Tan est d'abord connu comme illustrateur jeunesse. Son univers visuel fait la part belle à l'imaginaire et son apparition dans la société. Dans ce domaine, il a notamment reçu en 2011 pour l'ensemble de ses travaux le prix commémoratif Astrid-Lindgren, l'un des prix littéraires les plus richement dotés.
Shaun Tan naît et grandit dans la banlieue nord de Perth en Australie[1], dans une famille d'origine asiatique. Enfant, il s'intéresse énormément aux mythologie du monde entier et est particulièrement impressionné par les trois premiers épisodes de Star Wars (1977, 1980 et 1983) et Dark Crystal (1982), qui le persuadent du pouvoir de l'imaginaire ; la bande dessinée l'intéresse alors peu[2].
Au début des années 1990, il collabore à deux fanzines locaux, Aurealis et Eidolon, où il réalise ses premières illustrations sérieuses tout en s'essayant à la peinture[2]. Il étudie les Beaux-Arts et la littérature anglophone à l’Université d'Australie-Occidentale[1]. Il se lance ensuite comme auteur et illustrateur indépendant[1].
Tan d'abord illustre des récits d'auteurs pour la jeunesse ou de fantasy, qui le recommandent auprès des maisons d'édition basées à Sydney ou Melbourne[3]. À la fin des années 1990, il multiplie les collaborations de ce type, ce qui lui permet de s'essayer à de très nombreux genres et techniques[3]. Il illustre notamment The Rabbits de John Marsden, texte métaphorique sur la colonisation britannique de l'Australie qui devient rapidement un « classique » de la littérature jeunesse en Australie[4].
En 1997, Tan publie son premier livre illustré réalisé seul, The Playground. Ses deux suivants, La Chose perdue (The Lost Thing, 1999) et L'Arbre rouge (The Red Tree, 2001). lui valent une reconnaissance critique internationale[5] – Tan reçoit notamment le prix World Fantasy du dessinateur en 2001. La Chose perdue est adaptée au théâtre, puis en court-métrage d'animé par Tan lui-même, qui y travaille de nombreuses années[6] ; cette version animée vaut à Tan l'Oscar du meilleur court métrage d'animation 2011.
En 2006, Tan sort Là où vont nos pères (The Arrival), bande dessinée muette suivant l'arrivée d'un migrant dans un pays dont la faune, la flore, l'architecture ou la langue sont d'une étrangeté absolue[7]. L'ouvrage, sur lequel Tan a passé plus de cinq ans à travailler, obtient une reconnaissance internationale : nouveau prix World Fantasy du dessinateur en 2007, prix du meilleur album du festival d'Angoulême 2008[8].
Il mène également des collaborations avec les studios d'animation Pixar et Blue Sky[1].
Dès son ouvrage suivant, Contes de la banlieue lointaine (Tales from Outer Suburbia), un recueil de très courtes petites histoires publié en 2008, il revient au livre illustré[8]. En 2009, il reçoit un troisième prix World Fantasy et signe The Odditoreum.
En 2010, Tan publie L’Oiseau roi et autres dessins (The Bird King), Eric et Recherches sur un pays sans nom (Sketches from a Nameless Land, ouvrage illustré consacré à Là où vont nos pères). Il reçoit notamment cette année-là le prix Hugo du meilleur dessinateur professionnel, principale récompense américaine dans le domaine fantastique, et la médaille Dromkeen(en), récompensant un auteur jeunesse australien pour l'ensemble de son œuvre. En 2011, outre un nouveau prix Hugo, Tan reçoit pour l'ensemble de son œuvre le prix commémoratif Astrid-Lindgren, prix suédois doté de plus de 500 000 €.
En 2012, il publie The Oopsatoreum : Inventions of Henry A Mintox , puis en 2013 Les Lois de l'été (The Rules of Summer), qui lui vaut notamment un prix Locus.
En 2018, Arthur A. Levine Books publie Tales from the Inner City, nouveau recueil de courtes histoires illustrées.
Thèmes et style
Shaun Tan s'intéresse beaucoup aux questions de l'appartenance et du déplacement, ce qu'il lie au fait d'avoir grandi à Perth, métropole isolée entre désert et océan[2].
Il cherche toujours à rendre le plus généraux possibles ses ouvrages afin de leur conférer un aspect universel : ainsi, dans The Rabbits, il a évité d'appuyer trop lourdement les caractéristiques australiennes du paysage[4], et dans Là où vont nos pères il utilise volontairement un langage fictif.
En écriture, il privilégie les fictions courtes, proche de fables, qui correspondent à ses goûts de lecteur[3].
Bien qu'il les conçoive comme des œuvres destinées à un public adultes, ses récits illustrés sont souvent catégorisés de par leur format en ouvrages jeunesse, ce dont Tan ne se formalise pas[5].
(fr) L’Arbre rouge (trad. Florence et Claude E. Dagail), Bordeaux : La Compagnie créative, 2003. Réédition Gallimard Jeunesse (trad. Anne Krief), 2010.
Who are they for?, Marrickville : Primary English Teaching Association, 2006.
Tales from Outer Suburbia, New York : Arthur A. Levine Books, 2008.
(fr) Contes de la banlieue lointaine (trad. Anne Krief), Paris : Gallimard Jeunesse, 2009.