Les élections européennes de 2014 ont eu lieu le dimanche en Italie. Pour la première fois, les élections ne sont pas étalées sur deux jours comme il est de tradition, et ce depuis celles de juin 1979. Cependant le scrutin est ouvert de 7 h à 23 h, une durée inhabituelle. Ce sont aussi les premières élections depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne qui renforce les pouvoirs du Parlement européen et modifie la répartition des sièges entre les différents États-membres. Ainsi, les Italiens élisent 73 députés européens au lieu de 72 précédemment[1].
Le Parti démocrate reste en tête des sondages, avec Matteo Renzi comme leader. Son symbole électoral indique le PSE auquel il a finalement adhéré.
Le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo a fait une entrée fracassante sur la scène politique italienne en s'imposant comme le second parti dans les urnes et les sondages.
Le Peuple de la liberté, fondé en 2007 pour rassembler la droite et le centre-droit, a volé en éclats en 2013 avec la succession de différentes scissions, qui ont mené à la création de Frères d'Italie en , du Nouveau Centre-droit en et à la refondation de Forza Italia par Silvio Berlusconi, qui est devenu inéligible et ne peut, en tant que condamné, faire campagne que pendant trois jours par semaine.
Les Verts, avec le soutien du Parti vert européen et la création de Green Italia, cherchent un espace électoral qu'ils ont perdu depuis 2009 mais ont risqué de ne pas pouvoir présenter leurs listes, car ils n'avaient recueilli les parrainages nécessaires, et ont compté uniquement sur l'existence d'un groupe au Parlement européen pour obtenir leur qualification, confirmée par la Cour de cassation le .
Mode de scrutin
Les eurodéputés italiens sont élus au scrutin proportionnel de liste, et les sièges sont répartis entre les listes ayant dépassé 4 % des suffrages exprimés selon la méthode du plus fort reste (quotient de Hare) au niveau national.
73 sièges sont accordés à l'Italie à la suite de l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, répartis selon le dernier recensement de 2011, comme suit : 20 pour le nord-ouest, 14 pour le nord-est, 14 pour l'Italie centrale, 17 pour le midi et 8 pour les îles[2], bien que cette répartition soit uniquement formelle : l'attribution des sièges aux circonscriptions se fait en fonction de la participation effective des électeurs sur une base nationale et non en fonction de sièges théoriquement attribués à chaque circonscription.
En plus du choix du symbole qui s'effectue en cochant celui-ci sur le bulletin de vote, chaque électeur peut exprimer jusqu'à un maximum de trois votes de préférence en indiquant le nom du candidat, dont au moins une candidate.
Campagne
Le , 64 symboles électoraux sont déposés auprès du ministère de l'Intérieur. Cependant seuls les partis représentés au Parlement de la République italienne ou au Parlement européen sont dispensés de présenter des parrainages et pourront donc se présenter à l'élection. 52 symboles sont retenus, 8 rejetés, mais seulement 11 listes (et 12 listes dans l'Italie du Nord-Est) sont effectivement présentées dans chaque circonscription.
Les listes du Parti communiste et du Mouvement bunga bunga + USEI ont été exclues de la compétition et elles ne figurent pas sur les bulletins de vote. Dans le premier cas, la Cour de cassation a refusé au PC le traitement accordé aux Verts (pas de signatures). Dans le second cas, l'USEI a contesté l'utilisation de son symbole par le fantaisiste Mouvement bunga bunga.
Alors qu'il dirige le gouvernement Renzi depuis , le Parti démocrate, adhérent du Parti socialiste européen depuis le , a remporté un succès inattendu à ce niveau (les sondages pendant la campagne et même ceux à la sortie des urnes donnaient un score proche d'un tiers des voix). Les résultats définitifs donnent un niveau jamais atteint ou même approché par un parti de gauche lors d'une élection nationale, y compris le Parti communiste italien d'Enrico Berlinguer, dont Renzi a défendu la mémoire. Le PD a gagné 10 députés par rapport à (juste avant que l'Italie ne prenne la présidence tournante de l'Union, le ), faisant de lui l'un des partis les mieux représentés à Strasbourg (seul l'ensemble CDU+CSU faisant mieux) et des démocrates italiens « les plus nombreux au sein du Parti socialiste européen »[24]. De plus, le PD est arrivé premier dans l'ensemble des régions d'Italie[24].
Alors que le Mouvement 5 étoiles voulait faire jeu égal avec le PD, comme lors des législatives de 2013, il s'est retrouvé nettement en dessous des 25 % qu'il espérait. Avec 21,2 % et 20 points derrière le PD, le mouvement a connu une quasi-défaite, alors qu'il se pensait en mesure de remporter les élections. Forza Italia a connu la défaite la plus sévère de son histoire, n'atteignant même pas les 17 %, alors que le parti espérait obtenir entre 17 et 20 % des suffrages exprimés.
Les autres partis ayant dépassé le seuil requis de 4 % pour obtenir des députés ont tous obtenu moins de 7 % des suffrages. La Ligue du Nord qui avait fait campagne contre l'euro et avait affiché sa proximité avec le Front national, a perdu quatre de ses neuf sièges. Le Nouveau Centre-droit, pourtant allié à l'Union de centre, a obtenu deux sièges de moins que l'UdC seule en 2009. L'autre Europe avec Tsipras, seule coalition ayant recueilli les signatures nécessaires pour se présenter en tant que nouveau parti, a permis à la gauche radicale de revenir au Parlement européen en franchissant de justesse le seuil requis, bien qu'ayant obtenu moins de suffrages qu'en 2009, alors que ses actuelles composantes étaient dispersées. Enfin, le Parti populaire sud-tyrolien a confirmé, grâce à une alliance avec le Parti démocrate, son député germanophone.
Références
↑Cependant, depuis décembre 2011, il y avait déjà 73 représentants de l'Italie au Parlement européen.
↑Le député Mario Borghezio, élu avec la Ligue du Nord, siège parmi les non-inscrits depuis qu'il a été expulsé du groupe, bien que se réclamant dudit parti.
↑Deux élus se réclament de FdI-AN, siègent au sein du PPE mais ont annoncé vouloir quitter ce groupe. Un élu fait partie de Futur et liberté pour l'Italie, ancien d'Alliance nationale, et siège également au sein du PPE.