Cette ville, réputée être la plus propre de la grande île, est abritée par la baie de Diego-Suarez (156 km de côtes). Il s'agit du second port du pays[1]. La baie d'Antsiranana est, en vérité, composée de quatre baies plus petites qui sont :
la baie du Tonnerre
la baie des Cailloux Blancs
le Cul de Sac Gallois
la baie des Français (où se situe la ville promontoire de Diego-Suarez)
Cette spécificité, couplée à une position idéale (proximité avec les côtes africaines, de Mayotte, des Comores et des Seychelles), en font un lieu stratégique expliquant le vif intérêt des forces françaises pour le site, qui en fait une base navale durant la colonisation.
La ville se trouve sur un plateau à une altitude d'environ 50 mètres au-dessus de la mer[2]. L'aérodrome d'Arrachart se trouve lui à 105 mètres d'altitude.
Antsiranana se trouve à 1 115 km de la capitale Antananarivo, soit 26 heures de voiture[3].
Bien qu'elle soit censée être la capitale de l'ethnie antakarana (« ceux des falaises »), Antsiranana est une ville cosmopolite où la diversité de la population est frappante :
La ville a un climat tropical à saison sèche avec deux saisons : une saison des pluies entre décembre et mars, avec la présence de mousson, et une saison sèche qui dure huit mois, d’avril à novembre, avec le varatraza (vent fort de vitesse jusqu’à 22 m/s de l'est au nord-ouest). Sa pluviométrie moyenne est de 125 mm à 390 mm. Avec une température moyenne qui varie de 26 °C à 26,7 °C en période de pluie et de 23 °C à 26,4 °C en période sèche.
Toponymie
Il existe deux thèses pouvant expliquer le nom de la ville :
la découverte de la baie par les navigateurs portugais Diego Dias et Fernando Suarez[5] qui lui donnèrent leurs noms[6], Diego-Suarez.
Le tout premier nom d'Antsiranana est Antomboko, qui signifie « troué, perforé », nom dû à cette baie naturelle qui s’étend sur 156 km. C’est la deuxième plus grande baie au monde après celle de Rio de Janeiro. Elle possède aussi son « Pain de Sucre », le Nosy Lonjo en malgache[7].
La ville retrouve son nom malgache d'Antsiranana (mot qui signifie « le port » en malgache) dans les années 1970 dans le cadre de la politique de malgachisation prônée sous la Deuxième République. Néanmoins, l'ancien nom demeure courant.
Jusqu'en 2015, la représentation française disposait d'une chancellerie rattachée à l'ambassade de France à Madagascar d'Antananarivo. À la suite d'une rationalisation des effectifs, Antsiranana ne dispose plus que d'un consulat. Cette situation a rendu plus difficile l'accès aux services de l'administration pour les 1 200 ressortissants français déclarés dans le nord de Madagascar[3]. Le consul honoraire, bénévole, ne dispose pas de toutes les prérogatives de l'ambassade[9].
Histoire
Antsiranana, ou Diego-Suarez, comme toute la partie nord de la Grande île, était un véritable objet de convoitise et de conquête de l'extérieur. Auparavant Diego désignait Cap Diego.
VIIe siècle : premiers vestiges de présence humaine dans la Montagne des Français.
XVIe siècle : découverte de la baie par des explorateurs portugais (cf. voir les deux thèses au paragraphe Toponymie).
XVIIe siècle : à la fin du XVIIe siècle, la baie de Diego-Suarez abritait supposément une colonie de pirates français appelée « Libertalia ».
: signature d'un traité accordant à la France le droit d'occuper le territoire de Diego-Suarez et d'y faire « des installations à sa convenance ». Les troupes françaises s'installent d'abord à Cap Diego, puis, pour des raisons de commodité et d'ouverture, sur l'arrière-pays, à Antsiranana.
1886 : la ville est créée, sous les instructions du 28 août et de 2 septembre 1986, ainsi le commandant militaire Caillet a regroupé une partie de la garnison de Cap Diego à Antsiranana.
1887 : installation des services administratifs, du commandement, de trois compagnies d'infanterie de marine et d'une compagnie de disciplinaire et d'artillerie. A l'arrivée du gouverneur Froger, Antsiranana devient le centre administratif de la colonie de Diego-Suarez.
: prise par les Français du fort d'Ambohimarina (dans la Montagne des Français), occupé par les troupes de la reine Ranavalona III.
: décret rattachant la colonie au gouvernement général de Madagascar.
En 1900, Diego-Suarez est déclaré « point d'appui de la flotte ». Sous la direction du général Joffre, la ville va rapidement se développer. On assiste à la construction du bassin de radoub, de l'hôpital, du quartier militaire et de l'arsenal.
au : opération Iron Clad, les Britanniques s'emparent de Diego-Suarez, aux mains des troupes vichystes, craignant que ces dernières n'appuient les forces japonaises présentes en Birmanie et alliées de l'Allemagne.
1946 : les troupes britanniques rétrocèdent la ville à la France.
: l'île devient indépendante, ce jour deviendra la fête nationale.
Comme on peut le voir à la toponymie des rues et des lieux, l'urbanisme de la ville est fortement marqué par la présence française.
L'urbanisation s'est faite en plusieurs phases :
La vieille ville
Le village d'Antomboko ou Antsiranana peut être considéré comme le noyau de la ville ou hypercentre. Il était composé d’une vingtaine de paillotes malgaches et a été découvert par François de Mahy en 1885. Ce village fait place à une ville qui s’étend désormais de plus en plus vers le sud.
La nouvelle ville
avec la colonisation, le village s'est peu à peu transformé en ville. Celle-ci est orientée vers le nord-nord-est et se divise en deux parties :
L’ancienne ville coloniale : d'abord installée dans la « Ville basse » serrée sur quatre hectares autour du port, elle s'est ensuite étendue sur le plateau (rue Colbert, quartier militaire, Place Kabary), puis, plus tard, quartier de l'Octroi (rue Lafayette).
Les nouveaux quartiers d'extension, au sud (Tanambao I à V, Lazaret, Grand Pavois, SCAMA, Ambalavola, Mahatsara, Morafeno, etc.), sont autant de quartiers qui tendent à s'étendre de plus en plus vers Anamakia et Arrachart.
Plusieurs routes ont été modifiées depuis 2017, par le biais de projets pic. L'un d'eux est la rue qui relie le carrefour en Y (sur la route Ramena) et séminaire paul VI ( vers la RN6). Ces nouvelles constructions ont changé le quotidien des habitants[11].
Découpage administratif
Le recensement de la Commission Électorale Nationale Indépendante, en 2018, a montré que la commune présente vingt-cinq fokontany, à savoir : Ambalakazaha, Ambalavola, Ambohimitsinjo, Anamakia, Avenir, Bazar kely, Cap-Diego, Cité ouvrière, Grand Pavois, Lazaret nord, Lazaret sud, Mahatsara, Mangarivotra, Manongalaza, Morafeno, Place Kabary, Scama, Soafeno, Tanambao III, Tanambao IV, Tanambao nord, Tanambao sud, Tanambao tsena, Tanambao V et Tsaramandroso. Le nombre de bureaux de vote est de 106 avec 59 801 électeurs[12]. Par extrapolation, on peut estimer le nombre de la population de la ville à 119 600 en 2008.
Économie
L'économie est basée essentiellement sur le tourisme et les grandes entreprises locales comme les brasseries Star, la Compagnie Salinière de Madagascar (CSM), La Société d’Étude de Construction et de Réparation Navales (SECREN)[13] ou Pêche et Froid de l'Océan Indien (PFOI)[14]. Des initiatives économiques privées à travers les PME/MPE existent également.
Les activités agricoles sont pratiquées dans les « fokontany » rurales à Anamakia et Cap Diégo. Elles ravitaillent la ville. Étendues sur 1 500 hectares, elles produisent du riz, des mangues et les cultures de contre-saison.
La ville de Diego-Suarez est également reliée par route terrestre avec les autres villes au sud dans la région Diana et d'autres régions (Anivorano, Ambanja, Ambilobe). En période sèche, elle est reliée quotidiennement par des taxis-brousse venant de la capitale à 1 200 km au sud (elles le font entre 26 et 36heures en général). Avant 2010, les moyens de transports usuels de la ville sont les pousse-pousses et les taxis. L'arrivée de tuk-tuks (appelés localement « bajaj ») provoque la disparition progressive de ces moyens de transport.
Un port maritime est érigé dans la ville de Diégo-Suarez. Il assure une grande partie du trafic de marchandises sur les plans régional, national et international. Les marchandises qui y transitent sont le sucre et le sel (pour l'arrière-pays) et les produits d'exportation comme le cacao. En outre, il est le principal site d’éclatement des produits importés de la province d’Antsiranana. Des paquebots touristiques venant d'Europe font également escale au port.
On y trouve aussi des mosquées musulmanes: (Chadouli, Bambao, Soafeno, Joma, Anafi, Antimahôry, lazaret, Reglage, mosquée Manongalaza, mosquée Jakob, mosquée Mahavokatra[20]).
Lieux de culte à Antsiranana
Lieux de culte
Église Anglicane Santa Matio Antsiranana
Église Adventiste Antsiranana
FJKM Antseranana Fahazavana
mosquée Bambao Antsiranana
EKAR Christ-Roi
FJKM TANANANABO Antsiranana
FVKM Antsiranana
Aires protégées
En 1999, la commune a déclaré le « Nosy Lonjo » patrimoine des cultures traditionnelles et écologiques.
Plusieurs sites touristiques sont également accessibles aux environs de la ville de Diego-Suarez, notamment le Parc national de la Montagne d'Ambre, abritant une forêt humide tropicale, le complexe d'Oranjia (Orange), le site Anosiravo (ou montagne des français), la plage Ramena, les trois baies, la nouvelle aire protégée d'Ambodivahibe, le Windsor castle (fortin datant de la Deuxième Guerre mondiale), le lac Antagnavo, ainsi que la réserve marine protégée de Nosy Hara et le site de la mer d'Émeraude.
l'École Supérieure en Agronomie et Environnement de Diego (ESAED)
Afin d'accéder au doctorat, il y a les Écoles Doctorales Thématiques (EDT) :
EDT ENRE (Énergies Renouvelables et Environnement)
EDT LALICE DM (Langues Littérature et Civilisations Étrangères – Dynamique de la Modernité).
L'Institut Supérieur de technologie d'Antsiranana
L'Institut supérieur de technologie d'Antsiranana est un établissement public d'enseignement et de recherche qui a ouvert ses portes en 1992. Il a pour mission de former des techniciens supérieurs (bac+2) en techniciens supérieurs spécialisés (grade licence) et des ingénieurs (grade master).
Au sein de la Direction de Génie Industriel (DGI), il y a, pour l'obtention du Diplôme de Technicien Supérieur :
MEEM : Maintenance en Équipements Électromecaniques
MEFT : Maintenance en Équipements Frigorifiques et Thermiques
GTR : Génie des Télécommunications et des Réseaux
TECHNA : Technologie Navale
TIM : Technologie de l'Information et Multimédia
Pour l'obtention du Diplôme des Techniciens Supérieurs Spécialisés :
SERA : Système à Énergies Renouvelables et Alternatives
ADR : Administration des Réseaux
IRM : Ingénierie des Réseaux Mobiles
Pour l'obtention du master :
TAM : Techniques Avancées de Maintenance
NTE : Nouvelles Technologies de l'Électricité
ICE : Ingénierie des Communications Électroniques
Au sein de la Direction des Managements de Commerce et Service (DGMCS), il existe les filières suivantes :
Diplôme de Technicien Supérieur :
COM : Commerce
TBA : Technique Bancaire et Assurance
TGH : Tourisme et Gestion Hôtelière
GFC : Gestion Financière et Comptable
Diplôme des Techniciens Supérieurs Spécialisés :
LBA-CGC : Licence en Banque et Assurance – option Conseiller Gestionnaire de Clientèle
TCI : Transit et Commerce International
CCA : Comptabilité Contrôle et Audit
TGH-DPT : Tourisme et Gestion Hôtelière –option Développement des Produits Touristiques
Master :
MEO : Management des Entreprises et des Organisations
IF : Ingénierie Financière
À Antsiranana, il existe également de nombreux instituts indépendants : ISNM, ESTIME, ISISFA, ISPDR, ISA.
Les besoins journaliers en eau potable de la population d’Antsiranana sont estimés à 24 000 m3 alors que les stations de traitement d’eau fournissent à peine 18 000 m3, dont 8 000 m3 dans la station de Maromaniry et 10 000 m3 dans la nouvelle station de Sahasifotra.
↑ J. Gordon Melton, Martin Baumann, ‘‘Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices’’, ABC-CLIO, États-Unis, 2010, p. 1768.