Les élections au Parlement basque de 1980 (en basque : 1980ko Eusko Legebiltzarrerako hauteskundeak, en espagnol : Elecciones al Parlamento Vasco de 1980) se tiennent le dimanche afin d'élire les 60 députés de la Ire législature du Parlement basque pour un mandat de quatre ans.
Le scrutin se tient quelques semaines après l'entrée en vigueur du statut d'autonomie du Pays basque, adopté par référendum en . Il est marqué par une importante abstention, en raison d'une faible mobilisation des ouvriers issus de l'immigration intérieure, qui se sentent peu concernés par une campagne aux accents idéologiques très marqués.
Il voit une large victoire des partis nationalistes, qui conquièrent les deux tiers des sièges, et un net recul des partis à implantation nationale par rapport aux précédentes élections générales, en 1979. À lui seul, le Parti nationaliste basque remporte 25 députés, ce qui lui garantit une majorité absoluede facto puisque Herri Batasuna n'a pas l'intention d'occuper ses 11 sièges de parlementaire.
Le président sortant du gouvernement autonome provisoire, Carlos Garaikoetxea est investi un mois plus tard lehendakari par le Parlement avec les seules voix du Parti nationaliste, ayant refusé préalablement de former une coalition gouvernementale.
L'assemblée des parlementaires approuve le suivant un projet de régime d'autonomie provisoire, sur la base d'une proposition conjointe rédigée par le Parti nationaliste et le Parti socialiste, et installe une commission chargée de négocier avec le gouvernement espagnol les conditions de l'autonomie basque[3]. Les négociations formelles commencent le à Madrid avec le ministre Manuel Clavero[4]. Le Conseil des ministres du adopte un décret-loi qui organise l'autonomie autour d'un « Conseil général » dont les décisions peuvent être bloquées par l'une des trois députations forales et auquel peut participer la Navarre si elle en émet la demande[5]. Le Conseil général est installé le et élit, au bout de huit tours de scrutin, le socialiste Ramón Rubial comme président avec une voix d'avance sur le nationaliste Juan de Ajuriaguerra[6]. Il est remplacé le par le nationaliste Carlos Garaikoetxea[7].
Le projet de statut est adopté le par l'assemblée des parlementaires[8] puis le par la commission constitutionnelle du Congrès des députés[9]. Lors d'un référendum organisé le suivant, le statut d'autonomie est ratifié par 88,9 % des votants avec un taux de participation de 61 %, supérieur aux attentes[10].
Dans la perspective de la publication du statut au Bulletin officiel de l'État (BOE), qui ouvrira un délai de 60 jours pour convoquer les premières élections au Parlement basque puis les organiser sous quatre mois, le Conseil général envisage, à la fin du mois de , d'organiser le scrutin le ou le [11]. Finalement, le Conseil général vote le pour que les élections aient lieu le suivant[12].
L'article 26 du statut d'autonomie de 1979 dit « de Guernica » dispose que le Parlement sera composé d'un nombre égal de députés représentant les territoires historiques — l'Alava, le Guipuscoa et la Biscaye — et élu pour une période de quatre ans[13]. En vertu de la première disposition transitoire du statut, le nombre de députés par circonscription est fixé à 20[14], ce qui établit la composition de l'hémicycle à 60 parlementaires.
Conformément à la première disposition transitoire du statut, le Conseil général dispose de 60 jours à la suite de l'adoption dudit statut pour procéder à la convocation du scrutin, qui doit se tenir dans un délai de quatre mois à compter de sa convocation[14].
les partis, associations et fédérations politiques inscrits au registre des associations politiques du ministère de l'Intérieur ;
les coalitions électorales formées par les entités précitées ;
les groupes d'électeurs, à la condition d'avoir réuni les parrainages d'au moins 0,1 % et 500 des électeurs inscrits de la circonscription électorale concernée.
Le scrutin est marqué une forte abstention, qui s'établit autour de 41 % des inscrits, soit sept points de pourcentage de plus que lors des élections législatives du . Elle touche principalement les travailleurs issus de l'immigration intérieure, catégorie de la population qui s'est sentie peu concernée par une campagne extrêmement idéologique[17].
Les résultats constituent un triomphe pour les partis nationalistes, en particulier pour le Parti nationaliste basque (EAJ-PNV) du président du Conseil général Carlos Garaikoetxea. Dans leur ensemble, les formations souverainistes font élire 42 députés, dont 25 pour le seul Parti nationaliste. Dans la mesure où Herri Batasuna (HB) avait annoncé son intention de ne pas faire siéger ses élus et qu'il en remporte 11, l'EAJ-PNV remporte la majorité absolue dans un hémicycle de facto réduit à 49 parlementaires[18]. HB et Euskadiko Ezkerra (EE) enregistrent leur progression dans les circonscriptions d'Alava et de Biscaye, considérées comme les moins sensibles aux thèses nationalistes[19].
À l'inverse, le scrutin est une mauvaise opération pour les partis à implantation nationale. L'Union du centre démocratique (UCD) du président du gouvernementAdolfo Suárez perd la moitié de ses votants des élections législatives, reculant de la deuxième à la quatrième place des forces politiques et remportant moins de la moitié de son objectif en sièges. Si le retrait du Parti socialiste (PSE-PSOE) est moindre avec une perte de 27 % de son électorat des élections du , il n'en reste pas moins sur une pente descendante puisqu'il constituait la première force politique basque en et se situe désormais en troisième position. La vraie surprise vient de l'Alliance populaire (AP), qui conquiert 30 % d'électeurs supplémentaires et fait ainsi élire deux députés[19].
Conséquences
Après avoir mené deux séries de consultations avec les autres forces politiques, le chef de file du Parti nationaliste Carlos Garaikoetxea confirme le son intention de former un gouvernement constitué de son seul parti politique[20]. Le suivant, il est investi président du gouvernement du Pays basque (lehendakari) par 25 voix pour et 24 voix contre, les 11 députés d'HB n'ayant pas pris part au vote et le vote ayant dû être recommencé en raison de la présence de trois votes nuls. Il prête serment dans la foulée, dans la nuit, sous l'arbre de Guernica[21].
Notes et références
Notes
↑Avec le titre de « président du Conseil général ». Le lehendakari en exil Jesús María Leizaola continue de revendiquer l'exercice de ses fonctions.
Références
↑(es) Jesús Ceberio, « El estatuto de autonomía, caballo de batalla de los diputados y senadores de Euskadi », El País, (lire en ligne, consulté le ).
↑(es) Fernando Casares, « Guernica, 19 de jumio: el gran día de los vascos », El País, (lire en ligne, consulté le ).
↑(es) Jesús Ceberio, « La Asamblea de Parlamentarios vascos asume el borrador PNV-PSOE sobre la autonomía », El País, (lire en ligne, consulté le ).
↑(es) Jesús Ceberio, « Tres meses y medio de negociaciones », El País, (lire en ligne, consulté le ).
↑(es) Ismael Fuente Lafuente, « Preautononía para Euskadi », El País, (lire en ligne, consulté le ).
↑(es) Alberto Suárez Alba, « Ha quedado constituido el Consejo General Vasco », La Vanguardia, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
↑(es) « Garaicoechea podría dimitir como presidente del CGV », La Vanguardia, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
↑(es) Patxo Unzueta, « La Asamblea de Parlamentarios vascos aprobó su Estatuto de Autonomía », El País, (lire en ligne, consulté le ).
↑(es) Herminio Pérez Fernández, « El proyecto de Estatuto vasco, listo para el referendum », ABC, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
↑(es) Espagne. « Real Decreto-ley 20/1977, de 18 de marzo, sobre Normas Electorales. », BOE, art. 30. (version en vigueur : 24 mars 1977) [lire en ligne (page consultée le 4 juin 2024)]
↑ a et b(es) Espagne. « Real Decreto-ley 20/1977, de 18 de marzo, sobre Normas Electorales. », BOE, art. 20. (version en vigueur : 24 mars 1977)
↑(es) Patxo Unzueta, « Fuerte incremento del voto nacionalista y "abertzale", subrayado por el aumento de la abstención », El País, (lire en ligne, consulté le ).
↑(es) Gabriel Careaga Artiach, « Triunfo nacionalista y retroceso de los partidos estatales », La Vanguardia, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
↑ a et b(es) Mariano Guisal, « Los partidos abertzales han conseguido 42 de los 60 escaños del Parlamento Vasco », La Voz de Galicia, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
↑(es) Javier Angulo, « Garaikoetxea confirma que definitivamente el Gobierno vasco será monocolor », El País, (lire en ligne, consulté le ).
↑(es) Javier Angulo, « Carlos Garaikoetxea, presidente del Gobierno vasco sólo con los votos de su partido », El País, (lire en ligne, consulté le ).