L’enfance et l’adolescence de Saul Leiter sont notamment marquées par ses relations difficiles avec son père, rabbin[1] renommé de Pittsburgh, qui n’accepta jamais que son fils embrasse une carrière artistique. Saul Leiter fréquente l’école rabbinique avant d’interrompre ses études au milieu des années 1940[2].
« Enfant, j'ai été habitué à consacrer mes journées à l'étude. Levé à 5 heures du matin, je m'effondrai au lit le soir. J'ai découvert l'art à la bibliothèque, dans les livres, Picasso, Bonnard, mais aussi les estampes japonaises, les textiles péruviens, l'expressionnisme allemand. Tout m'apparaissait brusquement. »[3].
Il commence par peindre avant d’être initié à la photographie par le peintre expressionniste abstrait Richard Pousette-Dart[4]. Il a réalisé des petits formats à la gouache sur papier. Ses références étaient Vuillard, Bonnard ou Sōtatsu[3]. Ses sujets d’inspiration sont peut-être figuratifs mais le résultat s’approche de l’expressionnisme abstrait. Sa démarche de peintre qui influence ses photographies évoque Le Talisman de Paul Sérusier.
En 1953, Edward Steichen, photographe renommé, inclut des photographies de Saul Leiter dans l’exposition : Always the Young Strangers, au Museum of Modern Art, à New York[6]. La même année, Leiter ouvre un petit studio de photographie[2] dans le bas de la Cinquième Avenue[5], dans Bleecker Street. En 1955, Edward Steichen le sollicita à nouveau pour contribuer à l’exposition du MoMA, « The Family of man », « Steichen me regardait de haut en bas, il trouvait que j'avais des chaussures pourries »[7]. Il n'enverra jamais ses images à temps[1].
Saul Leiter réalise peu de tirages de ses photographies. Il projetait ses diapositives à des amis, directement sur les murs de son appartement[6]. La très grande majorité de ses œuvres est sous forme de négatifs ou de diapositives. Mais certaines ont trouvé leur place dans les collections des musées, tels que le Withney Museum of American Art, à New York, le Art Institute, à Chicago, et le Victoria and Albert Museum, à Londres[6].
Il atteint la célébrité tardivement, après la publication de son livre Saul Leiter, Early Color en 2006[1],[2].
Saul Leiter meurt le à New York quelques jours avant son 90e anniversaire.
Saul Leiter fut l’un des pionniers de la photographie contemporaine couleur à une époque où seul le noir et blanc était digne d’intérêt. Il est considéré pour l’essentiel de son travail comme un photographe des rues de New York ; il fut cependant plus réputé pour ses photographies de mode. Son but n’est pas d’illustrer la vie citadine, mais de rechercher les instants et les scènes fugaces. Il travaille des cadrages originaux en utilisant des vides (noirs) dans ses images. La succession des plans y superpose différentes histoires génératrices de mystère. Il aime le flou — il joue de la mise au point —, la buée et l’anonymat des passants :
« Il me semble que des choses mystérieuses peuvent prendre place dans des lieux familiers. »
Leiter ne considérait pas la photo de mode comme un pis-aller, mais plutôt comme une prolongation de sa vision, en harmonie avec lui-même.
↑Yasmine Youssi, « Un fondu de couleurs », Télérama,
↑ a et b(en) Liz Jobey, « Saul Leiter, rediscovered », Financial Times, weekend supplement, life & arts, , p. 17.
↑ ab et c(en) Margalit Fox, « Saul Leiter, Photographer Who Captured New York's Palette, Dies at 89 », The New York Times, thursday, november 28, 2013, B 9
↑Claire Guillot, « Saul Leiter, glâneur de couleurs », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).