Érigé dès le Ier siècle, le diocèse de Sens est élevé au rang d'archidiocèse métropolitain au IIIe siècle. Supprimé en , il est rétabli dès pour le département de l'Yonne. Depuis , les archevêques de Sens joignent à leur titre celui d'évêque d'Auxerre et le nom complet de l'archidiocèse est archidiocèse de Sens (-Auxerre).
Selon la légende, le diocèse de Sens a été fondé dès le Ier siècle et été érigé en archidiocèse au IIIe siècle. En effet, la fondation des premières paroisses et des premiers évêchés n'est connue le plus souvent que par des traditions locales tardives et légendaires qui visent à prouver l'antériorité d'un siège par rapport à un autre[1], voire à faire remonter la conversion aux temps apostoliques[2]
Selon la tradition, rapportée par le Martyrologe romain[3], la cité gallo-romaine des Sénons est évangélisée au IIIe siècle par deux chrétiens : Savinien et Potentien. Selon la liste épiscopale[4], Savinien devint le premier évêque de Sens, vers [5]. Mais, un [6], il meurt décapité d'un coup de hache dans le crypte d'un oratoire qu'il avait fait construire à la sortie de Sens[7]. Selon la liste épiscopale, Potentien lui succède, mais est décapité le de l'année suivante.
Le premier évêque de Sens dont l'existence est attestée est Séverin qui figure sur la liste authentique des souscripteurs du pseudo-concile de Cologne de .
Le territoire du diocèse de Sens, de grande étendue, correspond à celui de la cité gallo-romaine des Sénons[8], réduit à la suite de l'érection de la cité d'Auxerre par Postume ou Dioclétien. Il couvre deux pagi : le Sénonais proprement dit, autour de Sens, et le Gâtinais, autour de Château-Landon. Une fois stabilité[Quoi ?], il couvre : le Melunais, autour de Melun ; une partie de la Brie, autour de Provins ; et une partie de la Beauce, autour d'Étampes.
Au concile de Rome de 769, l'évêque de Sens, Villicaire, est qualifié d'archevêque des Gaules (archiepiscopus Galliarum).
Par une bulle du , le pape Jean VIII institue l'archevêque de Sens, Anségise, son vicaire en Gaule, c'est-à-dire son légat permanent pour les royaumes francs au-delà des Alpes. Cette qualité lui fut disputée par l'archevêque de Lyon, décision confirmée en par le pape Grégoire VII et en par Urbain II. La primatie de Sens fut néanmoins fermement défendue par le roi Louis VI le Gros qui a refusé que son royaume dépende d'un primat vivant en terre d'Empire. Sous la menace de la rupture de la fidélité des rois de France envers Rome, la tentative fut enrayée. Dans les faits, l'autorité attachée à cette primatie cesse au départ de l'archevêque Guillaume de Champagne à la fin du XIIe siècle. Il est vrai qu'alors, la circulation est rétablie en Méditerranée, permettant à la papauté d'intervenir disciplinairement rapidement.
Sous François Ier, l'archevêque de Lyon, vainqueur de son archevêque de Vienne et aidé par la bourgeoisie marchande de sa ville confortée par ses foires, obtient du roi la primatie sur le royaume. L'archevêque de Sens ne se défend pas et le parlement de Paris, après avoir refusé de se plier à plusieurs reprises à la décision royale, finit par céder. Il offre à l'archevêque de Sens, en compensation, le titre de primat des Gaules et de Germanie, destiné à rappeler que durant plus de 900 ans, l'archevêque de Sens tranchait les litiges des royaumes francs devenus depuis ceux de France et de Germanie.
L'archevêque avait pour armoiries : "D'azur, à la croix d'argent cantonnée de quatre crosses d'or".
L'archidiocèse de Sens-Auxerre
Le concordat du prévoit le rétablissement de l'archidiocèse de Sens pour les arrondissements de Joigny et de Sens du département de l'Yonne et avec, pour suffragants, les diocèses d'Auxerre, Moulins, Nevers et Troyes. Mais il n'est pas ratifié.
Par la bulle Paternae charitatis du [14], Pie VII rétablit l'archidiocèse de Sens pour le département de l'Yonne et avec, pour suffragants, les trois diocèses de Troyes, Nevers et Moulins. Le nouveau diocèse a donc les limites de l'Yonne : le centre est une partie de l'ancien diocèse d'Auxerre, le nord vient de l'ancien diocèse de Sens, le Morvan au sud provient du diocèse d'Autun, et l'est du diocèse de Langres[15].
Conformément au régime concordataire, l'archidiocèse de Sens devient un établissement public du culte : la mense archiépiscopale de Sens.
Par le brefAntissioderensi ecclesiae du [16], Pie VII autorise les archevêques de Sens à joindre à leur titre celui d'évêque d'Auxerre. L'archidiocèse possède ainsi deux cathédrales[15].
En 1924, l'archidiocèse devient une association diocésaine : constituée le , déclarée à la sous-préfecture de Sens le 28 du mois, ses statuts sont publiés au Journal officiel du suivant.
En 2016, toutes les anciennes paroisses sont dissoutes : l'archidiocèse n'est plus structuré qu'en 31 paroisses[20] et 4 doyennés.
Doyenné du Sénonais
Doyenné du Jovinien
Doyenné de l'Auxerrois-Puisaye
Doyenné de l'Avallonnais-Tonnerrois
Statistiques
L'archidiocèse est l'un des plus déchristianisés de France. Ce phénomène est ancien.
L'archidiocèse comprenait en 2005 environ 200 000 baptisés pour une population totale de 332 566 habitants (60,1 %) desservis par 132 prêtres (305 en 1969) dont 55 réguliers. Le nombre de diacres permanents était de 13, de religieux de 112 et de religieuses de 139.
L'archidiocèse comprenait en 2014 [21] un nombre de 209 600 baptisés pour 342 724 habitants (61,2 %) desservis par 97 prêtres (soit une baisse significative), dont 60 séculiers et 37 réguliers. Le nombre de diacres permanents était de 20, celui de religieux de 67 et de religieuses de 98 (en forte baisse), pour 102 paroisses.
L'archidiocèse comprenait en 2017[22] un nombre d'environ 200.000 baptisés pour une population de 341.902 habitants (58,5%), servis par 76 prêtres (54 diocésains et 22 réguliers), 21 diacres permanents, 57 religieux et 83 religieuses dans 31 paroisses.
La pratique religieuse de l'archidiocèse est très inférieure à la moyenne nationale, ainsi que le nombre de baptêmes et de funérailles religieuses. Ce territoire est en effet fortement sécularisé, depuis la fin du XIXe siècle avec des figures politiques et des structures locales anticléricales, ce qui en faisait une terre de mission dès le milieu du XXe siècle.
En , Hervé Giraud dissout toutes les paroisses de l'archidiocèse et procède à un regroupement au nombre désormais de 31 paroisses pour toute l'Yonne.
En , il y a eu une ordination sacerdotale pour le diocèse, ce qui n'était pas arrivé depuis sept ans[23]. Le prêtre ordonné, Matthieu Jasseron, renonce à son sacerdoce en octobre 2024[24].
↑(la) Bulle Universi orbis du 20 octobre 1622, dans Bullarum diplomatum et privilegiorum sanctorum romanorum pontificum : Taurinensis editio, vol. XII, Turin, 1867, pp. 750-753 (consulté le 3 décembre 2013)
↑(la) Constitution apostolique Omnium ecclesiarum sollicitudo du 15 août 1954, dans Acta Apostolicae Sedis (AAS), vol. XLVI (1954), n° 14 (15 novembre 1954), pp. 567-574 (consulté le 3 décembre 2013)
Jean-Charles Picard et al., Province ecclésiastique de Sens (Lugdunensis Senonia), Paris, De Boccard, coll. Topographie chrétienne des cités de la Gaule des origines au milieu du VIIIe siècle, 1992, 153 p. (ISBN2701800714)
Louis Sebastien Lenain de Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles… : Qui comprend l'histoire de Saint Germain d'Auxerre, (...) et de quelques saints ou grands hommes qui sont morts depuis 448 jusques en 461, vol. 15, Paris, Charles Robustel, (lire en ligne)
Jean Lebeuf, Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre : Contenant l'histoire des évêques. Avec plusieurs catalogues qui ont rapport à l'histoire de l'église cathédrale, vol. I, Auxerre, Perriquet, (lire en ligne). : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.