D'après le département d'État des États-Unis, en 1922 il y avait 817 873 réfugiés arméniens originaires de Turquie[2]. Ce chiffre se fonde sur des informations fournies par l'ambassade britannique à Constantinople et sur des données de 1921 issues de la Near East Foundation. Ce total n'inclut pas les Arméniens aptes au travail et détenus par les autorités kémalistes ni les femmes et enfants arméniens — environ 95 000, selon la Société des Nations — forcés de se convertir à l'islam.
D'après les mêmes sources, en 1921, 281 000 Arméniens vivaient toujours en Turquie : 150 000 à Istanbul et 131 000 en Asie Mineure.
Au total, plus de 300 000 réfugiés arméniens, rescapés du génocide arménien, se trouvaient sous la responsabilité du gouvernement de la République démocratique d'Arménie. Cette situation engendre une crise humanitaire. Le typhus provoquait de graves répercussions en raison de ses effets sur les enfants. Le gouvernement arménien n'a pas le temps ni les ressources pour rebâtir les infrastructures. Les 393 700 réfugiés sont répartis comme suit :
Le gouvernement de Hovannès Katchaznouni affrontait alors une réalité terrible pendant l'hiver 1918-1919. Le gouvernement nouvellement formé devient responsable de plus d'un demi-million de réfugiés arméniens dans le Caucase. L'hiver fut long et rigoureux[3]. Les foules manquant d'abris, de nourriture, de vêtements et de soins doivent subir les intempéries. Nombre de ceux qui ont survécu au froid et à la famine succombent aux maladies qui causent des ravages. À l'été 1919, l'épidémie de typhus prend fin, le temps s'améliore et les premiers convois de blé envoyés par l'American Committee for Relief in the Near East parviennent à Batoumi. L'armée britannique transporte le matériel humanitaire vers Erevan. Toutefois, à ce moment-là, environ 150 000 réfugiés avaient péri. Vratsian estime ce nombre à 180 000 personnes, soit près de 20 % de la population de la république naissante. 40 % des habitants de huit villages autour d'Etchmiadzin et 25 % des seize villages autour d'Achtarak avaient succombé en avril. Pendant cet hiver 1918-1919, la population de Talin, un district à mi-chemin entre Etchmiadzin et Alexandropol, est divisée par deux et près de 60 % des Arméniens du Surmalin Uyezd(en) meurent de faim[3].
Au , les réfugiés issus des secteurs de l'Arménie russe occupée par l'armée ottomane en 1918 sont en grande partie réinstallés ; toutefois, 310 835 réfugiés venus d'Arménie de l'Ouest sont toujours éparpillés dans la république d'Arménie et attendent le règlement politique et l'unification de leur patrie à l'État d'Arménie de l'Est. En outre, 11 099 orphelins arméniens sont dispersés dans des orphelinats de Transcaucasie, dont 7 523 se trouvent dans les frontières de l'Arménie[4].
↑(en) Uğur Üngör, Let Them Not Return: Sayfo – The Genocide Against the Assyrian, Syriac, and Chaldean Christians in the Ottoman Empire, Berghahn Books, , 45 p. (ISBN9781785334986, lire en ligne)
↑ a et b(en) Richard G. Hovannisian, The Republic of Armenia: The First Year, 1918-1919, Vol. I, Berkeley, University of California Press, (ISBN0-520-01984-9), p. 126–155
↑(en) Sara Khojoyan, « Armenian in Istanbul: Diaspora in Turkey welcomes the setting of relations and waits more steps from both countries », ArmeniaNow.com, (lire en ligne, consulté le )