Philippe Ier, dit « le Magnanime » (der Großmütige), est né le à Marbourg et mort le à Cassel. Landgrave de Hesse de 1518 à sa mort, il est l’un des principaux chefs protestants de la ligue de Smalkalde.
Il succéda à son père en 1509 : n’étant âgé que de cinq ans, sa mère assura la régence et il fut proclamé majeur à 14 ans. Son éducation était encore imparfaite, sa formation morale et religieuse avaient été négligée. Malgré cela, il se révéla rapidement un véritable homme d’État : il commença à prendre certaines mesures afin d’augmenter son autorité.
Sa première rencontre avec Martin Luther eut lieu en 1521. D'emblée, le landgrave adolescent tomba sous le charme du réformateur, malgré son peu d’intérêt pour les questions religieuses. En 1524, il se convertit au protestantisme après une rencontre avec le théologien et professeur Philippe Melanchthon.
Philippe Ier de Hesse détermina l’organisation de l’Église luthérienne selon des principes nouveaux. En cela, il fut aidé par son chancelier Feige de Lichtenau et son aumônier Adam Krafft, mais également par l’ex-franciscain François Lambert d’Avignon. Du 20 au 22 octobre 1526, il organise un synode à Homberg qui réunit le clergé, la noblesse et les représentants de la ville. Ce synode s'organise en parallèle de la Diète de Spire d'août 1526 qui offrait une liberté plus importante à chaque autorité souveraine. S'opposent alors Lambert et Krafft contre le franciscain Nicolas Ferber. La défaite du franciscain fut suivie de la promulgation d'un texte résumant les grands principes de la Reformatio ecclesiarum Hassiae. Il créa la première université protestante en 1527 à Marbourg, cette université étant destinée à l’enseignement de la théologie protestante.
Les menées des évêques de Wurtzbourg et des archevêques-électeurs de Mayence contre les progrès de la Réforme, la combinaison de plusieurs circonstances, y compris les rumeurs de guerre, ont convaincu Philippe Ier de Hesse de l’existence d’une ligue secrète parmi les princes catholiques. Il fut conforté dans ses soupçons par un aventurier employé dans diverses missions importantes par Georges de Saxe : ce conspirateur allemand se nommait Otto von Parck. Martin Luther et le chancelier poussèrent Philippe Ier de Hesse à passer à l’action.
L’autorité impériale réunie à Spire interdit toute infraction à la paix et, après de longues négociations, Philippe Ier de Hesse réussit à extorquer des fonds couvrant les dépenses pour l’armement des diocèses de Wurtzbourg, de Bamberg et de Mayence. Malgré tout, pour Philippe Ier de Hesse, les affaires se présentaient mal, au printemps de 1529 lors de la seconde diète de Spire, il fut totalement ignoré par l’empereur Charles Quint. Néanmoins il prend une part active dans l’union des représentants protestants, dans la préparation de la protestation présentée à Spire.
Philippe avait aussi pour volonté que d'unir les différents courants protestants. Cette vision irénique s'est traduite par le colloque de Marbourg, en octobre 1529, qui a réuni les principales figures du protestantisme. Mais ce dernier s'est avéré infructueux.
Avant de quitter la ville de Spire, Philippe Ier de Hesse réussit le à trouver un arrangement secret entre la Saxe, la Hesse, Nuremberg, Strasbourg et Ulm.
Il signe en 1530 la confession d’Augsbourg : il est depuis aussi un des chefs de la ligue des princes protestants de Smalkalde. En 1531, il chasse le prédicateur catholique Georg Witzel du Landgraviat de Hesse pour ses agissements à l'encontre du mouvement luthérien[1].
En 1535, il participe à la vindicte contre la ville rebelle de Münster. Celle-ci, à l'origine ville épiscopale, était tombée entre les mains de fervents anabaptistes qui voyaient entre ses murs la nouvelle Jérusalem. La ville est administrée par Jean de Leyde, un théologien tyrannique et sanguinaire. Une armée composée de catholiques et de protestants unifiés, dont Philippe écrasent la rébellion et remettent au pouvoir le prince-évêque de Walden.
En 1542, il se lance dans la conquête du duché de Brunswick-Wolfenbüttel, seul territoire de l’Allemagne du Nord qui n’était pas encore gagné au protestantisme, et qui s'était montré violent avec l'attaque de la ville impériale protestante de Goslar, en 1542. Le duc Henri II de Brunswick-Wolfenbüttel est chassé et fuit en Bavière. Cette victoire sur le duc a d'importantes conséquences, Philippe de Hesse et Jean-Frédéric de Saxe sont alors mis au ban de l'empire, à la suite de la destitution d'Henri II.
Philippe est vaincu par Charles Quint à bataille de Muehlberg le 24 avril 1547 et est quatre ans retenu prisonnier par l'empereur. À sa mort, en 1567, le landgraviat de Hesse est partagé entre ses quatre fils :
Bien qu'il soit toujours marié à Christine de Saxe, Philippe Ier épouse morganatiquement avec l'accord de Martin Luther Marguerite von der Saale (1522-1566) le . Neuf enfants sont nés de cette union :
Philippe (1541-1564) ;
Hermann (1542-1568) ;
Christophe-Ernest (1543-1603) ;
Marguerite (1544-1608), épouse en 1567 Hans Bernard d'Eberstein, puis en 1577 Étienne-Henri d'Everstein ;
Albert (1546-1569) ;
Philippe-Conrad (1547-1569), comte ;
Maurice (1553-1575) ;
Ernest (1554-1570) ;
Anne (1558-1558).
Références
↑(en) Peter G. Bietenholz et Thomas Brian Deutscher, Contemporaries of Erasmus: A Biographical Register of the Renaissance and Reformation, University of Toronto Press, (ISBN978-0-8020-8577-1, lire en ligne)
Jean-Yves Mariotte, Philippe de Hesse (1504-1567). Le premier prince protestant, Paris, Honoré Champion, collection « Bibliothèque histoire moderne et contemporaine », 2009, 320 p.
Suire, Éric. « Chapitre 1. L’agonie de la respublica christiana médiévale », , Pouvoir et religion en Europe. XVIe – XVIIIe siècle. Armand Colin, 2018, pp. 19-53.
Brady A. Thomas Jr, Editor, Heiko A. Oberman, Communities, Politics and Reformation in Early Modern Europe(Leiden; Boston; Brill; Koeln, 1998) pp. 94