Après des études de cinéma à l'INSAS (son mémoire de fin d'études est consacré aux rapports entre cinéma et peinture[2]), Philippe Grandrieux présente sa première installation Via la vidéo à la galerie Albert Baronian (Bruxelles) en 1976.
Réalisations
À partir des années 1980, dans le cadre de l'atelier de recherche à l'INA ainsi que pour LaSept/Arte, il propose des formes et des formats qui mettent en question le documentaire, l'information[3], l'essai. Ainsi il crée un laboratoire de recherche intitulé Live[4] qui produit quatorze films en plan séquence d'une heure, sans intervention de post-production avant leur diffusion. Robert Frank[5], Robert Kramer, Thierry Kuntzel, parmi d'autres, y participent.
En 1998, il réalise Sombre (mention spéciale du jury au festival de Locarno), son premier long métrage. Serge Kaganski dans Les Inrockuptibles[6] est le premier à le défendre : « Avec ce premier film stupéfiant, Philippe Grandrieux signe le manifeste risqué d'un cinéma sensoriel, minoritaire au pays du ciné-roman. » Raymond Bellour de son côté dans Trafic intitule son article de manière explicite : « Pour Sombre »[7].
Depuis, le travail de Philippe Grandrieux se déploie autour de la fiction (2002, La Vie nouvelle ; 2008, Un lac ; 2016, Malgré la nuit), du documentaire, de la performance, de l'installation, et se caractérise par une tension constante entre plasticité et narration. La Vie nouvelle, son second long métrage, en est l'exemple le plus vif. Le film est présenté dans de nombreux festivals (Toronto, Viennale, Rotterdam, Lincoln Center - New York…) et, peu après sa sortie en France, les éditions Léo Scheer, sous la direction de Nicole Brenez, publient un ouvrage La Vie nouvelle / nouvelle Vision[8] réunissant plus de quarante textes qui répondent à la question : « Qu’est-ce qu’un grand film ? »
« Au-delà du plaisir qu’il nous procure et quelle que soit la nature de ce plaisir […] il s’agit d’un film qui nous oblige à reconsidérer ce qu’avant lui nous croyions du cinéma […]. La Vie nouvelle, de Philippe Grandrieux, constitue l’un de ces films[9]. »
En 2011, Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution. Masao Adachi reçoit le New Vision Award, au Cph:Dox de Copenhague puis le grand prix expérimental – Essai – Art Vidéo" au festival Côté court de Pantin et, enfin, le grand prix du documentaire au festival international du film de Tripoli (Liban).
En 2011, il entreprend la réalisation d'une trilogie sur La Vie nue[note 1], en référence au concept de Giorgio Agamben[10].
En 2013, le Whitney Museum of American Art offre une carte blanche à cette trilogie alors en cours. En 2019, l'ensemble de cette recherche (White Epilepsy, Meurtrière, Unrest) est présenté à Empty Gallery/Hong Kong sous le titre The Bare Life avec The Scream, une installation constituée de onze projections, « un mélange étrange de rituels religieux et de travail chorégraphique »[11], qui fait écho à la violence du monde[12].
En 2016, il réalise Malgré la nuit. Le film est présenté au festival de Rotterdam, à Berlin (Critic's Week), au Film Comment Select à New York…[note 2].
Son travail donne lieu à un travail critique et à des publications dont la plus récente Philippe Grandrieux, Sonic Cinema de Greg Hainge[13] est parue en 2017 chez Bloomsbury Publishing.
En 2020, Philippe Grandrieux écrit, en collaboration avec Jonathan Littell, le scénario de son prochain long métrage de fiction.[réf. nécessaire]
Sa mise en scène de l'opéra de Richard WagnerTristan und Isolde est présentée à Gand puis à Anvers à l’Opera Ballet Vlaanderen[14] en mars et avril 2023. Elle est programmée ensuite à l'opéra de Rouen en juin 2024[15].
2015/2016 : Fellowship from The Radcliffe Institute for Advanced Study à l'université Harvard[16]
Hommages
En 1998 Sombre est récompensé au festival de Locarno (mention spéciale du Jury).
En 2008, à l'initiative de l'Ambassade de France, la célèbre salle Uplink de Tokyo organise une rétrospective de son travail sous le titre « Extreme Love - Around Philippe Grandrieux ».
La même année, la Tate Modern de Londres, dans le cadre de la rétrospective « Paradise Now! Essential French Avant-Garde cinema 1890-2008 », consacre une séance monographique à Philippe Grandrieux, avec La Vie nouvelle, L'Arrière-saison , Putting Holes in Happiness (clip réalisé pour et avec Marilyn Manson) et un extrait de Un lac alors work in progress.
En 2008, Un lac reçoit une mention spéciale dans la catégorie Orizzonti de la 65eMostra de Venise qui récompense les films ouvrant des nouvelles tendances pour le cinéma[17]. Pour ce film Philippe Grandrieux a reçu aussi le prix de la Meilleure Image (Best Cinematography) ayant fait lui-même l'image de son film ainsi qu'une mention spéciale (Best Innovation) au Festival international de Las Palmas en 2009.
En 2011, Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution. Masao Adachi reçoit le "New Vision Award", au Cph:Dox de Copenhague ; en 2012, le "Grand Prix Expérimental – Essai – Art Vidéo" au Festival Côté Court de Pantin ; en 2013, le Grand Prix du Documentaire au Festival international du Film de Tripoli (Liban).
De juin à septembre 2018, une installation mono écran des dix premières minutes de Sombre est présentée au Palais de Tokyo dans le cadre de l’exposition «Enfance[18]».
2007 : Marilyn Manson découvre La Vie nouvelle et demande à Philippe Grandrieux de réaliser la vidéo de Putting Holes in Happiness un des titres de l’album Eat Me, Drink Me.
2012 : White Epilepsy (59') Avec Hélène Rocheteau, Jean-Nicolas Dafflon, Anja Röttgerkamp, Dominique Dupuy
2017 : Unrest (47') Avec Lilas Nagoya et Nathalie Remadi
2019 : The Scream (60') Avec Lilas Nagoya, Vilma Pitrinaite, Nathalie Remadi, Eleni Vergeti, Bérangère Bodin
2020 : La lumière, la lumière (19') Avec Camille Grandrieux, Lola Norda. Musique Marc Hurtado, Alan Vega. Ce film a été réalisé dans le cadre de "Liminal" une commande du FICUNAM auprès de 4 réalisateurs : Lav Diaz, Philippe Grandrieux, Manuela de Laborde, Oscar Enriquez.
Documentaires
1993 : La Roue (2x 7') Portraits Brian Holm et Gert Jan Theunisse / La Sept/Arte + AMIP
1994 : Les Enjeux militaires (45’) Le débarquement sur les plages de Normandie / France 3 + Anabase
1994 : Jogo do bicho (60') Portrait d'un jeu populaire au Brésil) / La Sept/Arte
1996 : Balladur / Chirac-Kohl / Juppé (3x 7') Portraits réalisés pour le magazine Brut / La Sept/Arte
1996 : Retour à Sarajevo (75’) Juste après les accords de Dayton le retour de Saada à Sarajevo / La Sept/Arte
2011 : Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution / Masao Adachi (74') Philippe Grandrieux filme Masao Adachi, un échange entre deux cinéastes / Epileptic. Ce premier portait de la collection « Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution » (dirigée par Nicole Brenez et Philippe Grandrieux) veut rendre hommage aux cinéastes connus et inconnus qui ont participé, avec des fusils, des caméras ou les deux simultanément, aux luttes de résistance et de libération tout au long du XXe siècle.
2012 : White Epilepsy (30 min) Avec Hélène Rocheteau : Centre Pompidou Metz - Avec le soutien de Montevideo - ActOral - Epileptic
2013 : Meurtrière (180 min) Avec Émilia Giudicelli, Vilma Pitrinaite, Hélène Rocheteau, Francesca Ziviani : Whitney Museum Of American Art, New-York - Dans le cadre du festival Walls and Bridges - Production Epileptic
2014 : Meurtrière (180 min) Avec Émilia Giudicelli, Vilma Pitrinaite, Hélène Rocheteau, Francesca Ziviani : Festival de danse Pharenheit - CCN du Havre Haute-Normandie - Production Epileptic - CCN du Havre Haute-Normandie - direction Emmanuelle Vo-Dinh
2016 : Unrest (47 min) Avec Nathalie Remadi : ICI - CCN de Montpellier - Occitanie Pyrénées-Méditerranée - Production Epileptic - Avec le soutien de l’ICI – CCN de Montpellier / Occitanie Pyrénées-Méditerranée - direction Christian Rizzo
Sept photographies et un texte pour « Jean-Luc Godard-Documents » ouvrage publié en 2005, sous la direction de Nicole Brenez, à l’occasion de la présentation au Centre Pompidou de l’exposition « Voyage en uthopie, Jean-Luc Godard, 1946-2006 », ed. Centre Pompidou,
↑« La vie nue (zôè) désigne chez les Grecs le simple fait de vivre, commun à tous les êtres vivants (animaux, hommes ou dieux), cette vie est distincte de la vie qualifiée (bios) qui indique la forme ou la façon de vivre propre à un individu ou à un groupe. » Homo Sacer, Le pouvoir souverain et la vie nue, Giorgio Agamben, Le Seuil, Paris, 1998.
↑Le film est produit, comme toutes ses fictions de longs métrages, par Catherine Jacques.
Références
↑Frédéric Zarch, Dictionnaire historique du cinéma de Saint-Étienne, PU, Saint-Étienne, 2008, p. 81.
Nicole Brenez, Jeune, dure et pure ! Une histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France, éd. Cinémathèque française, Mazzotta, 2001
Corinne Rondeau, « Sombre, la surface et la chair à propos d’un film de Philippe Grandrieux », Cinéma et inconscient, éd. Champs Vallon, 2001
Raymond Bellour, « Des corps renouvelés », Trafic, no 44, P.O.L, hiver 2002
« La Vie nouvelle/nouvelle Vision, à propos d’un film de Philippe Grandrieux », sous la direction de Nicole Brenez, éd. Léo Scheer, . Avec des textes de : Jonathan Rosenbaum, Raymond Bellour, Nicole Brenez, Sothean Nhieim, Fabien Gaffez, Serge Kaganski, Augustin Gimel, Lionel Soukaz, Adrian Martin, Vincent Amiel, Peter Tscherkassky… Ce recueil inclut un DVD du film La Vie nouvelle.