Panétios de Rhodes est un philosophe stoïcien (-[1]). Il relève, dans le mouvement stoïcien, du moyen-stoïcisme, qu'il instaure : Panétios mettait la physique au début de la philosophie. Il sera suivi par son disciple Posidonios.
Son nom est parfois orthographié Panaïtios, Panétius voire Panaetius Rhodius (forme latine). Séleucus le grammairien, dans Livre de la Philosophie[2], mentionne qu'un Platon, de Rhodes également, fut disciple de Panétios. Il y a eu aussi un péripatéticien de ce nom, disciple d'Aristote.
Sur de nombreux points il rompt avec les dogmes stoïciens. « Il nie la conflagration universelle et croit à l'éternité d'un monde que la Providence rend parfait ». Il se défie de la mantique (la divination) et nie l'immortalité de l'âme. Il reconnaît en nous, à côté des impulsions de l'instinct premier, des tendances fondamentales où s'associent nature et raison. Il aboutit à un humanisme, il tend à une sérénité morale faite de calme, de mesure, d'harmonie.
Chaque homme a plusieurs rôles (personae) à jouer, selon qu'il considère sa fonction d'homme en général ou des fonctions particulières dans la société.
Cicéron écrira la phrase : « Tous les êtres humains, les meilleurs et les autres, méritent un certain respect »[4]. Ainsi apparaît, à partir d'une théorie des rôles qui annonce la sociologie moderne, la première valorisation de la personne )[5].
Mais cette conception de l'humain est liée à toute une philosophie de la civilisation (cultus). Cette philosophie insiste d'abord sur la hiérarchie des devoirs qui lient l'individu à autrui (selon qu'il agit dans sa famille, dans sa patrie, dans l'univers). Cela influencera très fortement l'universalisme rationaliste des philosophes du XVIIIe siècle (dont Montesquieu).
La pensée de Panétios nous intéresse aussi par sa conception du travail humain. D'une part l'auteur montre que l'activité manuelle des hommes est capable de compléter l'œuvre de la nature ; d'autre part, Cicéron, qui s'inspire du traité de Panétios, devait avoir des conséquences d'extrême importance sur la pensée des économistes du XIXe siècle : « Le profit et l'utilité que nous retirons des choses inanimées n'auraient pu être atteints autrement que par les bras et le travail des hommes.' Ajoutons que cet éloge du travail est lié à la glorification des techniques utiles (construction des routes, des aqueducs » etc.)[6].
Postérité
Cicéron donne lui-même des indications sur ses sources bibliographiques, grecques comme toujours en matière de philosophie. Il déclare dans son De Officiis qu'il suit les idées stoïciennes, tout en gardant sa liberté de pensée[7]. Plus loin, il précise que Panétios de Rhodes est sa principale source, tout en signalant des lacunes chez Panétios, sur la définition du devoir, le départage entre deux choix estimés tous deux honnêtes, puis entre deux choix utiles, et surtout la question du conflit entre l'« honestum » et l'utile, objet du livre III[8].