Malgré la formation de nombreux groupes durant sa carrière, son groupe principal aux frontières mouvantes Steve Coleman and Five Elements débute en 1981 et est toujours actif aujourd'hui. Certains membres de ses groupes sont devenus des musiciens reconnus, comme Vijay Iyer, Marcus Gilmore ou Miles Okazaki(en).
Il commence à s'intéresser au jazz à la fin des années 1970, alors qu'il a 17 ou 18 ans, grâce à l'écoute des disques de Charlie Parker de son père, dont il devient un fin connaisseur[1]. Il part alors en stop pour New York en 1978 afin d'approfondir sa connaissance du jazz[3],[1].
Il fait partie du trio et du quartet de Dave Holland, que Sam Rivers lui a présenté[3],[1]. Il joue également aux côtés de Roy Hargrove et avec Craig Harris[3].
Premiers projets en leader
Malgré ses engagements auprès de musiciens reconnus, Steve Coleman peine à payer son loyer, et pendant plusieurs années il joue dans la rue, parfois en compagnie de Graham Haynes, dans une formation qui préfigure son groupe Five Elements[2]. Petit à petit, ils trouvent des engagements dans des petits clubs de Harlem ou Brooklyn[2].
Steve Coleman crée au début des années 1980 le collectif et la philosophie M-Base (« Macro-Basic Array of Structured Extemporization », « collection macro-basique d'improvisation spontanée »), avec un en semble de jeunes musiciens Noir-Américains dont Graham Haynes, Geri Allen, Greg Osby, Robin Eubanks, David Gilmore ou encore Cassandra Wilson. Ils partagent « à la fois le désir de développer un langage commun axé sur une écriture rythmique approfondie et d'affirmer, en des temps dominés par le revivalisme incarné par Wynton Marsalis, la possibilité d'un renouveau des formes du jazz qui s'inscrive dans le prolongement de son histoire, tout en développant une musique qui reste en prise avec le son de la rue »[1],[3],[2].
Le collectif M-Base signe un premier album en 1991, Anatomy of a Groove[1],[6].
Chez Novus
Au début des années 1990, il expérimente avec des musiciens de hip-hop comme The Roots, et son projet « Metrics » (1995) où il confronte son saxophone au rap de trois freestylers[1]. Dans le même temps, il s'intéresse à la musique africaine, et part étudier au Ghana en 1993, où il se penche sur la culture Yoruba[1],[2]. Les albums A Tale of 3 Cities et Def Trance Beat documentent ces recherches[2].
En 1995, il publie trois albums enregistrés en concert à Paris, au Hot Brass, avec trois groupes différents : Myths, Modes and Means avec The Mystic Rhythm Society[7] ; The Way of the Cipher avec Metrics[8] ; Curves of Life avec Five Elements[9]. Chacun de ces disques présente une facette différentes des recherches de Coleman[1],[2].
Chez BMG
Le premier album qu'il publie avec BMG, The Sign and the Seal (1996) est l'occasion d'une rencontre entre les Five Elements et les percussions cubaines de AfroCuba de Matanzas[1],[3],[10]. L'ensemble fait une large tournée européenne en 1997[2]. Cette même année il emmène des musiciens américains et cubains au Sénégal, et part début 1998 avec Five Elements dans l'Inde du Sud étudier la musique carnatique[2]. Les albums The Sonic Language of Myth (1999)[11] et The Ascension to Light (2000)[12] témoignent de ces recherches[2].
En 1999, il est invité par l'IRCAM à Paris qui lui propose de développer un programme d'improvisation, Rameses 2000, qui peut interagir avec son groupe[1],[13].
Resistance is Futile, un double album live paru en 2001, est le premier album de Steve Coleman paru chez Label Bleu[2],[14]. Il est suivi par On the Rising of the 64 Paths en 2002[15] puis Lucidarium (2003)[16], où il explore des systèmes tonaux et rythmiques alternatifs[2].
En 2002, il publie Alternate Dimension Series I, un album en téléchargement gratuit depuis son site[2],[17].
Sa rencontre en 2006 avec le compositeur danoisPer Nørgård fait évoluer son regard sur l'orchestration[2].
Son premier album en solo, Invisible Paths sort en 2007 chez Tzadik[20],[21].
Chez Pi Recordings
En 2010, il signe avec le label Pi Recordings[3]. La critique salue ses premiers albums sur ce label, tous enregistrés avec the Five Elements : Harvesting Semblances and Affinities[22],[23], The Mancy of Sound[24],[25],[3].
En 2012, Steve Coleman change d'approche en entamant un processus de composition spontanée, en étant de quasi-transe, qu'il orchestre ensuite. Functional Arrhythmias(en) est son permier album à documenter cette approche}[2]. C'est également son premier album à se concenter sur le corps humain, en particulier ici sur les pulsations du cœur ; l'idée lui est venue après sa rencontre avec le percussioniste, polymathe et shamanMilford Graves[3],[2],[26],[27].
Il enregistre en 2015 Synovial Joints avec un orchestre de chambre d'improvisateurs de 21 musiciens (cuivres, vents, percussions, cordes…) qu'il appelle Council of Balance[28]. L'idée lui est venue lors d'une vision qu'il a eue lors d'une retraite en 2013[2]. L'album est « album de jazz de l'année » pour le New York Times[29].
Son album suivant, Morphogenesis(en), est enregistré avec son nonet Natal Eclipse[30],[31]. Il est un des meilleurs albums de l'année pour les critiques de NPR[32].
En 2018, Steve Coleman and the Five Elements publient un album en concert, 15 ans après le précédent, Live at the Village Vanguard, Vol 1: The Embedded Sets[33]. Il est suivi trois après par Live at the Village Vanguard, Vol. 2 (MDW NTR)[34].
Après plusieurs années de retrait, il publie un nouveau disque avec Five Elements le . Intitulé Polytropos/Of Many Turns, en référence à la première phrase de l'Odyssée d'Homère, ce double album est enregistré en concert à Paris et Voiron en [35],[36].
En 2017, Steve Coleman est accusé par la saxophoniste Maria Grand, qui a en particulier participé à l'album Synovial Joints, de harcèlement sexuel, l'accusant de profiter de sa situation de mentor pour lui imposer des relations sexuelles de 2011 à 2016. Coleman réplique en octobre 2018 avec un procès et une demande de dédommagement de 500 000 $ pour les engagements musicaux perdus à la suite de ces révélations. En , le jugement donne raison à Maria Grand[37],[38],[39].
Inspiration et recherches artistiques
Steve Coleman est un musicien important, qui a participé à renouveler le langage du jazz par son approche originale[1]. Son influence est notable sur de nombreux musiciens, en particulier grâce aux nombreux workshops qu'il anime, avec passion, notamment en France ou en Belgique, qui lui permettent de diffuser ses idées[1]. Ses albums connaissent en comparaison une assez faible diffusion[1].
La musique de Steve Coleman est nourrie de très nombreuses influences, issues des musiques du monde entier, notamment d'Afrique de l'Ouest, mais également d'Asie et d'Amérique latine[3]. Polymathe, il se nourrit également de la nature, de métaphysique et de science[3]. Les titres et les pochettes de ses albums ainsi que ceux de certains de ses groupes (The Mystic Rhythm Society) reflètent son intérêt pour la numérologie, l'astrologie ou l'ésotérisme kémétique[1].
Ses compositions, indissociables de son travail d'improvisation, sont mélodiques, expressives, et pleines de souplesse. Elles reposent sur des structures rythmiques élaborées, incluant souvent de la polyrythmie en superposant différents cycles au sein collectif dans lequel il joue[3],[1]. Le couple basse/batterie garde généralement des éléments de funk, combinés aux musiques d'Afrique de l'Ouest[1]. Son univers harmonique est raffiné[3].
Son jeu au saxophone alto fait preuve d'une grande concentration, de belles qualités techniques et d'une vaste imagination[3].
Récompenses
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Daniel Fischlin, The Other Side of Nowhere : Jazz, Improvisation, and Communities in Dialogue (Music Culture), Middletown: Wesleyan University Press, , 439 p. (ISBN978-0-8195-6682-9 et 0-8195-6682-9, lire en ligne)
Filmographie
2005 : Elements on One, documentaire de Eve-Marie Breglia sur Steve Coleman filmé entre 1996 et 2002, documentant notamment ses voyages à Cuba, au Sénégal, en Inde, en Égypte et en France[49]