Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle qu'on retrouve dans les régions tropicales de l'Inde et de l'Afrique.
Description
C'est une plante grimpante qui peut mesurer plus de 15 mètres de haut, ses fleurs sont blanches ou pourpres et ses gousses, qui mesurent 10 cm, sont recouvertes de poils brun jaunâtre. Les multiples poils qui recouvrent ses gousses sont pointus et urticants. Ces poils étant dispersés par le vent, sous le vent et assez loin de gousses, l'effet urticant est déjà fort. Secs, les pois pèsent de 0,55 à 0,85 g[2].
Surnoms
Il est connu sous de multiples noms dont :
Haricot pourpre
Pois du Bengale
Poil à gratter (Cow'itch en anglais Juckbohne en allemand)[3],[4]
Cow'hage
Picapica
Kapikachu
Yerepe (Yoruba)
Atmagupta
Haricot sauvage
Poonaikali
Kaunch
Tainkilotro en malgache
Composition
Le pois mascate contient les composés suivants[5] :
Dans les années 1950, Walter Shelley, un pionnier de la recherche sur les démangeaisons, émit l’hypothèse que le facteur de démangeaison du pois de Mascate est une enzyme, une protéase qu’il nomma mucunaïne. En 2008, Ethan Lerner confirma cette intuition en découvrant que la mucunaïne active un récepteur nommé PAR2 (Protease-Activated Receptor 2), présent dans la peau et les cellules nerveuses[6].
Les composants chimiques responsables des démangeaisons sont donc la mucunaïne, une endopeptidase, enzyme très irritante, et la sérotonine. En conjonction, elles favorisent le prurit (son nom d'espèce pruriens signifie : irritant).
Utilisation
Le pois mascate est couramment utilisé à travers le monde dans les cultures de fourrages et d'engrais verts[2]. Les poils extérieurs de ses gousses peuvent servir de poil à gratter[7].
Médecine
Le pois mascate est utilisé dans la médecine ayurvédique qui lui prête de nombreux bienfaits dont celui de traiter l'anémie, la dysenterie, l'aménorrhée, les vers intestinaux et les morsures de serpents. Il est également utilisé pour ses effets anti-vieillissement.
Source de L-Dopa, l'extrait ou les graines de pois mascate sont utilisés en médecine complémentaire dans la lutte contre la maladie de Parkinson et la dépression. Toutefois la biodisponibilité de la L-Dopa dans les graines de Mucuna est bien moindre (à quantité équivalente) que celle obtenue avec L-Dopa de synthèse (qui est formulée en association avec un inhibiteur de l'enzyme DOPA décarboxylase) ce qui la rend aussi moins efficace à traiter les symptômes parkinsoniens[8].
Des vertus aphrodisiaques sont également prêtées au pois mascate, il soignerait les troubles de l'érection et stimulerait la libido[9],[10]. Le traitement par Mucuna pruriens a démontré un effet anti-obésité avec une amélioration de la composition corporelle, du profil biochimique et de la santé intestinale de rats obèses[11].
Riche en composants psychomimétiques pouvant provoquer des changements de comportement comparables aux effets hallucinogènes[12]
Le pois mascate a été introduit dans des itinéraires techniques de culture du maïs, au Honduras et au Guatemala, par des organisations non gouvernementales comme World Neighbors, Cosecha et Centro Maya. Elles ont constaté que sa culture avec du maïs augmentait considérablement les rendements. Cultivé comme amendement, il peut fixer 150kg d'azote par hectare et produire annuellement entre 50-100 tonnes de biomasse. Le matériel végétal est couché au sol comme engrais vert, ainsi, il élimine les adventices et participe à la construction du sol. Cette technique agronomique évite l'agriculture sur brûlis pour la création de nouvelles parcelles agricoles. Technique relativement simple, elle a, simultanément, l'avantage d'améliorer la fertilité des sols avec des méthodes à bas prix et de préserver les forêts tropicales[13].
↑Stephani Sutherland, Ces démangeaisons qui nous rendent fous, Pour la Science, n° 471, janvier 2017, p. 34.
↑(en)
G. V. Joglekar, M. B. Bhide J. H. Balwani. An experimental method for screening antipruritic agents. British Journal of Dermatology. Volume 75 Issue 3 Page 117 - March 1963
↑Manuela Contin, Giovanna Lopane, Andrea Passini et Ferruccio Poli, « Mucuna pruriens in Parkinson Disease », Clinical Neuropharmacology, vol. 38, no 5, , p. 201-203 (DOI10.1097/wnf.0000000000000098, lire en ligne, consulté le )
↑Renata Leite Tavares, Maria Helena de Araújo Vasconcelos, Victor Augusto Mathias Dorand et Emanuel Ubaldino Torres Junior, « Mucuna pruriens treatment shows anti-obesity and intestinal health effects in obese rats », Food & Function, vol. 12, no 14, , p. 6479–6489 (ISSN2042-650X, PMID34076654, DOI10.1039/d0fo03261a, lire en ligne, consulté le )
↑Richard Evans Schultes, Albert Hofmann, Les plantes des dieux, Suisse, Les éditions du Lézard, , 192 p. (ISBN2-9507264-2-9), p. 69