Parfois surnommé le « doyen des écrivains de science-fiction[3] », il a écrit des ouvrages, parfois controversés, qui continuent d'influencer le genre de la science-fiction et plus généralement la culture moderne.
À la fin des années 1940, Heinlein devient l'un des premiers écrivains de science-fiction américains à sortir du pulp pour être publié dans des magazines grand public[3] tels que The Saturday Evening Post. Ses écrits furent des succès d'édition pendant de nombreuses décennies. À ce titre, il fait partie, avec Isaac Asimov et Arthur C. Clarke, des « Trois Grands » (Big Three) auteurs de science-fiction de langue anglaise[4],[5].
Né dans une petite ville du Missouri, au cœur de l'Amérique rurale du début du XXe siècle, Robert Heinlein grandit au sein « du plus bigot des fondamentalismes[réf. souhaitée] de la Bible Belt » (expression dont il se sert lui-même[8]). Il s'en échappe intellectuellement dès 13 ans, âge auquel il lit Charles Darwin et devient essentiellement athée, cette conviction étant visible dans son œuvre.
Ses ancêtres à la sixième génération étaient d'origine allemande ; selon une tradition familiale, les Heinlein auraient participé à toutes les guerres des États-Unis depuis la guerre d'indépendance[9]. Lui-même a eu une formation dans la marine et a cessé ses activités littéraires pendant qu'il participait à l'effort de guerre.
Heinlein publie sa première nouvelle de science-fiction, Ligne de vie (Life Line) en [11]. Il raconte[c] que cette nouvelle avait été originellement écrite pour un concours doté d'un prix de cinquante dollars mais, la jugeant très bonne, il décide de la faire publier et John W. Campbell le rétribue de soixante-dix dollars pour sa parution dans le magazine Astounding Science Fiction[d].
Pendant les deux années qui suivent, il publie plusieurs nouvelles et en assure la cohérence en les inscrivant dans une « Histoire du futur » qu'il élabore pour décrire l'histoire de l'humanité de 1950 à 2600. La trame en est publiée pour la première fois dans le numéro de de la revue Astounding Science Fiction. La nouvelle Solution non satisfaisante est également publiée dans le même numéro de d'Astounding Science Fiction[12]. Dans ce texte, Heinlein est l'un des premiers à aborder les conséquences géopolitiques des armes nucléaires, sujet qui l'obsède le reste de sa vie[e].
À l'entrée en guerre des États-Unis, Heinlein cesse toute activité littéraire et travaille comme ingénieur civil dans un laboratoire de la marine. Il y fait entrer Isaac Asimov et L. Sprague de Camp. Après la guerre, il a une brève période de militantisme actif en faveur d'un contrôle supranational des armes nucléaires, puis ne vit plus que de sa plume.
Plusieurs ouvrages posthumes ont été publiés : Grumbles From the Grave (1989, recueil de correspondance) Take Back Your Government (1992, d'après un manuel inédit de 1946), Tramp Royale (1992, journal d'un voyage autour du monde de 1954) et For Us The Living (2003, manuscrit « retrouvé » d'un premier roman de v. 1938). En 2006 est paru Variable Star, roman composé par Spider Robinson à partir d'un synopsis des années 1950, et curieusement cosigné par Spider Robinson et Robert Heinlein.
Vie privée
Robert Heinlein a été marié trois fois[2] : à Elinor Leah Curry (1929), à Leslyn McDonald (1932-1946) et à Virginia Gerstensfeld (1947-1988). Il n'a pas eu d'enfant.
Le cas de Virginia (« Ginny ») est particulier. D'abord une amie, elle resta la femme de Heinlein jusqu'à la mort de ce dernier. Il n'y a pas de doute qu'elle servit de modèle pour les héroïnes déterminées et indépendantes de Heinlein[14],[15]. Chimiste, athlète accomplie, elle s'est occupée du test de fusées et avait dans la marine un grade supérieur à celui de son mari[16]. Elle est morte en 2003, à 86 ans. Avec son mari, elle avait construit une « maison de l'avenir », dotée de toutes les innovations[13],[17]. Asimov la rend aussi responsable du glissement de Heinlein vers la droite politique (les époux ont soutenu Barry Goldwater)[18].
Grand voyageur, Heinlein fit plusieurs fois le tour du monde et visita plus de quatre-vingts pays sur les cinq continents, y compris l’URSS et la Chine communiste pendant la guerre froide.
Prises de position publiques
Dans les années 1960, il est l'un des signataires d'un appel en faveur de la bombe atomique, sujet qui divisait alors la science-fiction américaine et qui lui vaut des critiques pour son « ambiguïté idéologique »[10].
L’Histoire du futur est un cycle de nouvelles et de romans rédigés par Heinlein principalement au début de sa carrière, entre 1939 et 1941 puis entre 1945 et 1950. Il y décrit un futur possible de l’humanité entre le milieu du XXe siècle et le début du XXIIIe siècle en traitant principalement de la conquête spatiale dont il tente d'échafauder un déroulement « réaliste »[20].
La liste suivante recense les nouvelles et récits traduits en français s'inscrivant dans l’Histoire du futur, regroupés suivant leur dernière édition :
Histoire du futur, I : L'homme qui vendit la Lune (The Man Who Sold the Moon), 1950.
Que la lumière soit (Let There Be Light), 1940 (absente de l'édition originale définitive The Past Through Tomorrow de 1967 et de la récente édition Folio SF).
La bibliothèque de l'université de Californie à Santa Cruz conserve les Robert A. and Virginia G. Heinlein papers, un fonds documentaire regroupant les archives professionnelles et personnelles de l'auteur, notamment des manuscrits de ses œuvres, des articles, des correspondances, des critiques de livres, des programmes télévisés et radiophoniques, des documents juridiques et financiers ou encore des illustrations et des photographies[23],[24],[25]. L'ensemble des 112 références disponibles contient près de 106 000 pages (sur 200 000 à terme)[réf. souhaitée].
Commentaires
Dans son roman Révolte sur la Lune, Robert Heinlein mentionne l'adage connu sous son acronyme « TANSTAAFL » pour « There Ain't No Such Thing As A Free Lunch ». Cet adage, utilisé par certains économistes dès les années 1940 sous la forme plus grammaticale « There Is No… », signifie qu'on n'a rien sans rien. Une traduction littérale dans le style populaire de l'expression originale serait : « Y'a pas de repas gratuit ».
La première traduction française de Révolte sur la Lune utilisait l'acronyme « URGESAT » (« Un repas gratuit est supérieur à tout »), ce qui est un contre-sens ; l'édition révisée utilise le terme « URGCNEP » (« Un repas gratuit, ça n'existe pas[26]) ».
↑Une autre reconstitution est proposée par Robert James, sur la base de faits partiellement connus, dans la postface de l'édition suivante de For Us, The Living, New York, Scribner, 2004. Une autre encore, plus romancée, est proposée par Spider Robinson dans l'introduction.
↑Le texte original, non expurgé et beaucoup plus long, a été réédité en 1991 par sa veuve. Heinlein avait été contraint, par ses éditeurs, d’expurger son propre texte, ce qu’il avait réussi à faire sans trop le trahir (bien que ses admirateurs jugent qu’il avait dû en sacrifier beaucoup). Il n’a peut-être pas été retraduit. Voir l’article sur le roman.
↑ a et b(en) M. Keith Booker et Anne-Marie Thomas, The Science Fiction Handbook, Oxford, John Wiley & Sons, coll. « Blackwell Guides to Literature Series », , 348 p. (ISBN978-1-4051-6205-0, lire en ligne), p. 155
« Sometimes called the 'dean of science fiction writers', Robert A. Heinlein was one of the leading figures of science fiction's Golden Age and one of the writers most responsible for establishing the science fiction novel as a publishing category. »
↑(en) Patrick Parrinder, Learning from Other Worlds : Estrangement, Cognition, and the Politics of Science Fiction and Utopia, Duke University Press, , 312 p. (ISBN978-0-8223-2773-8, lire en ligne), p. 81
« This short discussion of Asimov, Clarke and Heinlein—the so-called Big Three, who largely dominated American (and, to a lesser extent, Anglo-American) science fiction during the 1940s, the 1950s and well into the 1960s—should serve to suggest the particularly complex affinity between science fiction and critical theory in its Blochian version. »
↑(en) Robert J. Sawyer, « The Death of Science Fiction », sur sfwriter.com (consulté le ) : « And yet, the publishers do whatever they can to continue to milk the big three: Asimov, Clarke, and Heinlein ».
↑(en) M. Arbeiter, « 15 Things You Might Not Know About "Stranger in a Strange Land" », sur mentalfloss.com, : « The apex of Heinlein’s career and a cornerstone of its genre, the sociopolitical allegory is now recognized as a landmark of American literature. »
↑(en) William Patterson, Robert A. Heinlein : 1907–1948, learning curve, New York, Tom Doherty Associates, , 624 p. (ISBN978-0-7653-1960-9, lire en ligne), « Appendix 2 ».
↑ a et b« Mort de Robert Heinlein : Un romancier du futur », Le Monde, (résumé)
↑Franz Rottensteiner (trad. de l'anglais par Françoise Sotelo), La science fiction illustrée : Une histoire de la S.F. [« The Science-Fiction Book : an Illustrated History »], Seuil, , 162 p., p. 99
↑(en) Astounding Science Fiction, vol. 27, t. 3 (périodique), Street & Smith Publications, Inc., , 164 p. (présentation en ligne)
↑ a et b(en) Thomas E. Stimson, Jr., « A house to make life easy » [« Une maison pour rendre la vie facile »], Popular mechanics, vol. 97, no 6, , p. 65-69 (lire en ligne, consulté le )
↑Dans « Robert A. Heinlein et la pédagogie du réel », Editions Somnium, 2008.
↑(en) University of California, Santa Cruz (The University Library, Special Collections and Archives), Robert A. and Virginia G. Heinlein papers (fonds documentaire) (no MS 95), 1907-2004, 366 boîtes (présentation en ligne)
↑« Critique de Révolte sur la Lune », sur nebalestuncon.over-blog.com/, : « "TANSTAAFL !" C’est-à-dire : "There Ain’t No Such Thing As A Free Lunch". En français : "URGCNEP : Un Repas Gratuit, Ça N’Existe Pas" ».
(en) Alexei Panshin, Heinlein in dimension : a critical analysis, Chicago, Advent Publishers, , 214 p. (ISBN978-0-911682-12-0)
(en) Joseph D. Olander (éditeur) et Martin Harry Greenberg (éditeur), Robert A. Heinlein, New York, Taplinger Pub. Co., , 268 p. (ISBN978-0-8008-6802-4)
« Robert A. Heinlein et la pédagogie du réel », Actes des premières Journées Interdisciplinaires Sciences & Fictions de Peyresq, ouvrage collectif dirigé par Ugo Bellagamba et Éric Picholle (2008, Éditions du Somnium).