Dans les tranchées de la Somme, pendant la Première Guerre mondiale, cinq soldats français sont accusés de s’être automutilés pour échapper à leur devoir. Condamnés à mort par une cour martiale, ils sont conduits jusqu’à un avant-poste nommé « Bingo crépuscule »[1] et abandonnés à leur sort dans le no man's land qui sépare les deux camps. Ils sont apparemment tous tués, soit durant la nuit qu'ils passent entre les lignes, soit durant l'attaque française à la baïonnette qui est lancée le lendemain et repoussée par les Allemands, avec de lourdes pertes parmi les attaquants. Parmi eux figure Manech, un jeune breton, landais originaire de Capbreton, le fiancé de Mathilde, jeune romantique qui ne croit pas à la mort de son amoureux. S’il était mort, elle le saurait. Forte de cette intuition, elle mène son enquête et recueille peu à peu les indices qui l’amènent à découvrir ce qui s’est passé ce jour-là à « Bingo crépuscule ». Utilisant des superstitions, elle souffle sur la poussière qui dissimule cette affaire sombre et mystérieuse. Mathilde engage un détective privé, M. Germain Pire, qui l'aide dans ses recherches.
Fiche technique
Titre original et québécois : Un long dimanche de fiançailles
La scène de l’hôpital de campagne a été tournée au hangar Y de Meudon. Les scènes du village breton ont été tournées à Locronan (Finistère) et notamment dans les jardins de l'ancien presbytère. Ce jardin aménagé par la production du film n'a duré qu'une saison. Le lieu de résidence de Mathilde se situe à Plougrescant (Côtes-d'Armor).
Certaines scènes parisiennes du film ont été tournées à Pontoise (Val-d'Oise), place de la harengerie, en raison de l'aspect « XIXe siècle » du lieu, au restaurant « Chartier »[13] dans le 9e arrondissement de Paris. Les scènes de tranchée ont été tournées près de Montmorillon (Vienne), sur un terrain militaire (ancien terrain des armées de l'Otan[14]). L'équipe avait creusé des tranchées qui sont maintenant recouvertes.
Bien que la majorité des acteurs soient français et l’ensemble des scènes tournées en France, cette coproduction a été jugée étrangère le en raison de la forte participation de la société américaine Warner Bros. aux frais de production, ce qui lui a fait perdre le droit à une future subvention du centre national de la cinématographie. Le film participa néanmoins aux César du cinéma dans la catégorie générale. Avec un coût de 45 millions d’euros, c’est l’un des films « français » les plus coûteux jamais produits.
Le Conseil d'État a finalement décidé que le film était bel et bien américain, et qu’il n’aurait pas de double nationalité, cela malgré la réalisation française et le casting à plus de 98 % français (décision du Conseil d'État 2007/283319 du ). Le producteur délégué du film étant largement contrôlé par la firme Warner, le film n’a donc pu être éligible à une subvention de 8 millions d’euros du CNC[17].
Sur le patriotisme des soldats corses
Un des soldats condamnés à mort, Ange Bassignano tenter de se rendre aux Allemands en criant : « Je ne suis pas Français, je suis Corse, moi ». Une polémique s’est ensuivie en Corse, d’autant plus que le personnage est veule, lâche et sournois. À l’origine, le soldat devait être marseillais, mais le réalisateur a choisi d’en faire un Corse parce que, explique-t-il, il voulait à tout prix filmer la beauté de l’île (et non créer une polémique). À la suite de cette affaire, le film a été retiré des salles de cinéma en Corse dont celles de Propriano. Beaucoup de Corses, soldats dans l’armée française, sont morts pour la France durant la première guerre mondiale ; cette phrase porterait ainsi préjudice à leur mémoire.
Distinctions
Entre 2004 et 2005, Un long dimanche de fiançailles a été sélectionné 52 fois dans diverses catégories et a remporté 17 récompenses[18],[19].
On retrouve dans ce film de nombreuses sources d’inspiration : la couleur sépia de l’image évoque l’atmosphère des albums de bande dessinée de Jacques Tardi, certaines scènes font allusion au facteur de Jour de fête de Jacques Tati, et la bande sonore rappelle le thème du film Les sentiers de la gloire. Il y a aussi une allusion à un film partageant le même thème : Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov : les deux héroïnes attendent la lettre de leur fiancé et se lancent des paris étranges dont l'issue sera, selon elles, décisive pour l'accomplissement de leurs espoirs comme atteindre un certain point avant la fin d'un compte à rebours.
Le making-of du film (Une année au Front, 74 min) a obtenu le prix du jury au festival du making-of de Romorantin en 2006[20].
Notes et références
Notes
↑Classification CNC France : « La Commission se prononce pour un visa tous publics avec avertissement : "Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes spectateurs ". »
↑Classification États-Unis : Les enfants de moins de 17 ans doivent être accompagnés d'un adulte - « Classé R pour la violence et la sexualité. »
Références
↑Sébastien Japrisot explique dans son livre qu'un Portrait de Byng au crépuscule donne le nom de la tranchée Bingo Crépuscule. À noter que cette explication n'est pas reprise dans le film.
↑Au XXe siècle, les forces de l’OTAN ont acquis à l’amiable ou en expropriant[réf. nécessaire] les fermes de l’est de Montmorillon. Les dernières parcelles ont été achetées en 1956. Des troupes américaines ont occupé le camp jusqu’en novembre 1966 où les autorités françaises ont pris possession du terrain.