Cette rue est un ancien chemin de terre, presque impraticable, dénommé au XVIIIe siècle « ruelle du Montparnasse » ; elle commence à être bâtie en 1797.
Nos 9 et 13 (ayant aussi pour adresse le 16, rue Boissonade[7]) : cité d'artistes avec ateliers-logement de rapport, établie sur un terrain tout en longueur initialement délimité, au sud, par le mur de clôture de l'enclos du couvent de la Visitation. Depuis les années 1930, le fond de parcelle aboutit sur le tronçon de la rue Boissonade qui a été percé sur une partie du jardin de ce couvent (voir rue Boissonade). Cette cité est une propriété privée sécurisée par un digicode afin de garantir la tranquillité des occupants.
Un panneau « Histoire de Paris » indique que derrière le portail se trouve une maison construite par l'architecte Taberlet[8] à partir de matériaux récupérés sur les pavillons de l'exposition universelle de 1889. Celle-ci comprend une centaine d'ateliers, d'un prix abordable, occupée dès avant la Première Guerre mondiale par des artistes ayant quitté Montmartre, alors que Montparnasse devient un lieu important de la vie culturelle parisienne. C'est ici que logent entre autres l'écrivain et poète Rainer Maria Rilke (1875-1926) de 1913 à 1914[9], les peintres Foujita (1886-1968) jusqu'en 1917 et Auguste Clergé (1891-1963) de 1918 à 1921, qu'Othon Friesz (1879-1949) crée des peintures fauves, que Giorgio De Chirico se destine au surréalisme[10], qu'Yves Klein (de 1955 à 1957), Bernard Quentin, Sam Szafran, César viennent se faire la main dans l'appartement de 50 m2 de Rodolphe Pichon[11]. Le peintre Bertrand Mogniat-Duclos est également signalé à cette adresse[réf. nécessaire].
No 23 : immeuble d’ateliers construit sous la conduite de l’architecte Edmond Courty (1896-1972)[15]. Atelier et demeure du peintre Léonard Foujita[16]. Siège de la Société de psychanalyse freudienne (SPF). Domicile de Jean Villard et atelier de Raymond Abner. Au troisième étage donnant sur le passage d'Enfer, atelier de Joan Mitchell.
Immeuble, 31-31bis rue Campagne-Première : Bâti en 1911 par l’architecte André-Louis Arfvidson (1870‑1935), cet immeuble, situé entre la rue Campagne Première et le passage d’Enfer, constitue un nouveau modèle d’appartements-ateliers, destinés à une clientèle aisée, soucieuse de confort et d’espace. Pour embellir la façade principale donnant sur la rue Campagne Première, Arfvidson fait appel au céramiste Alexandre Bigot qui la revêt d'un carrelage en grès flammé[15].
Avant 1914, la seconde moitié du côté pair était occupée par un grand dépôt de la Compagnie des petites voitures. Ses cochers inspirèrent à Max Jacob l'un de ses premiers poèmes[réf. nécessaire].
Arthur Rimbaud a logé du début janvier à la fin mars 1872 dans une chambre garnie sordide de la rue Campagne-Première, à une adresse mal définie[18]. Il partageait ce logement avec le dessinateur Jean-Louis Forain. Paul Verlaine, après le départ de sa femme, passe avec Rimbaud presque toutes ses nuits jusqu’à la première quinzaine de mars. De cette relation et de la description de la chambre, il en fait le thème du poème Le Poète et la Muse (Jadis et Naguère)[19].
Le peintre Óscar Domínguez (1906-1957) se suicide dans son atelier situé dans la rue[20].
Cette rue est également célèbre grâce au film de Jean-Luc Godard, À bout de souffle (1960). C'est au bout de cette rue, après une longue course depuis le no 11, que le héros blessé, Michel Poiccard, incarné par Jean-Paul Belmondo, s'écroule avant de mourir[21] ; le pavage spécifique qu'on y voit a disparu lors de la réfection de 1999.
↑ abc et dCollectif, Étrangers célèbres et anonymes du 14e arrondissement , mairie du 14e, octobre 2011, p. 8.
↑Société du salon d'automne, Exposition de 1904 : Catalogue de Peinture, Dessin, Sculpture, Gravure, Architecture et Arts Décoratifs, Grand Palais des Champs-Élysées, Ch. Hérissey, Évreux, , 224 p.
↑Jérôme Kagan, Eugene McCown, démon des Années folles, Paris, Séguier, , 480 p. (ISBN9782840497882), p. 229
↑« Après quoi, ils allèrent s'installer 5, rue Campagne-Première, au cœur de Montparnasse, dans un grand atelier sans confort, dont la loggia-chambre à coucher s'ouvrait par-derrière sur le jardin d'un couvent. » Georges Sadoul, éditions Pierre Seghers, coll. « Poètes d'aujourd'hui », no 1591967, p. 9.
↑Louis Taberlet figure comme architecte du Crédit Foncier de France établi au 9, rue Campagne-Première dans le Tout Paris : annuaire de la société parisienne, A. La Fare, 1906, p. 550.
↑Rainer Maria Rilke, Chant de l'amour et de la mort du cornette Christophe Rilke, texte intégral révisé suivie d'une biographie de Rainer Maria Rilke, La République des Lettres (partiellement en ligne).
↑Article paru en janvier 2013 sur le site Paris fait son cinéma, Anne-Charlotte de Langhe et Aude Vernuccio, « Le cinoche à la trace », Le Figaroscope, 10-16 avril 2013, p. 6.