Voyage de Nicolas II en OrientLe voyage de Nicolas II en Orient (en russe : Восточное путешествие Николая II) en 1890-1891 est le Grand Tour du tsarévitch Nicolas Alexandrovitch, futur tsar Nicolas II, qui le mena dans de nombreux sites de l'Eurasie. Il est âgé de 22 ans lors du départ et de 23 ans à son retour de voyage. Le total des kilomètres parcourus par l'héritier de l'Empire russe s'élève à plus de 51 000 km, dont 15 000 km par chemin de fer et 22 000 km par la mer. Lors de sa visite au Japon, se produisit l'Incident d'Ōtsu au cours duquel le tsarévitch est blessé. PréliminairesAprès la Grande Ambassade de Pierre Ier le Grand, les longs voyages à des fins éducatives sont devenus une partie importante de la formation des membres de la famille impériale. En 1890, l'empereur Alexandre III décide de faire réaliser la ligne de chemin de fer du Transsibérien, et son fils et successeur prend part aux cérémonies d'ouverture des travaux. À l'Est, le orientaux ont donné un grand sens symbolique au fait que le futur empereur partait vers l'Est et non plus vers l'Europe comme ses prédécesseurs. Cela signifiait qu'il prenait la direction vers lequel le peuple russe avance selon ce qu'en disait le tuteur du tsarévitch Esper Esperovitch Oukhtomski[1]. Le voyageLe , après un service religieux à Gatchina le tsarévitch se rend en train à Vienne, puis de là à Trieste, où il monte à bord du croiseur Mémoire d'Azov. L'itinéraire est choisi pour éviter d'éventuelles difficultés diplomatiques avec l'Empire ottoman, qui contrôlait les détroits du Bosphore et des Dardanelles. De Trieste, l'expédition se rend au port du Pirée, où Nicolas rencontre sa marraine Olga Constantinovna de Russie et son mari, le roi des Hellènes, Georges Ier. Leur fils Georges de Grèce les rejoint en tant qu'officier commandant du vaisseau amiral. De Grèce, le tsarévitch se rend à Port-Saïd en Égypte. Pendant que son bateau passe le Canal de Suez, Nicolas et sa cour parcourent le Nil jusqu'à l'emplacement actuel du barrage d'Assouan. De Suez, l'expédition poursuit sa route vers Aden, et le , elle arrive à Bombay. Là, Nicolas commence son long voyage en Inde, qui se termine à Colombo. Il y visite les curiosités remarquables parmi lesquelles le Taj Mahal et le Temple d'Or (Harmandir Sahib). Il y fait l'acquisition de nombreux objets d'art exotiques qui seront plus tard exposés dans plusieurs musées russes. Partant de Ceylan le , le croiseur princier se rend à Singapour, puis sur l'île de Java et à Bangkok. Au Siam, le futur empereur passe une semaine, reçu par le roi Rama V. Il y reçoit de nombreux présents. Le , il arrive à Nankin où débute la partie chinoise de son voyage. Il y visite des plantations de thé et des manufactures. Le , accompagné de six bâtiments de la Marine impériale russe, Nicolas arrive au Japon. La flotte russe du Pacifique accoste d'abord à Kagoshima, puis à Nagasaki et enfin à Kobe. De Kobe, le tsarévitch se rend par la voie terrestre à Kyoto, où il est accueilli par une délégation conduite par le prince Takehito Arisugawa. Comme c'était la première visite d'un membre d'une famille impériale au Japon, et que l'Empire russe voyait son influence grandir en Extrême-Orient, le gouvernement japonais accorde une grande importance à cette visite pour contribuer à l'amélioration des relations entre le Japon et la Russie[2]. Le tsarévitch Nicolas manifestait de l'intérêt pour l'artisanat d'art traditionnel japonais et à Nagasaki il se fit tatouer un dragon sur l'avant-bras[3],[4], suivant ainsi la mode qui s'est répandue dans la seconde moitié du XIXe siècle dans les milieux de l'aristocratie anglaise. Lors d'une manifestation officielle, le tsarévitch s'est adressé à son hôte pour une demande inattendue; celle de lui présenter des maîtres locaux du tatouage dont il avait entendu parler dans des guides touristiques. Le lendemain deux maîtres de Nagasaki ont été amenés sur le vaisseau amiral de l'escadre russe[5], où ils réalisent un tatouage sur la main du prince grec qui accompagne l'expédition et l'autre à l'avant-bras droit de Nikolaï, le tsarévitch. Le tatouage a duré 7 heures [6]. L'image obtenue par Nikolas est celle d'un dragon oriental noir aux cornes jaunes, aux pattes vertes et au ventre rouge[7]. Le , se produit l'Incident d'Ōtsu au cours duquel le tsarévitch est blessé lors d'une tentative d'assassinat perpétrée à son encontre par l'un des membres de son escorte. Le , le tsarévitch quitte Kobé et arrive à Vladivostok quatre jours plus tard. C'est là que se termine la partie officielle de sa mission et que commence son voyage dans son pays pour retourner à Saint-Pétersbourg. Il voyage par voie terrestre et fluviale en passant par Oussouriisk, Khabarovsk, Blagovechtchensk, Nertchinsk, Tchita, Irkoutsk, Tomsk, Sourgout, Tobolsk, Tara, Omsk et Orenbourg, et termine son périple en train jusqu'à Saint-Pétersbourg. Témoignages matérielsDans plusieurs villes sibériennes, des arcs de triomphe ont été érigés en l'honneur du passage du tsarévitch[8],[9] À Tchita, c'est un obélisque qui a été élevé en souvenir du passage du tsarévitch. Il a été démoli à l'époque soviétique. L'idéologue de la tendance orientaliste à la cour russe, Esper Esperovitch Oukhtomski, a rassemblé des informations ethnographiques à propos des lieux visités par le tsarévitch. Il publia plus tard un ouvrage en trois volumes superbement illustré sur l'expédition[10] Plus de 200 photographies ont été réalisées par Vladimir Mendeleïev, fils du chimiste Dmitri Mendeleïev, qui accompagna l'expédition sur le Mémoire d'Azov. Au cours de son voyage, le prince héritier a reçu des milliers de cadeaux, dont beaucoup étaient des pièces uniques. Une grande partie d'entre elles est conservée au Musée d'ethnographie et d'anthropologie de l'Académie des sciences de Russie (Kunstkamera ou chambre des curiosités)[11]. À la fin de l'année 2010, a eu lieu une première exposition des artéfacts liés au voyage au musée «Tsarinyno (ru)» dans le cadre de l'exposition Panorama de l'empire [1] En 1891, Pierre-Karl Fabergé a réalisé l'œuf «Mémoire d'Azov», qui présente une miniature du croiseur à côté de l'œuf. Cette œuvre est visible à Moscou au Kremlin au Palais des Armures. Chronologie
Références
Bibliographie
Liens externes
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