Xavier Arsène-Henry, né le à Bordeaux et mort le à Paris 14e[1], est un architecte et urbaniste français. Militant du mouvement moderne, il a contribué tant au plan conceptuel qu'opérationnel, à l'industrialisation du bâtiment et à la politique des grands ensembles. Toutefois, son héritage en la matière est fortement critiqué de nos jours par plusieurs spécialistes d'urbanisme et d'architecture.
Il est nommé successivement urbaniste de Quimper, de Charente-Maritime et architecte conseil de la ville de Marseille. Dans le même temps, il crée la même année avec son frère, Luc Arsène-Henry (1923-1998), un cabinet d'architectes. Comme architecte-urbaniste en chef, il a conçu et supervisé plusieurs "grands ensembles" à Bordeaux, Nîmes et Montereau-Fault-Yonne. Son frère Luc dessine un grand nombre d'ouvrages d'art : ponts (pont du Point du jour à Paris) et barrages. Ensemble, ils ont inventé le béton de ciment blanc, mis en œuvre pour la première fois au monastère franciscain d'Orsay en 1952.
Il est estimé que l'agence des frères Arsène-Henry a assuré la maîtrise d'œuvre d'une dizaine de milliers de logements, et supervisé la construction de plus de 200 000 logements. Les projets d'urbanisme, conformes à la charte d'Athènes, étaient constitués de tours et de barres organisés autour d'espaces verts. Leurs projets d'architecture reposaient quant à eux sur la mise en œuvre de systèmes constructifs, constitués de panneaux préfabriqués en béton blanc cannelé.
Il a enseigné à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, en tant que chef d'atelier extérieur à partir de 1951 puis en tant que chef d'atelier de 1968 à 1986 à l'Unité Pédagogique d'Architecture no 2. Son enseignement reposait sur le choix et la défense d'un parti pris fondé sur la lecture attentive du programme, la prise en compte du contexte environnemental et urbain, la cohérence de la démarche, et la lisibilité du rendu. Il a également collaboré avec le quotidien La Croix, par le biais de chroniques régulières.
Ses fils, Luc Arsène-Henry junior (né en 1949) et Tristan Arsène-Henry (né en 1957) sont eux-mêmes architectes et spécialisés en bâtiments industriels et commerciaux.
1956-1961 : secteur industrialisé et grand ensemble Wilson, à Reims : 700 logements avec 2 tours (détruites en 2003) et barres
1958-1975 : ZUP de Surville à Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), en collaboration avec Bernard Schœller, plus de 3 000 logements, dont notamment une tour expérimentale intégrant le premier exemple de logements évolutifs en France (en cours de démolition partielle)[3].
1967-1998 : Quartier de Bordeaux-Lac : plan d'urbanisme d'un quartier construit sur environ 1 000 hectares de marais assainis. Le parti retenu est "la nature dans la ville, la ville dans la nature"[5]: espaces boisés délimitant les secteurs d'urbanisation : golf, parc des expositions, palais des congrès et zone hôtelière, hypermarché et zone commerciale, logements sociaux (clairière du Lauzun).
La résidence Paris.15 (dénomination de la brochure commerciale) (15e arrondissement) à Paris
Critiques des réalisations
Plusieurs auteurs spécialistes d'urbanisme et d'architecture contemporaine décrivent aujourd'hui les réalisations urbaines des frères Arsène-Henry comme l'archétype des grands ensembles standardisés à l'extrême et de médiocre qualité. Certains de leurs grands ensembles, à l'instar de ceux de Montereau-Fault-Yonne, se sont dégradés de manière prématurée. Ne correspondant plus à la vision actuelle de l'urbanisme ni aux standards actuels, ils ont dû être démolis[6]. Parmi les critiques :
François Loyer, dans son Histoire de l'architecture, tome III, l'époque contemporaine, qualifie Montereau-Surville de « médiocre »[7]
Daniel Pinson, dans son ouvrage Architecture et modernité, qualifie Nîmes-Pissevin de « drame architectural »[8]
Xavier Arsène-Henry a assumé jusqu'au bout le choix de ses partis d'aménagement et d'urbanisme, qui sont à resituer dans le contexte de l'époque et dans le débat sur les grands ensembles[9].
↑Faut il vraiment démolir les grands ensembles ? Gérard Baudin et Philippe Genestier in Espaces et sociétés. 2006/2 - no 124-125
Voir aussi
Bibliographie
Xavier Arsène-Henry, « La ville de l'an 2000 », revue Études, 1972
Xavier Arsène-Henry, Notre ville, Mame, 1969
Xavier Arsène-Henry, Rentrons, il se fait tard, le long voyage d'un architecte (1919-1998), éd. L'Harmattan, 1999, 432 p.
Xavier Henry, J'allais oublier de vous dire... : suite du long voyage d'un architecte, 1998-2002, Paris, L'Harmattan, , 288 p. (ISBN978-2-7475-3660-8).
Xavier Arsène-Henry, Arrêtons nous quelques instants, 3e étape du long voyage d'un architecte (2002-2006), éd. L'Harmattan, 2006 (ISBN978-2296028869), 250 p.
Cap-Ferret : dessins et textes de Xavier Arsène-Henry : 50 ans de dessins, Elyte, 2008