Thomas Blanchet, né vers 1614 à Paris et mort le à Lyon, est un peintre français du XVIIe siècle.
Biographie
Thomas Blanchet fait son apprentissage dans l'atelier de Simon Vouet. Il est probable que le sculpteur Jacques Sarrazin l'ait orienté vers la peinture chez son beau-frère Simon Vouet, alors que le jeune garçon était intéressé par la sculpture. (C'est l'hypothèse de Lucie Galactéros [1]).
Période romaine
Son talent est bientôt remarqué, comme beaucoup d'artistes, sur les conseils de son maître il part se perfectionner en Italie vers 1635-1640.
Il bénéficie des conseils de Nicolas Poussin, d'Andrea Sacchi de Pierre de Cortone.
Le Bernin semble l'avoir tenu en haute estime.
Il est alors reconnu pour ses vedute, petits tableaux sur des sujets antiques.
Avec les artistes qui séjournent à Rome, il participe aux chantiers de décoration et à la création d'installations éphémères des fêtes romaines[3]. Il réalise un grand tableau dans la basilique de Loreto : Saint-Louis en prière dans la sainte Maison de Lorette[4] ; cette commande d'Anne d'Autriche témoigne de la faveur de Blanchet dans les milieux diplomatiques[5].
Appelé à Lyon en [6], grâce à cette renommée Thomas Blanchet est chargé par le Consulat et l'archevêque Camille de Neufville de Villeroy de la décoration du nouvel Hôtel de Ville de Lyon. Il coopère pendant trente ans avec Germain Panthot. Ils réalisent l'escalier d'honneur et le grand salon, sur un programme iconographique conçu par Ménestrier, achevé en 1674. Ils reçoivent des commandes des plafonds et décors des différents salons du Consulat. L'artiste peint les portraits des rois Henri IV et Louis XIV qui y trouvent leur place. Thomas Blanchet conçoit "un ensemble décoratif exceptionnel, réalisé entre 1655 et 1674, alors considéré comme l'un des panégyriques municipaux les plus éloquents du XVIIe siècle européen"[7].
L'incendie du détruit une grande partie de ce décor, notamment le grand salon. Blanchet est chargé du projet de reconstruction de la façade et du beffroi, qui ne sera pas réalisé, mais il inspirera les architectes du XVIIe siècle [8].
Les décors sont conçus par Thomas Blanchet, il confie les sculptures à Simon Guillaume, les peintures à Louis Cretey et les blasons à Marc Chabry.
Collège de la Trinité
En ,Thomas Blanchet réalise de fresques dans la Cour des études du collège des Jésuites. Ce lieu est actuellement le collège Ampère. Il dessine les tribunes de l'église. En , il crée le grand autel et le retable de l'Assomption dans la chapelle des Messieurs [9]. Il peint encore douze tableaux de la Vierge (qui ont disparu)[10].
Palais de Roanne (ancien palais de la justice royale)
En , Blanchet est chargé de concevoir trois peintures pour la décoration du plafond de la grande chambre des audiences au Palais de Roanne[11] :
La Distinction du juste et du faux, plafond de la salle d'audience de la quatrième chambre de la Cour d'Appel.
Le Triomphe éternel de la Vérité, plafond de la salle d'audience de la deuxième chambre de la Cour d'Appel.
Le châtiment des vices se trouve actuellement au MBA de Lyon.
Parmi les autres tableaux illustrant la justice, il reste celui-ci dans le palais de justice :
Tuccia, la Vestale innocentée.
Décors éphémères
Avec son atelier, il crée des décors éphémères pour les fêtes lyonnaises telles les feux de la Saint-Jean chaque année, les entrées solennelles à Lyon et autres événements... Le séjour de Louis XIV à Lyon en , les Réjouissances de la Paix en 1660[12], la naissance du Dauphin en , la réception du cardinal Chigi en [13], le Jubilé en , ces fêtes sont l'occasion de décors et machines éphémères créées par Blanchet, en collaboration avec Menestrier auxquelles travaille son équipe avec le peintre Germain Panthot et le sculpteur Jacques Mimerel[14].
Autres travaux
Le Carmel
En , il crée le maître-autel et le retable du Carmel de Lyon.
En , il organise la pompe funèbre du Maréchal Nicolas de Villeroy et dessine le tombeau de celui-ci pour la chapelle des Villeroy[15].
Portraits
Son atelier produit une grande quantité de portraits et des sujets historiques, la municipalité et l'Église étant les deux principaux donneurs d'ordre.
En , il peint le portrait de Camille de Neufville de Villeroy pour la chapelle des Pénitents du Confalon. Ce portrait se trouve actuellement au musée d'histoire de Lyon[16].
En , "Mandement de 600 livres à Thomas Blanchet pour les " peintures (portraits, au nombre de vingt, tant du Roi Louis XIV, de la Reine, des princes et des gouverneurs de la ville, que des échevins, exécutés sur vélin dans les recueils destinés à cet objet et conservés aux archives de la ville), et fournitures (armoiries de mais) qu'il a faites pour le Consulat et de son ordre, pendant la présente année, "[17].
œuvres d'architecture
Thomas Blanchet est l'architecte le plus en vue à Lyon après le chantier de l'Hôtel de ville [18].
Camille de Neufville lui commande les plans de l'aménagement de son domaine d'Ombreval à Vimy, actuellement Neuville-sur-Saône. Il réalise le Nymphée qui se trouve encore dans le jardin municipal.
Nymphée d'Ombreval par l'architecte Thomas Blanchet
porte
perspective
intérieur
Dans les années 1666-1668, il réalise probablement (?) la vue perspective de la maison des champs de la Gallée (Millery, Rhône), propriété de Thomas de Moulceau[19].
Le , Constant de Silvecane passe commande pour le pavillon du Temple de la Muse de son domaine de Cornevent, à Vernaison[20].
Le , François de La Chaise d'Aix lui commande le dessin du portail du château de la Chaize (Odenas)[21]. L. Galactéros[22] estime qu'il en a conçu aussi la galerie et la décoration intérieure, inspirée des peintures de l'Hôtel de ville de Lyon.
Famille
Le frère de Thomas, Louis Blanchet est nommé maître de métier pour les peintres de Lyon en [23]; ils travaillent ensemble.
Thomas Blanchet épouse Anne de la Cauche. Ce couple n'aura pas d'enfant.
Thomas Blanchet loge dans l'hôtel de ville où il a son atelier.
En 1675, à la mort de Germain Panthot (le ), Thomas Blanchet est nommé peintre officiel de la ville de Lyon[24].
Le , par un lettre écrite de Lyon, il sollicite son admission à l'Académie royale et propose de présenter un tableau de réception sur le sujet que lui demandera l'Académie. Dans la même lettre, il propose d'ouvrir une école de dessin à Lyon. Le 2 janvier 1677, l'Académie désigne Thomas Blanchet et Antoine Coysevox pour faire tout ce qui est nécessaire pour l'établissement d'une école de dessin à Lyon. Le , Charles Le Brun présente à l'Académie le tableau de réception de Thomas Blanchet, professeur de l'École académique de Lyon, représentant Cadmus et Minerve. Le , Thomas Blanchet prête serment à Paris devant le chancelier, les recteurs, adjoints de recteurs, professeurs et adjoints de professeurs[25].
L'École académique de Lyon ne fonctionnera guère [26].
Le , Sieur Thomas Blanchet peintre du Roy et de messieurs les prevosts des marchands et eschevins de Lyon, âgé de 75 ans meurt dans l'Hôtel de ville de Lyon où il réside. Il est inhumé le lendemain dans l'église Saint-Pierre[27].
Hommages
Le , la ville de Lyon donne son nom à une rue dans le quartier de Perrache, elle disparait en , car l'emplacement est acquis par la Compagnie de chemin de fer[28].
Influencé par les artistes qu'il a fréquentés à Rome, il en tire un style ample, fluide et énergique. Il joue un rôle important dans l'essor du classicisme italien à Lyon, rompant avec l'influence de Le Blanc. « Sa principale originalité provient de la manière dont il parvient à associer l'austérité méditative de Poussin au lyrisme et à la sensualité du grand décor romain »[30].
Œuvres
Dans l'étude de L. Galactéros[26], sont répertoriés : 166 peintures, 114 dessins, 83 gravures ainsi que des ouvrages illustrés.
Plusieurs de ses œuvres ont été perdues, toutefois d'importants musées en conservent. Le Musée du Louvre possède 25 dessins et 2 peintures sur toiles. Le Musée des Beaux-Arts de Lyon possède neuf de ses œuvres [31] et des décors dans l'Escalier d'honneur et le Réfectoire. Le musée de l'Ermitage à Leningrad[32] conserve deux tableaux et un dessin.
Une Nativité avec Gloire (vers 1680) commandée par les Oratoriens. Placé à l'origine au-dessus du maitre-autel[34], le tableau a été déplacé dans la chapelle du Sacré-Cœur de l'Église Saint-Polycarpe de Lyon.
Carte de commerce de la « Fabrique d'Antoine Guerrier à Lion [Lyon] à la Coste S[ain]t Sébastien aux trois colombes couronnées », dessinée et gravée par Thomas Blanchet et Thourneyfer en 1674.
Étude pour la Prudence (?), pierre noire, rehauts de craie blanche, mis au carreau à la pierre noire, sur papier vergé, 29 x 24,9 cm[35].
Étude pour la Force (?), pierre noire, rehauts de craie blanche, mis au carreau au graphite, sur papier vergé, 32 x 28,5 cm[36].
Femme tenant un reliquaire ou un édicule religieux dans la main droite, graphite, rehauts de craie blanche, filet d’encadrement rapporté à la plume et à l’encre brune, sur papier vergé beige doublé, 41,7 x 23,7 cm[37].
↑Archives Municipales de Lyon BB 231. Délibérations consulaires, 1675. Actes consulaires. Provisions de peintre ordinaire de la ville en faveur de Thomas Blanchet, par suite de la démission pure et simple de Germain Panthot, titulaire de l'emploi
↑Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1793, tome II, 1673-1688, J. Baur libraire, Paris 1878, p. 83, 88, 98, 196, 203, 216-217 (lire en ligne)
↑Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN9 788836 651320), n°25
↑Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN9 788836 651320), n°26
↑Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN9 788836 651320), n°27
Claude-François Ménestrier, L’entrée solennelle dans la ville de Lyon de monsieur l’Eminentissime cardinal Flavio Chigi, Lyon, (lire en ligne)
Natalis Rondot, Les peintres de Lyon du quatorzième au dix-huitième siècle, Paris, (lire en ligne)
Léon Charvet, « Recherches sur la vie et les œuvres de Thomas Blanchet peintre et architecte », dans Réunion des sociétés des beaux-arts des départements, Paris, Typographie E. Plon, Nourrit et Cie, (lire en ligne), p. 85-169
Marius Audin et Eugène Vial, Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art lyonnais, vol. 1, Paris, Bibliothèque d'art et d'archéologie, , p. 92 à 95.
Nicolas Jacquet, Façades lyonnaises : 2000 ans de création architecturale et de confluence culturelle, Paris, Les beaux jours, , 239 p. (ISBN978-2-35179-026-7)
Jacques Beaufort, Vingt siècles d’architecture à Lyon, Saint-Julien-Molin-Molette, Ed Huguet, , 223 p. (ISBN978-2-915412-96-3)
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