Une première chapelle est construite pour les habitants des Porcherons sur la rue Coquenard, renommée rue Notre-Dame-de-Lorette (actuelle rue Lamartine). La date de la fondation de cette chapelle n'est pas connue, mais elle était construite en 1646 car une confrérie y est établie à cette date.
L'édifice, vendu comme bien national en 1796 est détruit.
L'église était située rue Notre-Dame-de-Lorette, actuelle rue Lamartine, à proximité du croisement de la rue du Faubourg-Montmartre (partie nord de cette rue ayant été renommée rue Notre-Dame-de-Lorette) et de la rue des Porcherons, actuelle rue Saint-Lazare. Une barrière d'octroi visible sur le plan Turgot était implantée à ce croisement. L'église occupait l'actuelle parcelle regroupant les nos 52 et 54 rue Lamartine et le no 15 rue Hippolyte-Lebas[3]. L'actuel no 54 rue Lamartine occupe l'emplacement de l'entrée de l'église[4].
Bien avant le baron Haussmann, Paris faisait déjà l’objet de grands travaux : le quartier dit des Porcherons où s’élève aujourd’hui l’église se situait hors des murs de la ville. Les établissements ne payant pas l’octroi, les cabarets, les guinguettes fleurissaient le long de la rue des Martyrs. Victor Hugo évoque dans Les Contemplations : « C’est lundi ; l’homme hier buvait aux Porcherons un vin plein de fureur, de cris et de jurons ». Tout proche, le quartier de la Nouvelle Athènes, allusion à la contemporaine guerre d'indépendance grecque, est également en plein développement. De nombreux artistes s’y installent.
En 1821, décision est prise de construire l'église actuelle. Une ordonnance royale du 3 janvier 1822 prescrit la construction de cette église et un concours entre dix architectes est ouvert[6]. Hippolyte Le Bas est le seul architecte à proposer une construction sur pilotis, nécessaire compte tenu de la nature du sol[7]. Ami d'Ingres, Lebas lui demanda de l'aider au choix des artistes qui décoreront l'édifice. À l'origine, l'église devait s'ouvrir au nord, mais le plan fut inversé après le percement de la rue Laffitte depuis Paris.
Le , durant la période de la Commune de Paris, l'église est transformée en caserne de la Garde nationale sous le nom de caserne Châteaudun pour une partie et en prison pour les réfractaires au service armé pour une autre partie.
Alfred Caillebotte, demi-frère de Gustave Caillebotte, fut l'un des curés de Notre-Dame-de-Lorette.
La devise Liberté, Égalité, Fraternité au-dessus de l'entrée principale a été rajoutée en 1902.
Classée monument historique en 1984[8], l'église Notre-Dame-de-Lorette est l'église la plus colorée de Paris. Jugée, à l'époque, trop moderne, trop rutilante avec l'éclairage au gaz, ses murs sont entièrement recouverts de décors.
Quatre chapelles, correspondant aux quatre sacrements importants de la vie du chrétien, encadrent la nef. La chapelle du Baptême à droite en entrant, la chapelle de l'Eucharistie par Alphonse Périn au nord-est, la chapelle du Mariage par Victor Orsel au nord-ouest et enfin, au sud-ouest, la chapelle du Sacrement des malades par Blondel.
Un cycle pictural sur la vie de la Vierge Marie est visible en partie haute dans la nef. La majorité des iconographies sont tirées des écrits apocryphes.
La technique employée pour le cycle de fresque de l’église est la peinture à la cire, solution novatrice permettant de gagner en longévité dans un environnement très humide sujet au salpêtre.
Le seul vitrail visible dans cette église est celui de l'oratoire au nord-ouest. Il s'agit de la représentation d'une Assomption sortie des ateliers de la manufacture de Sèvres. Un pendant, commandé, sans jamais être réalisé, devait représenter Moïse et les Tables de la Loi.
En octobre 2013, Notre-Dame-de-Lorette a toutefois été inscrite sur la liste des monuments en péril du World Monument Fund.
Son décor, gravement abîmé[9], est en cours de restauration, en septembre 2019 ; comme, par un concours de circonstance, le sanctuaire de Lorette dans les Marches est également en restauration en cette même période.
Personnalités
Charles Albert Nicolaïe dit Clairville (1833-1888), fils du fécond auteur dramatique Louis François Nicolaïe dit Clairville (1811-1879), s'y est marié le 27 novembre 1858[10] avec Félicie de Giorni.
Georges Bizet (1838-1875), musicien français né à Paris dans la toute proche rue de La Tour d'Auvergne le , a été baptisé en l'église Notre-Dame-de-Lorette le [11]. C'est lors de ce baptême qu'il a reçu le prénom de Georges.
Claude Monet (1840-1926), peintre impressionniste français né à Paris le , a été baptisé en l'église Notre-Dame-de-Lorette le [12]. Lors de ce baptême, il reçoit les prénoms d'Oscar-Claude.
Michel-Victor Cuchet (1815-1899), sculpteur-ornemaniste s'est marié le 17 septembre 1840 en l'église Notre-Dame-de-Lorette, avec Catherine Clair.
Fiche de l'acte de mariage religieux de Charles Albert Nicolaïe et Félicie Marie de Giorni (de Giorny) dans le registre de l'église Notre-Dame-de-Lorette à Paris.
Acte de baptême de Georges Bizet en date du 16 mars 1840 en l'église Notre-Dame-de-Lorette à Paris.
Le nom même de Lorette est la version francisée de l’italien loreto dérivant du latin lauretum qui désigne la colline de lauriers sur laquelle a été construit le sanctuaire de la Madone à partir de 1294 et qui se référerait probablement à l’autre nom du mont Aventin, l’une des sept collines de Rome. Le sanctuaire dessiné par le polymathe renaissant Donato Bramante contient la maison originelle de Marie, et contenait jusqu’aux spoliations napoléoniennes les reliques de la Sainte Vierge.
Sous Napoléon III, le sens issu de la légende qui clôt les croisades en Terre sainte s'est progressivement effacé et le terme de « lorette » a fini par désigner une courtisane débutante, à l'inverse du terme de « lionne » qui désignait une courtisane confirmée, comme la Païva. En effet, dans la paroisse de l'église, on dénombrait beaucoup de « petites maisons » au XIXe siècle[14].
↑Debure, gendre de feu d'Houry, Almanach Royal pour l'année 1789, Paris, Imp. Veuve d'Houry, s. d. (lire en ligne sur Gallica), p. 103.
↑Abbé Delarc, L'Église de Paris pendant la Révolution Française, 1789-1801, Paris, Desclées de Brouwer, s. d. (ca 1900), t. 1, chapitre VII, p. 322. Consulter en ligne.
↑« Plateforme de webmapping ALPAGE », sur Analyse diachronique de l'espace urbain parisien : approche géomatique (ALPAGE) (consulté le ).
↑Félix de Rochegude, Guide pratique à travers le vieux Paris : maisons historiques ou curieuses, anciens hôtels pouvant être visités, en trente-trois itinéraires détaillés, Paris, Hachette et cie, , 2e éd. (lire en ligne), p. 189.
↑(la) Pietro di Giorgio Tolomei, prévôt de Teramo, Translatio miraculosa ecclesiae Beatae Mariae Virginis de Loreto, Rome, Eucharius Silber (?), , 8 p. (lire en ligne).
Préfecture du département de la Seine. Direction des travaux, « Église Notre-Dame-de-Lorette », dans Inventaire général des œuvres d'art appartenant à la Ville de Paris dressé par le service des beaux-arts, t. 3 Édifices religieux, Paris, Imprimerie centrale des chemins de fer Imprimerie Chaix, (lire en ligne), p. 9-37 ;
Abbé E. Duplessy, Notre-Dame de Lorette, le quartier, la paroisse, l'église, 1894, Paris, Lethielleux, 255 pages, lire en ligne ;
Aline Dumoulin, Alexandra Ardisson, Jérôme Maingard et Murielle Antonello, Reconnaître Paris, d'église en église, Paris, Massin, (ISBN978-2-7072-0583-4), p. 210-213