Le passeport français est un document de voyage international délivré exclusivement par l'État français et ses représentations à l'étranger. Pouvant servir de preuve de la citoyenneté française, il permet aux services diplomatiques et consulaires de vérifier l’identité des citoyens français sur le territoire national et de leur porter aide et assistance à l’étranger.
La France a utilisé notamment le système du livret d'ouvrier, tout au long du XIXe siècle, mais des certificats étaient utilisés dès l'Ancien Régime pour réglementer la circulation des personnes, en généralisant le système inventé lors de la peste de Marseille. Un registre des soldats est notamment mis en place en 1716 par Claude Le Blanc afin de lutter contre la désertion. Le vagabondage, défini précisément par le fait de n'avoir aucun sauf-conduit ou « passe-port », est sévèrement réprimé.
Après une période d'expérimentation dès la Régence, au début du XVIIIe siècle, les passeports sont abolis dans les premiers temps de la Révolution, au nom de la liberté de circulation, qui est l'un des premiers droits énoncés par la Constitution de 1791. Mais leur usage est vite rétabli, en droit sinon en fait, avec une multitude de décrets et de lois. Après la tentative de fuite du roi, arrêté à Varennes, le décret du rend obligatoire la détention d'un passeport pour circuler dans le pays ; la loi des 1er février - 28 mars 1792 rendit le passeport obligatoire pour toute personne voulant voyager dans le royaume[1]; le décret du 7 décembre 1792, promulgué par la Convention nationale, permit à l'administration de refuser d'émettre un passeport à quelqu'un qui le demande — décret qui a « force de loi » selon le Conseil d'État (1991[2]; loi des 28-[1]) ; le décret du 10 vendémiaire an IV ([1]), etc. Ces textes réglementaires ne sont toutefois qu'imparfaitement appliqués. La loi sur les nomades de 1912 oblige aussi ces derniers à se munir d'un carnet anthropométrique.
Passeport de 1815
Passeport de 1846
Passeport de 1947
Passeport français de 1947 pour le protectorat de Sarre
À partir de 2001, la France met en place un passeport à lecture optique dit « Delphine » (pour « Délivrance de passeports à haute intégrité de sécurité »)[3]. Ce document a été exigé à compter du pour se rendre aux États-Unis sans visa ; les anciens passeports nécessiteront quant à eux un visa. La production de ce passeport fut arrêtée avec la mise en œuvre du passeport électronique à partir du .
Les nom, date de naissance, nationalité et numéro du passeport sont inscrits sur deux lignes de texte, au bas de la page où figure la photo du détenteur. Ces informations sont suivies de chevrons (>>>) sur la largeur de la page.
Passeport électronique
Par décret du [4], la France a institué un passeport électronique, mis en circulation à partir de et progressivement déployé.
Une puce électronique et une radio-étiquette sont incorporées dans la couverture. Les informations qui y sont enregistrées sont ainsi consultables à courte distance par un lecteur électromagnétique. Ces informations numérisées sont le nom, la date de naissance, la nationalité et le numéro du passeport.
Passeport biométrique
Le passeport biométrique fait suite au passeport électronique. Il est délivré sur l'ensemble du territoire à partir de . La seule différence visuelle avec le passeport électronique est le soulignement du mot « passeport » sur la couverture. En revanche, la puce stocke désormais la photographie numérisée et deux empreintes digitales du détenteur du passeport.
Comme son prédécesseur électronique, il a une durée de validité de 10 ans pour les adultes et 5 ans pour les mineurs[5]. Outre la photographie d'identité numérisée, l'état civil et les deux empreintes digitales figurant sur la puce électronique, le passeport est lié à l'application DELPHINE, premier fichier national biométrique utilisé à des fins administratives.
En France, il est possible d'effectuer une demande de passeport biométrique dans n'importe quelle mairie équipée d'un dispositif de recueil de données biométriques, qui se compose d'un scanner, d'un appareil photo (hors métropole) et du dispositif d'enregistrement des empreintes digitales.
Dans un premier temps, les citoyens pouvaient se faire photographier dans l'une des 2 000 mairies équipées de ce matériel. En 2012, l'appareil photo a été supprimé du dispositif en France métropolitaine. La suppression de ce service vise à protéger l'activité des professionnels locaux de la photographie[6].
La mise en place du passeport biométrique en France s'est traduite, notamment en région parisienne et à partir du mois de , par de graves engorgements et un allongement considérable des délais d'obtention[7]. En effet, durant la période estivale de nombreuses personnes sollicitent un passeport auprès de leur mairie afin de partir en vacances à l'étranger. Il est donc conseillé de déposer le plus tôt possible sa demande de passeport.
Les passeports français sont délivrés par les préfectures (en France) et par les consulats (hors de France). Le dépôt de la demande et le retrait du document se fait dans une mairie ou un consulat disposant d'une station d'accueil biométrique.
Ils sont valables 10 ans pour les majeurs, 5 ans pour les mineurs et pour les passeports de mission ou de service délivrés aux fonctionnaires dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions. Les passeports temporaires délivrés en urgence sont eux valables 1 an.
Une somme de 86 euros (respectivement 89 euros si la photo est prise dans la mairie) en timbres fiscaux est demandée afin d'établir un passeport pour une personne majeure. Elle est réduite à 42 euros (resp. 45 euros) pour les mineurs entre 15 et 18 ans et à 17 euros (resp. 20 euros) pour les mineurs jusqu'à 15 ans[9],[10]. Si la demande est faite à l'étranger, la somme est 10 euros plus chère et paiement est effectué en espèces, ou par carte bancaire, chèque ou virement. Les timbres fiscaux ne sont pas acceptés[11].
Les passeports sont délivrés gratuitement aux personnes indigentes ayant de faibles revenus conformément à l'article 955 du code général des impôts [12] :
« Les passeports, les cartes nationales d'identité, ainsi que les visas de passeports à délivrer aux personnes véritablement indigentes et reconnues hors d'état d'en acquitter le montant, sont délivrés gratuitement. »
La notion d'indigence se fait au cas par cas par les services préfectoraux. Il peut s'agir par exemple des seuils de pauvreté de l'Insee ou la perception des minimas sociaux[13],[14].
Une personne bénéficiant par exemple du RSA peut faire sa demande de passeport en mairie et joindre avec les documents habituellement demandés une demande d'exonération du timbre fiscal pour indigence conformément à l'article 955 du code général des impôts sur papier libre ainsi qu'une attestation de la CAF justifiant la perception du RSA (Revenu de solidarité active)
Les passeports temporaires sont eux à 27 euros (resp. 30 euros)[9] uniquement si des nécessités impérieuses le justifient (proche en danger à l'étranger notamment) ; de plus, le passeport temporaire ne permet pas de se rendre aux États-Unis sans visa car l'administration américaine exige un passeport contenant une photo scannée et une puce RFID pour bénéficier du programme d'exemption de visa pour les séjours touristiques de moins de trois mois (le passeport temporaire ne contient pas de puce RFID). Ces coûts peuvent être majorés de trois euros si la station d'accueil est équipée d'un appareil photo numérique permettant la prise de photo sur place. Les passeports de mission et de service sont gratuits.
La gratuité s'applique également pour toute modification d'un passeport en cours de validité (changement d'état civil ou d'adresse, rectification d'erreur…). Dans ce cas, un nouveau passeport biométrique est fabriqué en conservant la date de validité initiale.
« la liberté d'aller et de venir n'est pas limitée au territoire national mais comporte également le droit de le quitter. Il en découle que l'autorité administrative ne peut refuser un passeport que si les déplacements à l'étranger de celui qui le demande sont de nature à compromettre la sécurité nationale ou la sûreté publique[2]. »
En cas de refus de délivrance d'un passeport, le CE (1991) considère que l'inscription du demandeur au fichier des personnes recherchées (FPR) est légale[2]. Ce fichier est systématiquement consulté en cas de délivrance d'un passeport.
Après la vague d'attentats de 1986, le gouvernement Chirac suspendit tous les accords de dispense du visa d'entrée et rétablit l’obligation du visa d’entrée pour les ressortissants de la totalité des États du monde, à l’exception de ceux de la Communauté européenne, de la Suisse, du Liechtenstein, de Monaco, de Saint-Marin et du Vatican. L'accord européen sur le régime de circulation des personnes entre les pays membres du Conseil de l'Europe et celui relatif à la suppression du visa pour les réfugiés furent suspendus par la France. Outre le visa d'entrée, la France imposa, via une circulaire non publiée du , un « visa de sortie » que les étrangers résidant en France devaient demander pour voyager. Le Gisti (Groupe d'information et de soutien aux travailleurs immigrés) attaqua en justice cette circulaire, et gagna au bout de six ans de procédures, le , devant le Conseil d'État[15]. Il gagna à nouveau, en 1997, ayant contesté cette fois-ci la légalité d'une circulaire de 1994, qui rétablissait des « visas de retour » pour les étrangers résidant légalement en France et partis en voyage[15].
Un passeport périmé doit être restitué, car il est la propriété de l'État français[16].
A noter qu'il est un cas où bien que la présentation d'un passeport par un ressortissant français ne soit pas obligatoire, elle est de facto indispensable; celui du cas de l'entrée dans un territoire d'outre-mer comme la Polynésie française.
En effet pour les français voyageant par avion d'Europe des escales techniques aux États-Unis d'Amérique peuvent être nécessaires ils doivent donc se soumettre aux conditions d'entrée de ce pays. Or, celles -ci requièrent la présentation d'un passeport[17].
Par ailleurs en Polynésie française, la présentation d'un billet de retour peut être exigé pour les ressortissants non-résidents d'origine européenne[18].
Statistiques
La France a produit 4 090 423 passeports en 2018 soit moins que le nombre de cartes d'identité produites la même année (4 810 599)[19]. Ceci revient à 6,12 passeports produits annuellement pour cent habitants, à comparer par exemple avec les États-Unis (6,3 pour 100 hab.[20]).
Apparence du passeport
Les passeports français sont de couleur rouge bordeaux, avec les armoiries officieuses de la République centrées sur la couverture. Le mot « PASSEPORT » est inscrit en dessous des armoiries (de plus, il est souligné s'il s'agit d'un passeport biométrique), « UNION EUROPÉENNE » ainsi que « RÉPUBLIQUE FRANÇAISE » au-dessus. La couverture du passeport électronique comporte le symbole du support électronique en bas. Le passeport français utilise le modèle standard de l'Union européenne avec ses 32 pages.
Il existe aussi un passeport dit « grand voyageur » comportant 48 pages au lieu des 32 pages d'un passeport ordinaire. Ce passeport est disponible depuis le .
Page d'identité
Le passeport français contient les données suivantes aux pages 2 et 3 :
Couleur des yeux (13) – Page 32. Seules les couleurs suivantes sont acceptées : albinos, bleue, bleu-gris, bleu-vert, grise, gris-vert, marron, marron-vert, noire, noisette, pers (bleu-vert foncé), vairon (pour les yeux de couleurs différentes), verte[21]. Les précisions « foncé » ou « clair » ne sont pas admises.
La page d'identité se termine avec une zone optique pouvant être lue par ordinateur.
Langues
La page d'identité est imprimée en français et en anglais. Une traduction dans les langues officielles de l'Union européenne d'avant l'extension de 2004 est fournie sur les pages suivantes, respectivement :
Elle doit avoir été prise au cours des six derniers mois
Le fond ne doit pas être blanc
Les lunettes doivent être absentes
Le couvre-chef ne peut être utilisé que pour des raisons religieuses
Exemptions de visas avec un passeport français
En , les citoyens français peuvent entrer sans visa préalable (soit absence de visa, soit visa délivré lors de l'arrivée sur le territoire) dans 194 pays et territoires pour des voyages d'affaires ou touristiques de courte durée. Selon l'étude de Henley & Partners, le passeport français est le plus puissant du monde (à égalité avec les passeports allemand, espagnol, italien, japonais et singapourien) en termes de liberté de voyages internationaux[22].
Visa délivré à l'arrivée après acceptation du dossier par le Département du Tourisme Bhoutanais
Forfait journalier minimum de 250 US$ par personne (200 US$ en hiver) incluant le service d'un guide, l'hébergement dans des hôtels 3 étoiles minimum, la taxe individuelle quotidienne de 65 US$, le transport en véhicule particulier, les repas et les entrées de musées[30]
Les citoyens français entrant en Chine pour affaires, tourisme, visite de parents et d'amis, ou en transit pour une durée maximale de 15 jours, n'ont pas besoin de visa.
Cas général :
Visa délivré à l'aéroport pour 24 à 72h en cas de transit, ou 1 mois sur l'île de Hainan. Les visas pour les autres cas, délivrés au service consulaire coûtent 126 euros (une ou plusieurs entrées) pour les citoyens de l'Espace Schengen.
Extensible au bureau d'immigration le plus proche Compter environ 1 semaine de délai et 3 visites au bureau (dépôt dossier/photos, empreintes/récupération passeport)
Visa délivré à l'arrivée. Un passeport tamponné avec un visa israélien interdit l'entrée dans certains pays (Algérie, Liban, Syrie, Iran, etc.). Désormais, les autorités délivrent un ticket avec un flashcode à conserver durant le séjour.
Il faut pouvoir justifier d'avoir au moins 22 euros par jour et pouvoir fournir une assurance médicale d'un montant de 10 000 euros minimum. Ne pas transiter par un aéroport russe, au départ ou à l'arrivée. Si le séjour est supérieur à 5 jours, un enregistrement est obligatoire auprès des services d'immigration via l'hébergement.
La durée de validité du passeport doit être supérieure de plus de 90 jours à la date de sortie
Visa requis pour les voyages supérieurs à 16 jours.
La durée de validité du passeport doit être supérieure de plus de 6 mois à la date de sortie. Certaines régions sont soumises à des autorisations spéciales.
E-visa sur le site du ministère des affaires étrangères[34] Ou Voir liste des justificatifs sur site web officiel VFS Global pour le visa
Être obligatoirement titulaire de l'autorisation électronique de voyage eVisitor pour se rendre en Australie que ce soit pour un séjour tourisme ou pour un voyage d'affaires.
↑Agence nationale des titres sécurisés, « Chiffres », sur ants.gouv.fr (consulté le )
↑(en) U.S. Department of State – Bureau of Consular Affairs, « Reports and Statistics » [« Rapports et statistiques »], sur travel.state.gov (consulté le )
↑(en) « Check if you need a UK visa: Tourism », sur GOV.UK (consulté le ) : « You can stay in the UK as a tourist for up to 6 months without a visa. » (en) « Check if you need a UK visa: Work, academic visit or business », sur GOV.UK (consulté le ) : « You can come to the UK as a Standard Visitor for up to 6 months without a visa, but you can only do certain business or academic activities, for example go to a conference or a meeting. »