Né à Philippeville du mariage de Raphaël Irolla (1903-1952), charpentier de marine, et de Vincente Féola (1906-1991) et attiré par le dessin et la peinture dès son enfance — il parcourt les rues de sa ville natale avec son chevalet et y connaît sa première exposition personnelle au magasin Meubles Grosso en 1952[1] — Roland Irolla, qui effectue ses études secondaires à l'école Fernand-Buisson de Philippeville, quitte l'Algérie après la mort de son père pour rejoindre en son oncle Charles Féola (Philippeville 1917 - Argentat 1994), artiste peintre de Montmartre. Si le premier maître de ce dernier est Fernand Herbo, il est surtout fidèle ami de Maurice Utrillo qu'il a rencontré pour la première fois sur la place du Tertre en 1945, ayant séjourné plusieurs mois chez lui au Vésinet et ayant su mettre à profit ses conseils tout en développant son propre style[2],[3],[4]. Charles Féola prend son neveu sous sa protection[5], l'hébergeant au 9, rue du Mont-Cenis, et le partage de sa vie entre Montmartre et Argentat en Corrèze vaut au jeune Roland d'exposer avec lui en la mairie d'Argentat en 1954.
En , Roland Irolla part à Nice, y demeurant jusqu'à son appel sous les drapeaux en à l'École d'application de l'artillerie de Châlons-sur-Marne où, restitue Jean-Pierre Ravaux, c'est « cet homme étonnant qu'est le père Jean Dhyvert », aumônier militaire et curé de la collégiale Notre-Dame-en-Vaux, qui « découvre le talent du jeune appelé et le fait connaître autour de lui »[6], le faisant invité d'honneur du 1er Salon des peintres militaires en mai 1957 et lui consacrant un article dans le catalogue de l'exposition[7].
Le service militaire de Roland Irolla se poursuit jusqu'en 1958 en tant que sous-officier du 59e régiment d'artillerie en Algérie, successivement à Mondovi, Bir el-Ater (d'où une brève expédition saharienne le mène à El Oued, Touggourt et Biskra dont il peint des vues à l'aquarelle) et finalement Philippeville, sa ville natale qu'il voit pour la dernière fois et qui lui organise alors une exposition personnelle[6]. Il est dès lors illustrateur de documents philatéliques officiels, de cartes postales et d'enveloppes premier jour qui seront évalués à plus de 600 pièces ainsi créées[1]. « Il saura montrer, évoque encore Jean-Pierre Ravaux, son talent dans de multiples domaines : la philatélie, la médaille, l'illustration de livres, la fresque… Mais le regard porté sur le patrimoine restera un axe majeur de son art »[6].
Il épouse Marsha Steng, d'origine américaine, en 1959. Le couple s'installe à Champigny-sur-Marne en 1959 puis rue Laforêt à Châlons-sur-Marne en 1960. Roland Irolla est de 1960 à 1964 artiste permanent à Montmartre de la galerie La Chignole qui appartient à Jean Billon, premier mari de Patachou, et ses toiles sont alors également accrochées dans deux cabarets proches, Le Poulailler (rue Norvins) et Chez Geneviève (55, rue du Chevalier-de-La-Barre)[6].
À partir de 1971, l'atelier de Roland Irolla est situé à Matougues (48, Grande rue), de même dans le département de la Marne. Participant en 1985 au Congrès international de la médaille à Stockholm, il étend son voyage jusqu'au Cercle arctique[6].
En 2008, il s'installe dans le quartier Goise de Niort, dans les Deux-Sèvres[8].
Œuvres
Illustrations d'ouvrages
Michel Martin (préface), En flânant dans Châlons, 50 dessins de Roland Irolla, Châlons-sur-Marne, 1965.
Charles Eggermann, Il était une fois, 12 dessins de Roland Irolla, Imprimerie Saint-Paul, Bar-le-Duc, 1965.
Charles Eggermann, Toi qui as des mains, dessins de Roland Irolla, Imprimerie Saint-Paul, Bar-le-Duc, 1965.
Charles Eggermann, Le Peau rouge, 12 dessins de Roland Irolla, Imprimerie Saint-Paul, Bar-le-Duc, 1966.
François Veillerette (préfaces de Geneviève Dévignes et Gaston Gréco), Le bréviaire de porcelaine, illustrations de Roland Irolla, éditions Patrimoine 52, Chaumont-en-Bassigny, 1970.
Gilbert Foret (préfaces de Jean Taittinger et Geneviève Dévignes), J'aurai toujours un mot - Poèmes, illustrations de Roland Irolla, Société alsacienne d'expansion photographique, Colmar-Ingersheim, 1972.
Dom Jean-Marie Berland, L'Épine en Champagne, dessins de Roland Irolla, Société alsacienne d'expansion photographique, Colmar-Ingersheim, 1972.
Michel Ménard (préface) et André Guyot (commentaires historiques), Promenade dans Châlons, 62 dessins de Roland Irolla, 1973.
Suzanne Morin, Les fils d'or - Poèmes, illustrations de Roland Irolla, éditions Suzanne Morin, 1974.
Alain Peyrefitte (préface) et Charles Thiriot (commentaires historiques), En flânant dans Provins, 54 dessins de Roland Irolla, 1975.
Marcel Turon (préface), Découverte de la Champagne-Ardenne, 70 dessins de Roland Irolla, 1.100 exemplaires numérotés, Imprimerie Rive-Gauche, Fagnières, Châlons-sur-Marne, 1976.
François Villon, Œuvres, 18 planches hors-texte par Roland Irolla, 180 exemplaires numérotés, Librairie Anavoizard, Montceaux-les-Mines, 1977.
Abbé Jean Fagnier, Robert Pannet et Jean-Pierre Ravaux, La basilique Notre-Dame de L'Épine, dessins de Roland Irolla, éditions Jean Fagnier, L'Épine, 1977.
Robert Galley (préface) et André Beury (commentaires historiques), En flânant dans Troyes, 61 dessins de Roland Irolla, 1978 (1er tirage : 700 exemplaires numérotés), 1980 (2e tirage : 1.500 exemplaires numérotés).
Adrienne Henry, Pierres de flamme, dessins de Roland Irolla, La Française d'édition et d'imprimerie, Rochefort-Montagne, 1978.
André Bettencourt (préface) et Marie-Lucie Guimard (commentaires historiques), Abbayes normandes, 63 dessins de Roland Irolla, 700 exemplaires numérotés, Imprimerie Rive-Gauche, Châlons-sur-Marne, 1979.
Geneviève Dévignes (préface de Gabriel Groley), Écoute s'il pleut ? - Nouvelles provoquées par la Champagne, illustrations de Roland Irolla, éditions Geneviève Dévignes, 1980.
Jean Rocard (préface) et Jean-Louis Brizard (commentaires historiques), En flânant dans Reims, 80 dessins de Roland Irolla, 1981.
Robert Pannet, Marie au buisson ardent, illustrations de Roland Irolla, éditions SOS, 1982.
La route des abbayes normandes - 1. Pays de Caux - 2. Basse Normandie - 3. Mont-Saint-Michel, 36 dessins de Roland Irolla répartis en 3 pochettes, Art Publicité Éditions, 1986.
Christian Lantenois, Henri Guillaumet, 1902-1940, dessins de Roland Irolla, éditions de l'Association des Amis de Henri Guillaumet, 2006.
Hervé Paul, Le comte Louis de Chevigné, 1793-1876, dessins de Roland Irolla, ABM éditions, Courtomer, 2008.
Claude Hérique, À la rencontre du comté de Vaudémont, illustrations de Roland Irolla, Imprimerie Apache Color, Nancy, 2014.
Monique Colin, À la découverte de la seigneurie de Frolois, illustrations de Roland Irolla, Véoprint, Courbevoie, 2015.
À la découverte du vignoble de Champagne, 150 illustrations par Roland Irolla, éditions Roland Irolla, Niort, 2016[9],[10].
Daniel Rondeau de l'Académie française (préface) et Hervé Chabaud (commentaires historiques), Paris - Trésors dévoilés, 150 illustrations de Roland Irolla, 300 exemplaires numérotés dont 150 sont enrichis d'un dessin original, les 300 d'un encart commémoratif de quatre pages au même numéro que le livre, revêtu d'un timbre-poste type « Montimbramoi » représentant la cathédrale Notre-Dame de Paris et d'une oblitération spéciale, éditions Roland Irolla, Niort, 2021[11],[12].
Jérôme Baloge et Laurence Lamy (préfaces), En flânant dans Niort, 150 illustrations par Roland Irolla, 125 exemplaires numérotés enrichis d'un dessin original et d'une suite de 4 planches, éditions Roland Irolla, Niort, 2023[13],[14].
Bicentenaire de la Caisse départementale des incendiés - Préfecture de la Marne, 1979.
Troyes, 1979 ; avers : la basilique Saint-Urbain (à gauche) rattachée à la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul sous un arc brisé de style flamboyant, signature de Roland Irolla à gauche ; revers : ensemble de maisons du XVIe siècle dont la maison du boulanger et la tourelle de l'orfèvre. Bronze et argent, diamètre 68 mm, 216,7 gr.
Étienne Œhmichen, inventeur de l'hélicoptère, éditée en cuivre rouge par la Monnaie de Paris pour le Club français de la médaille, 1980, diamètre 72 mm.
Adelbert von Chamisso, écrivain, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1980, diamètre 68 mm.
Château de Moyen, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1982, diamètre 68 mm.
Vitry-le-François - La porte du Pont, éditée en bronze et argent par la Monnaie de Paris pour l'association « Pour la reconstruction de la porte du Pont », 1982, diamètre 68 mm.
La Comète, Union de brasseries, Châlons-sur-Marne, centenaire, 1882-1982, 1982 ; avers : vue sur les bâtiments de La Comète et signature de l'artiste ; revers : logo de la marque "33" export dans un médaillon à droite d'une allégorie féminine drapée, couronnée d'une étoile, tenant une lance dans la main gauche levée. Bronze, diamètre 68 mm, 182,5 gr.
Transfert de l'église de Nuisement-aux-Bois, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1983, diamètre 68 mm.
Ministère des Territoires d'Outre-Mer, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1984, diamètre 82 mm.
Centenaire de l'École nationale des ingénieurs des eaux et forêts, éditée en bronze et argent par la Monnaie de Paris pour l'École des Barres, Nogent-sur-Vernisson, 1984, diamètre 68 mm.
René Cassin, président de l'Union fédérale des anciens combattants, éditée en bronze et argent par la Monnaie de Paris pour l'Union fédérale des anciens combattants, 1984, diamètre 68 mm.
Société coopérative agricole marnaise, 1984.
Nautique Entente Châlonnaise - 35e anniversaire, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1985, diamètre 68 mm.
Foire-exposition de Châlons-sur-Marne, éditée en bronze et argent par la Monnaie de Paris pour l'Union des commerçants de Châlons-sur-Marne, 1985, diamètre 68 mm.
Abbaye de Trois-Fontaines, médaille biface taillée directement dans l'acier, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1985, diamètre 74 mm.
La Ciotat, berceau du cinéma, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1985, diamètre 68 mm (également : édition en cuivre rouge pour le Club français de la médaille, diamètre 72 mm.
Médaille du Conseil général de la Marne, 1988 ; avers : grande rosace de la cathédrale de Reims avec gros plan sur la grande porte centrale et le couronnement de la Vierge par le Christ. Sur la gauche, le moulin de Valmy est entouré des trois symboles de l'agriculture champenoise (le blé, le maïs, le tournesol) et, en pendant à droite, est évoqué le vignoble, l'ensemble de la composition suggérant la forme du coupe de Champagne ; revers : les méandes de la Marne se dirigeant vers un horizon suggérant le cadre industriel du département[16].
Département de la Marne, bronze et argent, éditée par la Monnaie de Paris pour le Conseil général de la Marne, 1988, diamètre 74 mm.
Ville de Montmirail, bronze et argent, éditée par la Monnaie de Paris pour la ville de Montmirail, 1988, diamètre 68 mm.
Château de Sedan, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1989, diamètre 68 mm.
Bicentenaire de la bataille de Valmy, bronze et argent, éditée par la Monnaie de Paris pour la S.N.A.G., 1989, diamètre 68 mm.
Caisse régionale de Crédit agricole mutuel de Châlons-sur-Marne, bronze et argent, éditée par la Monnaie de Paris pour la S.N.A.G., 1990, diamètre 82 mm.
Le saxophone, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1990, diamètre 68 mm.
Service régional de la Police judiciaire de Reims, bronze et argent, éditée par la Monnaie de Paris pour la S.N.A.G., 1990, diamètre 68 mm.
Centenaire de La Retraite mutualiste de la Marne, bronze et argent, éditée par la Monnaie de Paris pour la S.N.A.G., 1991, diamètre 68 mm.
75e anniversaire du Lions-Club international, bronze et argent, éditée par la Monnaie de Paris pour la S.N.A.G., 1991, diamètre 68 mm.
Résistance Fer - Bataille du rail, bronze et argent, éditée par la Monnaie de Paris pour la S.N.A.G., 1992, diamètre 68 mm.
Tonnerre (Yonne) - 700e anniversaire de l'hôpital des Fontenilles, bronze et argent, Monnaie de Paris, 1992, diamètre 72 mm.
Général Marcel Bigeard, bronze et argent, éditée par la Monnaie de Paris pour l'Association des parachutistes de la Marne, 1994, diamètre 68 mm.
Monument de l'Armée d'Afrique, plaque en bronze à l'effigie du maréchal Alphonse Juin, Chambéry.
Stèle À ceux d'Indochine, La Ciotat, place d'honneur de l'hôtel de ville, 2005.
Philatélie
Timbres-postes
42e congrès de la Fédération des sociétés philatéliques françaises - Châlons-sur-Marne, timbre-poste dessiné par Roland Irolla, gravé par Jean Pheulpin, 27 mai 1969[18].
Région Champagne-Ardenne série « Les régions administratives », timbre-poste dessiné par Roland Irolla, gravé par Claude Haley, 16 avril 1977[19].
51e congrès de la Fédération des sociétés philatéliques de France - Hôtel de Mauroy, Troyes, timbre-poste dessiné par Roland Irolla, gravé par Jacques Combert, 13 mai 1978[20].
« Plus d'une centaine de médailles, majoritairement frappées par la Monnaie de Paris, portent ma griffe. J'ai également dessiné un millier de souvenirs pour les philatélistes. C'est vrai que j'aime particulièrement les vieilles pierres, mais tout m'intéresse dans la création. Je ne voulais pas que le nom d'Irolla soit attaché à un style en particulier. Par exemple, j'ai dessiné 70m2 de vitraux pour la première école d'infirmières de Châlons-en-Champagne. » - Roland Irolla[8]
Réception critique
« Sa peinture figurative reste traditionnelle, décrivant les ciels de Champagne, ses vallons, vignobles, églises et rues de villages. » - Dictionnaire Bénézit[33]
« Les fresques de Roland Irolla délivrent une force d'expression très soutenue en raison de la clarté de leur composition et de la fermeté de leur coloris. Elles manifestent son don à l'observation et sa capacité à agencer harmonieusement, dans un espace de grandes dimensions, des éléments figuratifs ou vivants… Lorsqu'il se tourne vers les portraits, il s'accorde une liberté totale et suit ses penchants sans contrainte. C'est alors qu'il rêve, qu'il s'évade et fait entrer en scène des êtres secrets et marginaux, des gitans aux visages mélancoliques, des clochards s'abritant sous les ponts, des mendiants réfugiés sous un lampadaire, des gosses angoissés dans des cités inhumaines. Il nous insuffle son émotion, sa sensibilité vis-à-vis d'un monde où règne l'injustice sociale. Une légère contraction du visage, une silhouette caricaturée suffisent à produire un effet sensible. » - Claude Hérique[6]
« C'est à Matougues, bas village de 600 âmes allongé dans la plaine champenoise que Roland Irolla s'est posé et d'où il a rayonné avec modestie pendant près de quarante ans, loin des passions éphémères. Dans l'atelier de son village, il élargit sa palette. Entre les séductions du passé et les appels de son temps, il refuse de choisir et répond généreusement à ceux qui le sollicitent. Le voici graveur, illustrateur, affichiste, aquarelliste, modeleur et créateur de médailles, dessinateur de vitraux… Le patrimoine dont le peintre monumentaliste n'a jamais cessé de nous entretenir témoigne de la constance des hommes au milieu de leurs errances. Ses Trésors dévoilés du passé parisien irriguent dans notre temps les forces anciennes et essentielles, esprit et liberté, qui n'ont cessé d'animer la quête de cet honnête homme. » - Daniel Rondeau de l'Académie française[34]
↑ abcd et eDictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.7, p. 365.
↑ Daniel Rondeau de l'Académie française (préface) et Hervé Chabaud (commentaires historiques), Paris - Trésors dévoilés, éditions Roland Irolla, 2021.