Un poète lauréat, ou poète lauré (en latin : poeta laureatus), est un titre honorifique donné dans de nombreux pays d'Europe et d'autres continents de culture européenne à des poètes afin de les honorer ; ce titre impliquait souvent, comme en Grande-Bretagne l'exercice d'une fonction officielle à la cour. Le rôle du poète-lauréat variait selon les pays, mais il impliquait généralement la composition de poèmes pour des occasions spéciales, nationales ou publiques. Il s'agit d'une position honorifique qui vise à promouvoir la poésie et les arts littéraires au sein de la société, montrant ainsi l'importance de ces arts au sein de l'Empire romain et l'influence de ceux-ci sur la sphère politique et religieuse.
Dans la seconde strophe d' "Horreur Sympathique", un court poème des Fleurs du mal de Charles Baudelaire, celui-ci évoque Ovide, le poète des débuts de l'empire romain, né à la charnière du premier siècle, et actif sous le règne d’Auguste.
Ovide est célèbre pour ses Métamorphoses, un livre qui entreprend de raconter en quinze chants l'histoire et les âges successifs du monde, depuis sa genèse. Un récit fait de transformations successives, où les femmes et les hommes changent d'apparences, deviennent des grottes ou des fleurs, des animaux ou des choses.
Ce titre de poète lauré[1] ou lauréat fut délivré par les autorités officielles, les papes, les rois et les empereurs du Saint-Empire romain où le dernier poète lauréat fut couronné par l'empereur en 1804. Cette institution officielle disparut avec le Saint-Empire en 1806.
Ce titre fut supprimé dans de nombreux États européens à la suite de la Révolution française et de son idéologie égalitaire d'universalisme républicain, mais il est toujours délivré et apprécié en Grande-Bretagne, au Canada, aux États-Unis par exemple.
États-Unis
Aux États-Unis, la qualité de « poète lauréat » est toujours délivrée. Voici quelques récipiendaires :
L'université de Paris décernait le titre de poète couronné.
République Française
Le titre de poète lauréat n'est plus attribué.
Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, le poète lauréat (Poet Laureate en anglais) est le poète officiel du monarque. Traditionnellement, on attendait de lui qu'il composât des poèmes à l'occasion de diverses célébrations officielles.
Ce terme existe en Angleterre, en Grande-Bretagne et au Royaume-Uni dans son ensemble depuis des siècles : le titre a été officiellement institué au temps de Charles II, en étant alors formalisé par des lettres de cachet (autrement dit, des arrêtés) signées par le roi, mais la fonction existait déjà auparavant de manière moins formelle. À l'origine, le poète lauréat était nommé à vie mais, depuis 1999, la durée de la fonction a été réduite à dix ans. Il reçoit aujourd'hui encore un salaire symbolique, en sa qualité de membre de la cour royale mais, depuis 1843, il n'a plus aucun devoir spécifique en termes de production de poésie.
A la mort de la Reine Elisabeth II, le poète lauréat qu'elle avait désigné de son vivant, Simon Armitage, lui a ainsi rendu un dernier hommage.
Il a écrit le poème "Floral Tribute". Ce poème est brodé autour des fleurs, dont le Lys et le muguet. Le lys est utilisé comme métaphore pour représenter la reine. Quant au muguet, il est connu pour être l’une des fleurs préférées de la défunte reine, et faisait d’ailleurs partie de son bouquet de couronnement.
Chaque première lettre de chaque début de phrase du poème, originellement écrit en anglais, une fois compilée, forme le prénom « Elizabeth ». Le poème se compose de deux vers, qui décrivent l’arrivée d’une soirée de septembre et l’apparition de la fleur de Lys comme « un signe de remerciement ».
Ce poème et son auteur montrent le caractère contemporain du terme de poète lauréat. A travers les siècles, ce titre honorifique s'est progressivement démocratisé, mais son lien intrinsèque avec les gouvernants ne s'est point distendu.
Ainsi, le poète lauréat, choisi par le souverain est certes censé promouvoir la poésie au niveau national et célébrer les grands événements de la monarchie et du pays (ou du monde – Armitage a écrit un poème sur l’invasion de l’Ukraine), mais il n’y est pas tenu.
Dans son travail de célébration de l’actualité monarchique, chaque « canari royal » (expression du poète Dylan Thomas) peut retenir tel moment plutôt que tel autre, suivant ses préférences et les circonstances. La prédécesseure d’Armitage, Ann Duffy, première femme poète lauréate, écrivit par exemple une ode rimée pour les noces de Kate et William.
Après la mort de Edmund Spenser, le titre fut attribué sur une base plus régulière. Une fois désigné, le poète lauréat conservait sa fonction à vie. Il percevait une pension annuelle, et devait écrire de la poésie sur demande, lors d'occasions formelles.
Le Scots Makar est l'équivalent non rémunéré du Poet Laureate, et il a pour fonction de représenter et de promouvoir la poésie en Écosse. Le professeur Edwin Morgan a été nommé à ce poste le .
En février 2005, le Pays de Galles a annoncé son intention d'avoir son propre poète national, rétribué par un prix de 5 000 livres sterling. Les poètes suivants ont été nommés :
Le Tasse est mort à Rome alors qu'il était sur le point d'être couronné.
Bibliographie
Abbé du Resnel, "Recherches sur les poètes couronnez. Poetae laureati", dans : Mémoires de littérature, tirez des registres de l'Académie Royale des Inscriptions et belles-lettre, Paris, tome X (de 1731 à 1733), 1736, p. 507-524Lire en ligne.
Diderot, Encyclopédie, sub verbo "poète couronné" Lire en ligne
John L. Flood, Poets Laureate in the Holy Roman Empire: a bio-bibliographical handbook., 4 volumes, Berlin : De Gruyter, 2006.
Références
↑"Les Œuvres Poétiques de Jacques Lòys , Docteur ès Droits , & Poète Lauré".