Demurger, Chevaliers et chevalerie expliqués à mes petits-fils, Seuil, 2009
↑David Hult, 'Gaston Paris and the invention of courtly love', in R. Howard Bloch and Stephen G. Nichols (éd.), Medievalism and the Modernist Temper, Baltimore, 1996, p. 192-224
Bibliographie
D'Arcy Jonathan Dacre Boulton, The knights of the crown: the monarchical orders of knighthood in later medieval Europe, 1325-1520, Boydell Press, 2000,
Les Ordres du roi. Comte de Colleville. François Saint-Christo. 1925. Réédition à Versailles 2001. Cet ouvrage traite des Ordres royaux: l'Étoile, Saint Michel, Saint Esprit, Saint-Louis, Saint Lazare, Mérite militaire. Outre un historique pour chaque ordre, il donne la liste des chevaliers par promotion. L'ouvrage est agrémenté d"une importante table des noms cités. "il est vrai qu'on trouve en ses pages bien des renseignements qu'on trouverait difficilement ailleurs". (Michel Popoff, in Recueil des chevaliers de l'Ordre de Saint Michel)
Études sur les ordres de chevalerie du roi de France, et tout spécialement les ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. de Hervé Pinoteau. 1995. Outre les ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel, ce livre aborde l'ordre, actuel et controversé, de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel.
Bernard Marillier, « Les ordres de chevalerie médiévaux », dans Histoire médiévale, no 42, juin 2003, p. 48-49 ;
Bernard Marillier, « De Saint-Georges à Saint-Michel », dans Histoire médiévale, no 42, juin 2003, p. 50-55 ;
Bernard Marillier, « L'ordre de la Toison d'or », dans Histoire médiévale, no 42, juin 2003, p. 56-59 ;