Il ne nous reste qu'une cinquantaine de vers d'elle. Son poème le plus connu est Le Fuseau ou La Quenouille ; en grec ancien : Ἠλακάτη / Êlakátê), écrit en éolien et dorien, qui consistait en 300 hexamètres dont seuls trois fragments cités par Athénée[5] et Stobée[6] et une vingtaine de vers provenant d'un papyrus (PSI 1090[7]), mis au jour et publié en 1928, nous sont parvenus[8],[9]. Ces vers contiennent une lamentation sur la mort de Baucis, une amie d'enfance d'Érinna[10], morte peu avant son mariage. Par ailleurs, l'Anthologie palatine conserve trois épigrammes attribués à Érinna aux Livres VI et VII[10] les deux derniers épitaphes de Baucis.
Camillo Neri, dans un travail publié en langue italienne, se basant sur les fragments conservés et les témoignages à son sujet, reconstruit le nom de la poétesse en « Hérinna » (grec ancien : Ἥριννα)[11]. Elle est également parfois appelée « Érina ».
Christodoros de Coptos au Ve siècle a fait de Érinna une contemporaine et amie de Sappho (Anthologie Palatine, II, 108)[10]. C'est cette assertion, vraie ou fausse, que retient la postérité. On notera dans les Harangues héroïques du Recueil des femmes illustres de Madeleine de Scudéry, une harangue censée être adressée par Sappho à Érinna, et la présence d'Érinna comme personnage romanesque dans « L'Histoire de Sapho » dans Artamène ou Le Grand Cyrus[12] ; une aquarelle[13] de Simeon Solomon ; un poème de Théodore de Banville[14], de Renée Vivien ou encore deux poèmes de Rainer Maria Rilke.
Elle est souvent utilisée dans les ouvrages en faveur des femmes notamment lors de la Querelle des femmes, parfois de préférence à Sappho, comme chez Juan Luis Vivès, dans son traité destiné à l'éducation des femmes, le De Institutione Feminae Christianae (1523)[15].
On peut retenir avec Camillo Neri que sa physionomie a évolué à travers les siècles au gré d'attributions douteuses et fantaisistes[16].
↑Commentaire de Luis Guichard sur Camillo Neri, « Erinna. Testimonianze e Frammenti. Eikasmos, Studi, 9 » dans Bryn Mawr Classical Review, 24 juillet 2004, [(en) lire en ligne].
↑« Artamène », sur artamene.othone.org (consulté le )
↑Neri 2003[Où ?] : « tra attribuzione dubbie o fantasiose e recuperi fortunati o apparenti, si modificavano la fisionomia e la collocazione storico-letteraria di un'autrice le cui coordinate biografiche dovevano essere nebulose già sullo scorcio del IV sec. a.c. »
Paul Collart, « La poétesse Erinna », Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 88, no 2, , p. 183-199 (lire en ligne).
Francesco De Martino, Rose di Pieria, Bari, Levante Editori 1991.
Francesco De Martino, Poetesse Greche, Bari, Levante Editori, 2006.
Anne Debrosse, La Souvenance et le Désir. La réception des poétesses grecque, Paris, Classiques Garnier, .
(it) Camillo Neri, Studi sulle testimonianze di Erinna, Bologne, Pàtron Editore, .