Louis Hippolyte Le Bas ou Hippolyte Lebas est un architectefrançais, professeur d'histoire et de théorie de l'art, né à Paris le et mort dans la même ville le . Membre de l'Institut de France, il compte aussi parmi les ancêtres de la famille Halévy.
Biographie
À l'origine de la vocation d'Hippolyte, ses liens de famille avec les Vaudoyer, architectes. Sa mère est en effet la sœur d'Antoine Vaudoyer et la tante de Léon Vaudoyer. Les deux familles vivaient alors dans la même maison de la rue de Savoie. Le jeune homme, à force de visiter l'atelier de son oncle[1], prit goût à l'architecture[2]. Outre celui d'Antoine Vaudoyer, Hippolyte reçoit l'enseignement de Charles Percier et celui de Pierre Fontaine.
Contrairement à son oncle et à son cousin, Hippolyte n'obtient pas le premier grand prix de Rome d'architecture, seulement le second. Il n'a donc pas normalement droit à un séjour au frais de l'État dans la ville éternelle. Il va cependant se débrouiller pour y aller trois fois, et même à la villa Médicis ! La première fois, c'est à l'occasion de son service militaire en 1803. Il obtient d'être incorporé dans l'escadron des gardes de Murat, qui lui accorde même le droit de dessiner les monuments qu'il verra. La deuxième fois, c'est quand il ne décroche que le second grand prix de Rome, en 1806. Il obtient de l'Institut la faveur de séjourner à la villa Médicis, mais sans le titre de pensionnaire. Il y travaille aux côtés de l'architecte Pierre-Adrien Pâris, qui la dirige, à des relevés de vestiges antiques et de monuments plus récents. Il y reviendra encore en 1811 avec son ami François Debret pour une vaste étude sur un architecte de la Renaissance, Jacopo Barozzi da Vignola[3], qui donnera lieu à publication à partir de 1815.
De retour à Paris, il doit d'abord se contenter de seconder des maîtres en place en qualité d'inspecteur des travaux. C'est avec ce titre qu'il assiste Pierre Fontaine pour la construction de la Chapelle expiatoire (1816-1824) à Paris, puis Éloi Labarre pour l'achèvement des travaux du Palais Brongniart de 1813 à 1826.
Autre étape qui compte dans sa carrière, et même dans sa vie tout court : il succède en 1824 à son oncle Vaudoyer comme architecte de l'Institut. Il y conçoit une aile de la seconde cour qui abrite diverses salles de travail pour les cinq académies plus la grande salle des séances et la galerie des collections. Ce bâtiment est inauguré en 1846 et porte depuis son nom. En 1832, il bénéficie d'un logement de fonction sur place qu'il gardera jusqu'à sa mort. Le logement est suffisamment vaste pour qu'il y héberge ses enfants et petits-enfants Halévy. Quand en 1854, Fromental Halévy devient secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts, il est lui aussi logé à l'Institut, qui devient un véritable phalanstère Halévy[5] ! Naturellement, Hippolyte Le Bas est membre de l'Académie des Beaux-Arts, depuis 1825.
Son style s'inscrit dans la continuité de celui qui prévalait sous l'Empire, il est néo-classique. Ainsi, Notre-Dame de Lorette s'inspire des églises paléochrétiennes de Rome qu'il a étudiées lors de son deuxième voyage en Italie[6].
Il a consacré une large part de son temps à l'enseignement. Dès 1819, son oncle Antoine Vaudoyer l'associe à la direction de son atelier à l'École des Beaux-Arts[7]. En 1840, il est y nommé professeur d'histoire de l'architecture après le décès de Huyot. Il enseigne seul pendant une dizaine d'années puis prend un suppléant, Albert Lenoir, fils du célèbre Alexandre. Dans cet enseignement, qui a marqué plusieurs générations d'architectes, il s'est efforcé de montrer l'évolution de l'architecture à travers tous les âges et dans tous les pays, dans la tradition historiciste de Johann Joachim Winckelmann tout en mettant en lumière, mais de manière raisonnée, la perfection classique, à la manière de Quatremère de Quincy.
De son mariage avec Colombe Isambert en 1811, il a eu deux enfants : Gabriel Hippolyte Le Bas (1812-1880), peintre de la Marine, et Alexandrine (1813-1893), mariée à Léon Halévy (1802-1883) et mère de Ludovic Halévy (1834-1908).
↑voir le texte de Daniel Halévy cité par Pierre Pinon, p. 90, celui d'Anne Borrel à propos de Geneviève Halévy, p. 108, et celui de Jean-Pierre Halévy sur Ludovic Halévy, p. 137, in La famille Halévy
↑Pierre Pinon, Les Vaudoyer et les Le Bas, in La famille Halévy, p. 92-93
↑Pierre Pinon, Les Vaudoyer et les Le Bas, in La famille Halévy, p. 94
Barbara Boifava, Théorie, Pratique et Histoire de l'Architecture. L'enseignement de Louis-Hippolyte Lebas à l'École des Beaux-Arts de Paris. 1842-1856, Thèse d'histoire de l'art, Paris, Université Paris VIII, 2003.
Françoise Largier, Louis-Hippolyte Lebas (1782-1867), architecte, historien de l’art, Mémoire de diplôme d'études supérieures de l'École du Louvre, 2004.
Françoise Largier, « Louis-Hippolyte Lebas (1782-1867) et l'histoire de l'art », Livraisons d'histoire de l'architecture, no 9, 1er semestre 2005, p. 113-126 (DOI10.3406/lha.2005.1000, lire en ligne, consulté le ).
Vassiliki Petridou, La doctrine de l'Imitation dans l’architecture française dans la première moitie du XIXe siècle. Du Néo-classicisme au Romantisme à travers l’œuvre de Louis Hippolyte Lebas (1782-1867), Thèse du Doctorat, Université de Paris-Sorbonne, Paris IV, 1992, vol. II.
Vassiliki Petridou, « P.-F.-L. Fontaine et L.H. Lebas : une double paternité pour la Chapelle expiatoire à la mémoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette », dans Le Livre et l’Art, études offertes en hommages à Pierre Lelièvre réunies par Thérèse Kleindienst, Somogy éditions d’art, Paris, 2000
Pierre Pinon, Les Vaudoyer et les Le Bas, dynasties d'architectes, in La famille Halévy, 1760-1960, sous la direction d'Henri Loyrette, Fayard, 1996