L'évangélisme, couramment nommé christianisme évangélique, protestantisme évangélique ou encore par l'anglicismeévangélicalisme, est un mouvement au sein du christianisme.
Les chrétiens évangéliques ont essentiellement en commun l'importance qu'ils accordent à la conversion individuelle relevant d'un choix personnel et, par suite, de l'expérience de la « rencontre avec le Christ ». Ceci implique donc un changement de vie et une relation individuelle avec Dieu s'articulant autour de la lecture de la Bible et de la communion par la prière (personnelle ou en communauté). Le premier point de distinction d'une église chrétienne évangélique est la nouvelle naissance (conversion personnelle) et le baptême du croyant. Selon une définition simplifiée, le terme évangélique au sens strict fait référence aux « Églises de professants »[1],[2].
Étymologie et confusions possibles dans la terminologie
À partir de la fin du XVIIIe siècle, le terme anglais evangelical[4] commence à être utilisé dans le monde anglo-saxon pour désigner les groupements internes au protestantisme qui se distinguent du protestantisme établi par leur insistance sur la piété personnelle et sur le changement de vie, et parfois par un retour à l'orthodoxie religieuse protestante telle qu'elle avait été énoncée par les réformateurs, cela au cours d'un vaste mouvement qu'on appelle le grand réveil[5]. Cette utilisation du terme évangélique se répand dans la francophonie au cours de la seconde moitié du XXe siècle (terme et acception popularisés en France vers la fin des années 1960).
En français, le terme « évangélique », dont le sens premier est, selon le Larousse, « qui est relatif à l'Évangile, est contenu dans l'Évangile ou est conforme aux préceptes de l'Évangile »[8], était traditionnellement un quasi synonyme de « protestant ». Ce terme était par exemple couramment utilisé dans les noms des églises protestantes historiques issues du luthéranisme ou du calvinisme - qui toutes se réclament de la fidélité à la Bible et particulièrement à l'Évangile - (par exemple : Église évangélique luthérienne de France). Toujours selon le Larousse[8], en allemand, le mot « évangélique » (adjectif evangelisch ou substantif Evangelisch(en)) est généralisé pour désigner le protestantisme en général, à la suite de la fusion, à partir de 1817, des églises réformées et luthériennes sous la pression de l'autorité étatique, notamment dans les territoires prussiens[5]. Le mot « évangélique » est ainsi parfois synonyme dans certaines langues, de « protestant » (luthérien ou réformé)[9].
Une définition commune est celle de l'historien britannique David Bebbington(en), qui résume les caractéristiques de la foi évangélique en quatre points[13],[14],[15] :
Biblicisme : la Bible est la référence de la foi évangélique.
Nouvelle naissance (conversion personnelle) : reconnaître l'œuvre du Christ par repentance et faire la démarche d'un choix personnel de donner sa vie à Jésus pour « recevoir » le « don » du Salut qui correspond à une nouvelle naissance (ou « régénération » en langage théologique). La profession de foi et le baptême du croyantpar immersion sont l'expression de cette décision.
Engagement : l'engagement évangélique se traduit par une implication par le bénévolat dans l'Église et le partage de l'Évangile avec tout le monde.
Crucicentrisme : le caractère central de la crucifixion et de la résurrection de Jésus, thèmes fréquents dans les prédications et vus par les évangéliques comme un tournant dans l'histoire de l'humanité.
Les quatre points proposés par Bebbington font toutefois débat parmi les historiens[16] ou les sociologues[17] : ces caractéristiques, centrées sur l'individu, rendent difficilement compte de la variété théologique ou organisationnelle, des formes communautaires de protestantisme englobées sous l'appellation « évangélique », principalement mennonites, baptistes et pentecôtistes, mais qui est parfois utilisée pour désigner certains courants de confessions protestantes réformées ou anglicanes[18].
Le mouvement est parfois qualifié de « néoprotestantisme » du fait de sa grande faculté d'adaptation aux codes de l'hypermodernité, soit principalement un usage important des technologies numériques de communication[26],[27].
Il est généralement admis que le mouvement évangélique commence au XVIIIe siècle et qu'il se base historiquement sur la Réforme protestante[30]. En effet, les premiers à s'appeler « évangéliques » furent les Luthériens pour se distinguer des Calvinistes qui, eux, gardèrent le nom de Réformés[31].
Certains historiens et théologiens voient toutefois que les prémices de l'évangélisme se trouvent plutôt dans la Réforme radicale du XVIe siècle, principalement en raison du crédobaptisme[32],[33],[34]. Celle-ci est issue de la Réforme protestante mais va plus loin, notamment en refusant la participation des institutions politiques dans l'Église[35].
Réveils
À partir de la fin du XVIIIe siècle, divers mouvements de Réveils ont lieu et plusieurs Églises dites « évangéliques » sont fondées à cette époque[36]. Le terme « évangélique » se répand à la suite de ces mouvements de Réveils : c'est donc le nom que choisissent les chrétiens qui prônent un retour à l'Évangile.
Le XXe siècle est aussi marqué par l'émergence du télévangélisme. L'évangéliste canadienne évangélique Aimee Semple McPherson, fondatrice du Temple de l'Angélus à Los Angeles et de lInternational Church of the Foursquare Gospel, qui est la première femme à utiliser la radio en 1922 pour atteindre un public plus large[41]. Bien que divers groupes chrétiens aient utilisé les médias pour l’évangélisation, c’est l'évangélisme qui s’est le plus approprié ces nouvelles technologies [42]. Parmi les très nombreux télévangélistes qui ont atteint un vaste public, le prédicateur baptiste Billy Graham a eu une influence considérable du fait de ses prédications publiques diffusées à la radio et à la télévision dans de nombreux pays, dont certains communistes et a bénéficié d'une popularité à l'égal des présidents des États-Unis dans l'opinion américaine[43]. En 1951, avec le producteur Dick Ross, il a fondé la société de productioncinématographique World Wide Pictures, qui réalisera des vidéos sur ses prédications et des films chrétiens [44].
Du 16 au , le congrès de Lausanne, en Suisse a réuni environ 2 700 leaders évangéliques chrétiens de plus de 150 pays au palais de Beaulieu[47]. Cette conférence a été convoquée par un comité dirigé par l'évangéliste américain Billy Graham[48],[49]. Elle a conduit à la Déclaration de Lausanne, texte pour l'évangélisationchrétienne dans le monde entier, qui contribua à l'unité du mouvement évangélique dans la deuxième partie du XXe siècle [50].
La croissance des églises évangéliques se poursuit avec des cérémonies de dédicace de nouveaux bâtiments ou d’agrandissements dans diverses régions du monde[55],[56],[57].
Statistiques
Dénombrement
Le foisonnement et la diversité des églises et confessions évangéliques à l'échelle mondiale ne facilitent pas les décomptes. D'autre part, la question se pose de savoir s'il faut agréger les effectifs des églises pentecôtistes avec ceux des églises évangéliques non pentecôtistes.
Si l'on n'inclut pas les pentecôtistes, selon une étude publiée en 2011 par le Pew Research Center, les évangéliques seraient au nombre d'environ 285 millions, soit 13,1 % de l'ensemble des chrétiens[58]. L'étude précise la difficulté du décompte : de nombreux pentecôtistes et charismatiques se considèrent également comme évangéliques ou leur église est affiliée à une association évangélique. L'étude ne précise pas le nombre de ces chrétiens à la double appartenance[59].
Si l'on inclut les pentecôtistes, on dispose alors de deux estimations :
celle de l'Alliance évangélique mondiale, qui se définit en 2020 comme un réseau d'Églises de 129 nations et de plus de 100 organisations internationales regroupant plus de 600 millions de chrétiens évangéliques[60],[61].
celle de Sébastien Fath, chercheur au CNRS, qui estime qu'en 2018, le mouvement compterait 640 millions de croyants dans le monde[62],[63]. En 2020, selon le chercheur, le mouvement compterait environ 660 millions de croyants dans le monde[64].
Croissance
En 1960, plus de la moitié des missionnaires américains protestants sont chrétiens évangéliques[65]. Les missions américaines et européennes pentecôtistes sont également nombreuses, mais le pentecôtisme, un mouvement d'églises évangéliques, va surtout se développer de façon autonome, par des résidents non-étrangers, dans diverses régions du monde, notamment en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie[66]. En 2007, il y avait plus 10 000 missionnairesbaptistes dans des missions outremer dans le monde[67].
Selon certains chercheurs, le christianisme évangélique est le mouvement spirituel qui progresse le plus rapidement au monde dans le courant du 21e siècle, principalement par des expériences de conversion religieuse (nouvelle naissance)[68],[69].
Entre 1960 et 2000, la croissance globale du nombre des évangéliques est trois fois supérieure à celle de la population mondiale et deux fois à celle de l'islam[70].
% de la population qui se déclare évangélique dans la région
% du total mondial de la population évangélique
Amérique (Nord et Sud)
10,0 %
32,9 %
Afrique subsaharienne
13,3 %
38,4 %
Asie-Pacifique
1,5 %
20,8 %
Europe
2,9 %
7,5 %
Proche-Orient & Afrique du nord
0,3 %
0,3 %
Total mondial
4,1%
100%
Source : Center for the Study of Global Christianity, cité par l'étude du Pew Research Center, p. 68.
La plus forte concentration d'évangéliques se situe aux États-Unis, avec 28,9 % de la population (soit 91,76 millions de fidèles), et au Brésil, avec 26,3 % de la population (soit 51,33 millions de fidèles)[73]. Aux États-Unis, les évangéliques, qui comptent certaines églises de courant fondamentaliste, représentent une force politique importante ; un grand nombre sont regroupés dans la Bible Belt[74].
En dernier recours, l'excommunication est utilisée par les associations et les églises pour les membres qui ne veulent pas se repentir de croyances ou de comportements en contradiction avec la confession de foi de la communauté[87],[88].
Fondamentaliste
Depuis la fin du XIXe siècle, certains évangéliques, en opposition aux développements du libéralisme théologique[89], et surtout contre l’exégèse historico-critique qui s'était développée dans le protestantisme dès le XIXe siècle, ont établi le courant fondamentaliste[90]. En 1878, dans une réunion de la « Believers' Meeting for Bible Study » (devenue Niagara Bible Conference) aux États-Unis, 14 croyances fondamentales ont été établies par des pasteurs évangéliques[91]. Une grande importance est donnée à l’interprétation littérale de la Bible comme principale méthode d’étude biblique ainsi qu’à l’inerrance biblique et l’infaillibilité de leur interprétation[92],[93]. Il y a une attitude méfiante pour l’étude théologique intellectuelle et les implications qui semblent non spirituelles, comme dans le domaine de la justice sociale[94]. Ils sont opposés au féminisme et considèrent que la femme ne doit pas avoir un travail ou pratiquer un sport, mais plutôt être femme au foyer[95],[96]. Le militantisme anti-LGBT est une cause particulièrement importante pour eux et les déclarations haineuses contre les personnes homosexuelles sont fréquentes[97]. Les églises insistent beaucoup sur la dîme obligatoire et menacent de malédictions de l’Ancien Testament, d’attaques du diable et de pauvreté ceux qui ne la payent pas [98],[99]. L’adhésion aux théories du complot est fréquente [100]. L’indépendance de l’église est revendiquée et l’affiliation à une associations d’églises est peu fréquente, bien qu’il y ait des associations fondamentalistes[101]. Les églises qui adhèrent au fondamentalisme se nomment souvent église biblique, église fondamentale ou église indépendante afin de démontrer leur appartenance au mouvement[102]. Des églises fondamentalistes peuvent également être dans une même association que des églises modérées[103].
Pour une majorité de chrétiens évangéliques, le biblicisme fait en sorte que les miracles décrits dans la bible sont encore d'actualité et peuvent être présents dans la vie du croyant[113],[114]. Les guérisons, les succès scolaires ou professionnels, la naissance d'un enfant après plusieurs tentatives, la fin d'une addiction, etc., seraient des exemples tangibles de l'intervention de Dieu avec la foi et la prière, par le Saint-Esprit[115]. Dans les années 1980, le mouvement néo-charismatique a remis une emphase sur les miracles et les guérisons par la foi[116]. Dans certaines églises, une place particulière est ainsi réservée aux guérisons avec imposition des mains lors des services ou pour des campagnes d'évangélisation[117],[118]. La guérison par la foi ou guérison divine est considérée comme un héritage de Jésus acquis par sa mort et résurrection[119].
Principaux mouvements
Le nom de certaines églises évangéliques ne comporte pas nécessairement la mention « évangélique » ou d’un mouvement évangélique, même si elles sont membres d’une association d’églises, particulièrement celles qui sont concentrées sur les « gens en recherche spirituelle » (seeker churches)[120].
Le baptisme a ses origines dans un mouvement commencé par les Anglais John Smyth et Thomas Helwys à Amsterdam[128],[129],[130]. En raison de leurs convictions partagées avec les puritains et congrégationalistes, ils s'exilent en 1607 pour la Hollande avec d'autres croyants qui ont les mêmes positions bibliques[131]. En 1609, année considérée comme la fondation du mouvement, ils baptisent les croyants et fondent la première église baptiste[132],[133]. Thomas Helwys publie la première confession de foi baptiste Une déclaration de foi du peuple anglais (A Declaration of Faith of English People) en 1611[134]. En 1904, l’Union baptiste de Grande-Bretagne a envoyé des invitations à diverses associations d’églises baptistes dans le monde pour un congrès mondial en 1905[135],[136]. Des représentants de 23 pays ont répondu à l'invitation et ont fondé l'Alliance baptiste mondiale en 1905 au Exeter Hall de Londres[137],[138]. Cette dernière, la plus grande confession baptiste dans le monde, regrouperait 266 conventions baptistes membres dans 134 pays, 178,000 églises et 51,000,000 membres baptisés en 2024[139].
En 2010, le baptisme compterait 100 millions de croyants[140]. En 2020, selon le chercheur Sébastien Fath du CNRS, le mouvement compterait environ 170 millions de croyants dans le monde[141].
En 2011, le pentecôtisme compterait 279 millions de personnes[150].
Les Assemblées de Dieu, la plus grande associations pentecôtiste dans le monde, auraient 367.398 églises et 53.700.000 membres en 2022[151].
Mouvements charismatiques
Selon une étude du Pew Research Center publiée en 2011 sur les charismatiques qui regroupent tous les mouvements du christianisme charismatique, soit évangéliques indépendants, catholiques, orthodoxes et protestants, il y aurait 304 millions de charismatiques dans le monde[152].
Certaines églises non confessionnelles se réclament du mouvement évangélique, même si certaines n’ont pas de partenariat formel avec d’autres églises évangéliques[165],[166],[167]. Le mouvement est particulièrement visible dans les megachurches[168],[169].
Les premières églises non confessionnelles sont apparues aux États-Unis dans le courant du XXe siècle, sous la forme d’églises indépendantes[170]. Elles ont connu une croissance significative qui continue au XXIe siècle, particulièrement aux États-Unis où elles représentaient la troisième confession chrétienne comptant le plus de fidèles en 2010[171],[172],[173]. En Asie, notamment à Singapour et en Malaisie, ces églises sont également de plus en plus nombreuses, depuis les années 1990[174].
La Fédération internationale des églises évangéliques libres a ses racines dans le mouvement piétiste européen du XIXe siècle[177]. Elle est fondée en 1948 à Berne en Suisse par des unions d’églises évangéliques libres de divers pays[178]. Selon un recensement de l'association d’églises, elle aurait en 2023, 31 associations nationales membres, 700,000 membres dans 33 pays[179].
Le judaïsme messianique est un courant qui désigne les juifs convertis au christianisme évangélique[180]. Les origines du mouvement du Judaïsme messianique apparaissent dans l'Angleterre du XIXe siècle. Les premières organisations officielles sont dirigées par des juifs convertis comme la Church's Ministry Among Jewish People, société anglicane de Londres pour la promotion du christianisme parmi les juifs de Joseph Frey (1809)[181]. Aux États-Unis le mouvement s'est développé surtout à partir des années 1960 et 1970[180]. Il combine une théologie chrétienne avec une pratique religieuse inspirée du judaïsme. Ses fidèles se présentent comme des Juifs affirmant la messianité de Yechoua (Jésus)[182]. Le groupe le plus connu, même s'il n'est pas le plus important en nombre, se nomme Jews for Jesus. Il fut fondé en 1973 par un pasteur d'origine juive, converti au christianisme 20 ans plus tôt[183],[184].
Les Juifs messianiques se définissent comme chrétiens, tout en soulignant l'importance des traditions juives, pour autant qu'elles soient en accord avec l'Évangile.
Si la majorité des messianiques israéliens sont d'ascendance juive directe, ceux des États-Unis peuvent être des chrétiens évangéliques qui s'identifient comme Juifs messianiques[185].
En 2012, ils seraient entre 175 000 et 250 000 fidèles aux États-Unis, entre 10 000 et 20 000 fidèles en Israël, pour un nombre total estimé de 350 000 fidèles dans le monde[186].
L'International Messianic Jewish Alliance est fondée en 1925 et rassemble des alliances nationales de croyants[187]. L’Union of Messianic Jewish Congregations est fondée en 1979[187],[188]. En 2022, elle disait compter 75 congrégations dans 8 pays[189]. L'International Alliance of Messianic Congregations est fondée en 1986[188],[190].
Bien que certaines églises revendiquent leur indépendance, d’autres églises se considèrent autonomes et interdépendante et font le choix d’être membres d'une association nationale et internationale d’églises [194],[195]. Cette relation de coopération permet le développement d’organisations communes, pour la mission et les domaines sociaux, comme l’aide humanitaire, des écoles, des instituts de théologie et des hôpitaux[196],[195].
Certaines associations sont membres d'une alliance nationale d'église de l’Alliance évangélique mondiale, qui compteraient 600 millions de croyants en 2020[60],[197].
Ministères
La gestion des Églises est assurée par les ministères évangéliques qui sont principalement ceux de pasteur, du diacre, du conducteur de louange et de l’évangéliste[198]. D’autres ministères peuvent également être présents, tel que celui d’ancien avec des fonctions similaires à celles du pasteur[199]. Dans un certain nombre de communautés, l'église est dirigée par un conseil d’anciens, avec une insistance très forte sur la collégialité[200]. Quand il y a un pasteur, celui-ci n’est que l’un des membres du conseil, sans autorité supérieure. Le ministère d’évêque avec une fonction de surveillance sur des églises à l’échelle régionale ou nationale est présent dans toutes les associations d’églises évangéliques, même si les titres de président du conseil ou de surveillant général sont majoritairement utilisés pour cette fonction[201],[202]. Le terme évêque est explicitement utilisé dans certaines associations d’églises[203]. Dans certaines églises du mouvement de la nouvelle réforme apostolique, il y a la présence de cinq ministères; ceux d'apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, enseignant[204].
Certaines associations d’églises évangéliques autorisent officiellement le ministère pastoral des femmes dans les églises[210]. Le ministère féminin est justifié par le fait que Marie de Magdala aurait été choisie par Jésus pour annoncer sa résurrection aux apôtres[211].
Le service chez les évangéliques est vu comme un acte d'adoration de Dieu dans la vie de l'Église[223]. La liturgie est simplifiée et la conception du service est plus informelle[224]. Il comprend généralement deux parties principales, la louange (musique chrétienne), le sermon fondé sur la Bible, des prières, l’offrande, avec périodiquement la Sainte-Cène[225],[226],[227],[228]. Lors du service, il y a généralement une crèche pour les bébés[229]. Les enfants et les adolescents ont un enseignement adapté, l’école du dimanche, dans une salle distincte[230],[231]. Les principales fêtes chrétiennes célébrées par les évangéliques, sont Noël, la Pentecôte (par une majorité d'associations d’églises évangéliques) et Pâques pour l’ensemble des croyants[232],[233],[234].
Lieux de culte
Les lieux de cultes sont généralement appelés « temple » ou « bâtiment (d'église) »[235],[236],[237]. Dans certaines megachurches, l’appellation « campus » est parfois utilisée[238],[239]. L’architecture des lieux de cultes est majoritairement caractérisée par sa sobriété[240],[241]. La croix christique est l’un des seuls symboles spirituels qui peut généralement être vu sur le bâtiment d’une église évangélique et qui permet d’identifier l’appartenance du lieu[242],[243].
Aux États-Unis, jusqu'en 2019, les Solomon Awards récompensaient l’excellence dans la conception et la rénovation de bâtiments d'églises évangéliques, lors d’une cérémonie annuelle[244].
Certains services ont lieu dans des théâtres, des écoles ou des salles polyvalentes, en location pour le dimanche uniquement[245],[246],[247]. En raison de leur compréhension du deuxième des dix commandements, les évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[248],[249]. Dans certains bâtiments se trouve un baptistère, sur la scène de l’auditorium (aussi appelée « sanctuaire ») ou dans une salle distincte, dans lequel on procède au baptêmepar immersion[250],[251].
Megachurch
Les services prennent des proportions impressionnantes dans les megachurches (églises où plus de 2 000 personnes se réunissent chaque dimanche)[252],[253],[254]. Dans certaines de ces mégaéglises, plus de 10 000 personnes se rassemblent chaque dimanche. Ces dernières sont appelées Gigachurch[255],[256],[257]. En 2015, il y aurait une centaine de gigachurches aux États-Unis[258].
Dans certains pays du monde qui appliquent la charia ou le communisme, les interdictions de culte pour les chrétiens, la complexité d'obtention d'autorisations gouvernementales, et les persécutions des chrétiens, ont fait que les églises de maison sont une réalité pour de nombreux croyants[259],[260],[261],[262]. Par exemple en Chine, il y a de nombreuses Églises de maison en Chine, en majorité évangéliques[263]. Les rencontres ont ainsi lieu dans des maisons privées, en secret et dans « l'illégalité »[264].
En dehors de ce contexte de persécution, il existe aussi dans certaines églises, évangéliques ou non, des « groupes de maisons », « ecclésioles » qui peuvent avoir des activités cultuelles, mais sans se substituer au culte dominical qui réunit l’ensemble de la communauté[265].
L’œcuménisme évangélique se développe d'abord au sein de l'évangélisme, dans l’affiliation d’églises évangéliques à des associations d’églises évangéliques, qui sont membres d’alliances nationales évangéliques rattachées à l’Alliance évangélique mondiale[275]. Les diversités en termes sociaux, culturels, politiques, ethniques, linguistiques autant que confessionnels sont tolérées par les évangéliques sans aucun problème d'ordre doctrinal. Sans s'arrêter aux distinctions entre les confessions, les évangéliques préfèrent parler de l'Église (tout court) aussi appelée Église universelle à la suite du « Symbole des apôtres » (« Je crois en […] la Sainte Église universelle […] »), qui est à comprendre comme l'ensemble des « vrais » croyants en Christ, sauvés par leur foi[276].
Dans la presse écrite, les magazines mensuels d'information et de réflexion chrétienne évangélique, Christianity Today, Charisma et Christianisme aujourd'hui sont les plus populaires dans la catégorie évangélique[291]. Christianity Today, a été fondé en 1956 aux États-Unis par le pasteurbaptisteBilly Graham et John Howard Pew[292]. En 2008, son site web attirait 11,8 millions de visiteurs par mois[293]. Charisma a été fondé en 1975 par Stephen Strang, un journaliste et les Assemblées de Dieu aux États-Unis[291],[294]. En 1981, 80 000 exemplaires sont distribués et 250 000 en 2011[295]. En 1989, Christianisme aujourd'hui, un magazine francophone a été fondé par Alliance Presse en Suisse[296].
En 2015, 4 étudiants d'Accra au Ghana, lancent Asoriba, une application mettant en relation les églises chrétiennes évangéliques et les fidèles [312]. En 2017, elle compte 1,100 églises partenaires au Ghana, Kenya, Afrique du Sud, Nigeria et aux États-Unis, ainsi que 69,000 fidèles inscrits[313].
Dans les années 1960, les artistes évangéliques ont commencé à produire des concerts et ils ont été de plus en plus présents lors de rassemblements de jeunes dans les décennies qui ont suivi, comme Passion Conferences à Atlanta (Géorgie), aux États-Unis[323]. La musique évangélique est également diffusée sur les radios chrétiennes, les chaînes de télévision et sur YouTube[324].
Les églises évangéliques ont été impliquées dans l’établissement d’écoles élémentaires et secondaires[333]. L’évangélisme a également permis le développement de plusieurs instituts de théologie évangélique, collèges et universités aux États-Unis dans le courant du 19e siècle[334],[335]. D’autres universités évangéliques ont été établies dans divers pays du monde[336].
L’Association internationale des écoles chrétiennes a été fondée en 1978 par trois associations américaines d’écoles chrétiennes évangéliques[339]. Diverses écoles à l’international se sont ajoutées au réseau[340]. En 2023, elle dit compter 25.000 écoles dans 100 pays[341].
Dans les églises évangéliques, les jeunes adultes et les couples non-mariés sont encouragés à se marier tôt afin de vivre une sexualité selon la volonté de Dieu[352],[353].
Une étude américaine de 2009 de la Campagne nationale de prévention de la grossesse adolescente et non planifiée (anglais : National Campaign to Prevent Teen and Unplanned Pregnancy) a rapporté que 80% des jeunes évangéliques non mariés avaient eu des relations sexuelles et que 42% étaient dans une relation avec des rapports sexuels, lors de l’enquête[354].
La majorité des églises chrétiennes évangéliques est contre l’interruption volontaire de grossesse et soutient le recours aux agences d’adoption et aux agences de support social pour les jeunes mères qui veulent garder leur bébé[355]. Des organisations évangéliques comme Focus on the Family sont engagées dans le mouvement pro-vie[356].
La masturbation est vue comme étant interdite par certains pasteurs évangéliques en raison des pensées sexuelles qui peuvent l’accompagner[357],[358]. Toutefois, des pasteurs évangéliques ont souligné que la pratique avait été associée de façon erronée à Onan par des exégètes, qu’elle n’était pas un péché si elle n’était pas pratiquée avec des fantasmes ou de façon compulsive, et qu’elle était utile dans un couple marié, si son ou sa partenaire n’avait pas la même fréquence de besoins sexuels[359],[360].
Le mariage chrétien est présenté par certaines églises comme une protection contre les inconduites sexuelles et une étape obligatoire pour obtenir un poste de responsabilité dans une église[379]. Ce concept a toutefois été remis en question par de nombreux scandales sexuels impliquant des dirigeants évangéliques mariés[380],[381]. Finalement, des théologiens évangéliques ont rappelé que le célibat devait être davantage valorisé dans l’Église d’aujourd’hui, puisque le don de célibat a été enseigné et vécu par Jésus-Christ et Paul de Tarse[382],[383].
Les évangéliques et la politique
Amérique du Nord
En raison des persécutions de l’Église anglicane contre les puritains, les "pères pèlerins" britanniques sont plus de 20 000 à émigrer entre 1630 et 1640 en Nouvelle-Angleterre (aux États-Unis) [384]. Toutefois, à leur tour, ils sont peu tolérants des autres mouvements religieux qui ne partagent pas leurs conceptions religieuses et politiques. En effet, ils ont pour projet d’établir une communauté politique qui respecte leurs principes religieux dans la colonie du Massachusetts et s’opposent à toute confrontation qui remet en cause cet idéal[385]. Le pasteur baptisteRoger Williams a été ainsi banni du Massachusetts en 1635 pour ses positions en faveur de la séparation de l’Église et de l’État, de la liberté de culte et des droits fonciers autochtones, qui l’ont entraîné dans des conflits avec les pasteurs et les magistrats de la colonie[386]. Il a acheté une terre aux Amérindiens et a fondé la ville de Providence en 1636, ainsi que le Rhode Island, où il devient gouverneur. En 1656, il a accueilli des quakers victimes de persécution religieuse au Massachusetts [387].
Au cours des années 1960 et 1970, la gauche évangélique a défendu les principes anti-guerre, droits civiques et anti-consommation tout en soutenant la fidélité doctrinale et sexuelle[391].
Lors de la campagne pour la présidentielle de 1976, Jimmy Carter, un diacrebaptiste, a été le premier à avoir ouvertement affirmé sa foi chrétienne évangélique[392]. Les évangéliques votaient peu jusque dans les années 1970 : 70 % d'entre eux n'avaient pas voté lors de cette élection. Toutefois, le thème de la religion avait donné un regain d'intérêt aux évangéliques pour la politique et allait le desservir au moment de sa 2e campagne électorale, en 1980. En effet, quatre ans plus tard, le manque d'opposition ferme à l’avortement, l'homosexualité et au féminisme du président Carter, avaient déçu beaucoup des chrétiens évangéliques qui l'avaient soutenu en 1976[392] et certains fondamentalistes décidèrent de s'organiser et de former un groupe de pression politique conservateur, baptisé la Moral Majority (« majorité morale ») ou the Religious Right (« la droite religieuse »)[393] que Ronald Reagan sut récupérer. Les évangéliques avaient de toute façon déjà pris leurs distances avec un Parti démocrate qui avait, selon eux, participé au déclin moral des États-Unis. Une fois la présidentielle de 1980 gagnée, Reagan fit d'ailleurs voter une série de lois et favorisa des amendements directement liés aux valeurs chrétiennes que défendent les évangéliques[394].
De Reagan à Bush fils, les évangéliques, tout en s'organisant toujours mieux, ont voté massivement pour les Républicains[394]. Dès 1980, l'influence des télévangélistes conservateurs devint un phénomène de premier ordre dans les campagnes électorales ; les plus actifs d'entre eux étaient Jerry Falwell, Pat Robertson, fondateur de la chaîne de télévisionchrétienneCBN, Jim Bakker, James Robison, ou encore Bill Bright, fondateur de l’organisation missionnaireCru[392]. Au cours de la campagne pour l'élection présidentielle de 2000, George W. Bush réaffirma sa foi chrétienne[395] et se fit le défenseur des valeurs traditionnelles mais avec un peu moins de véhémence que ses prédécesseurs. Les évangéliques attendaient beaucoup de Bush et de sa promesse, la faith-based initiative, une série de dispositions spéciales de l'État américain et de subventions destinées aux associations religieuses afin de contribuer à lutter contre la pauvreté. Une partie d'entre eux furent déçus par une opposition jugée trop faible au mariage homosexuel, par le manquement à la faith-based initiative et par la politique militariste du président et de son administration. À ce sujet, David Kuo, conseiller spécial de Bush pour la faith-based initiative démissionna de son poste en 2006 en dénonçant le dénigrement de l'administration en place envers les pauvres et déclara que cette même administration recherchait le soutien des chrétiens tout en se moquant d'eux[396]. Leur moindre mobilisation à partir de 2008, bien que n'étant pas, et de loin, le seul facteur, a favorisé l'élection de Barack Obama[397].
En 2016, grâce à l'appui de quelques dirigeants évangéliques pour Donald Trump, une alliance se forge entre le candidat républicain et les chrétiens évangéliques conservateurs[399]. Les électeurs évangéliques blancs votent majoritairement pour Donald Trump (à 81%, contre 16% à Hillary Clinton). Ces chiffres ont toutefois été remis en cause, en raison qu’ils ne contiennent que des évangéliques blancs, que les sondés étaient auto-identifiés, et qu’ils comprennent que ceux qui ont voté[400]. De nombreuses personnes de la gauche évangélique, souvent engagées sur le terrain de la justice sociale et opposées à la peine de mort, se sentent en décalage avec les guerres culturelles de cette droiteconservatrice, plus âgée[401],[402].
À mi-mandat, la question de l’influence des chrétiens évangéliques ultra-conservateurs prend une importance croissante, dans la mesure où la survie politique de Donald Trump semble en dépendre de plus en plus[403]. En , à l'approche des élections à mi-parcours, le soutien des évangéliques à Trump semble se maintenir, bien qu'il y ait une certaine érosion parmi les femmes. Un sondage publié début octobre par le Public Religion Research Institute a révélé que 72% des protestants évangéliques blancs avaient une opinion favorable du président[404].
En , au Caire, dans le cadre de sa tournée au Moyen-Orient et dans le Golfe, Mike Pompeo, le secrétaire d'État qui a été désigné le en remplacement de Rex Tillerson, s'est présenté « en tant que chrétien évangélique ». Comme le vice-président Mike Pence, Mike Pompeo considère la théologie évangélique comme une source d’inspiration très puissante[405].
Un sondage de la firme Politico / Morning Consult de , a révélé que 43% des évangéliques étaient en faveur de la destitution du président Donald Trump[406].
En Amérique latine, depuis les années 1990, des groupes parlementaires et des partis politiques ont été fondés par des évangéliques[411]. Le soutien des églises évangéliques est particulièrement sollicité par les aspirants de partis conservateurs à la présidence de pays qui comptent de plus en plus sur l’électorat évangélique pour remporter les élections[412].
Au Brésil, le Front parlementaire évangélique a été fondé en 2003 afin de rassembler les parlementaires évangéliques, de tout parti politique, au Palais du Congrès national à Brasilia, au Brésil[413]. De nombreux pasteurs se sont investis dans le domaine politique allant de la mairie, au parlement, en passant par le Sénat, favorisant la fondation du parti des Républicains en 2005[414]. Les évangéliques ont majoritairement soutenu l'élection de l'ultra conservateur catholique Jair Bolsonaro, l'alliance de « l'extrémisme religieux avec une vision autoritaire et totalitaire du monde », en se mobilisant pour la « préservation de la famille monogame formée par des hommes et des femmes »[415]. Cet appui s’expliquerait par le conservatisme qui caractérise la société brésilienne.
Dans son livre publié en 1963, Strength to Love, le pasteur baptiste Martin Luther King a reproché à certaines églises baptistes leur anti-intellectualisme, notamment en raison du manque de formation théologique chez les pasteurs[418].
Altération du message chrétien par l'usage des mass media
En 1981, le théologien et sociologue français Jacques Ellul a reproché aux évangéliques l'usage de moyens de communication modernes lors de campagnes d'évangélisation ainsi que l'utilisation des médias pour communiquer la foi chrétienne, en raison d'une altération possible du message[419],[420].
Critiques de la gestion interne
Détournements de fonds
Depuis les années 1970, divers scandales financiers de détournements de fonds ont été rapportés dans des églises et des organisations évangéliques[421]. Le Conseil évangélique pour la responsabilité financière a été fondé en 1979 pour renforcer l’intégrité financière dans les organisations et les églises évangéliques qui désirent volontairement être membres et se soumettre à des vérifications comptables annuelles[422].
Victimes de violence sexuelle, domestique et psychologique
Certaines églises et organisations évangéliques ont été critiquées par des victimes de viol et de violence domestique pour leur gestion silencieuse des cas d’abus par des pasteurs ou des membres[423]. Le non-signalement des abus à la police serait majoritairement présent dans des églises non-membres d'associations d’églises évangéliques, ou affiliées à des associations d’églises qui accordent beaucoup d’importance à une large autonomie des églises[424],[425]. L’organisation évangélique GRACE a été fondée en 2004 par le professeur baptiste Boz Tchividjian afin d’aider les églises à lutter contre les agressions sexuelles, les violences psychologiques et les violences physiques dans les organisations chrétiennes[426].
Dérives dans les promesses de guérison
Dans le pentecôtisme, des dérives ont accompagné l’enseignement de la guérison par la foi. Dans certaines églises, des tarifications de prière contre des promesses de guérison ont été constatées[427]. Certains pasteurs et des évangélistes ont été accusés d’avoir mis en scène de fausses guérisons[428],[429]. Certaines églises, aux États-Unis ou au Nigeria, ont déconseillé à leurs membres la vaccination, en déclarant que cela était pour les faibles dans la foi et qu’avec une confession positive, ils seraient immunisés[430],[431]. Des églises pentecôtistes qui interdisent le recours à la médecine ont causé des décès qui auraient pu être évités, entrainant parfois la condamnation de parents à des peines de prison pour la mort de leurs enfants[432],[433]. Cette position n’est pas représentative de toutes les églises évangéliques, comme l’indique le document La Guérison miraculeuse publié en 2015 par le Conseil national des évangéliques de France, qui mentionne que la médecine est l’un des dons de Dieu faits aux humains[434],[435]. Des églises et certaines organisations humanitaires chrétiennes évangéliques sont impliquées dans des programmes médicaux de santé[436],[437],[438]. De nombreuses églises évangéliques ont également ouvert leurs portes à des centres de vaccination[439].
Dérives sectaires
Selon le rapport 2016-2017 de la Miviludes, en France, le deuxième mouvement religieux qui comptait le plus de signalements pour de présumées dérives sectaires était le christianisme évangélique, et majoritairement dans le courant pentecôtiste pour des églises non membres du Conseil national des évangéliques de France[440],[441]. En 2020, le mouvement a eu plus de 200 signalements, majoritairement dans le courant néo-charismatique[442],[443]. Les principales dérives mentionnées étaient des abus financiers, comme la multiplication des offrandes au profit des pasteurs, et des menaces pour la santé, comme des discours qui rejettent la médecine et promettent des guérisons miraculeuses[444].
Théologie de la prospérité
La théologie de la prospérité, qui s’est répandue dans les années 1970 et 1980 aux États-Unis, principalement par des télévangélistespentecôtistes et charismatiques, est une doctrine particulièrement controversée dans les églises évangéliques[445],[446]. Elle est centrée sur l’enseignement de la foi chrétienne comme un moyen de s’enrichir financièrement et matériellement, par une « confession positive » et une contribution aux ministères chrétiens[447]. Des promesses de guérison divine et de prospérité sont garanties, en échange de certains montants de dons[427],[448],[449]. Certains pasteurs menacent de malédictions, d’attaques du diable et de pauvreté ceux qui ne donnent pas la dîme[216],[99],[450]. Souvent associée avec la dîme obligatoire, cette doctrine a été comparée à un business religieux[451],[452],[453]. Les pasteurs qui adhérent à la théologie de la prospérité ont été critiqués par des journalistes pour leur style de vie bling-bling (vêtements luxueux, grandes maisons, voitures haut de gamme, avion privé, etc.)[454],[453],[455]. En 2012, le Conseil national des évangéliques de France a publié un document dénonçant cette doctrine, en mentionnant que la prospérité était bien possible pour un croyant, mais que cette théologie poussée à l'extrême amène au matérialisme et à l’idolâtrie, ce qui n'est pas le but de l’Évangile[456],[457].
Pressions financières
Les offrandes et la dîme occupent beaucoup de temps dans certains services[458]. Les collectes d’offrandes sont multiples ou séparées dans divers paniers ou enveloppes afin de stimuler les contributions des fidèles[459],[458].
Des églises évangéliques qui font de la dîme une pratique obligatoire et surveillée ont été poursuivies en justice en raison de moyens de pressions psychologiques utilisés [216],[460],[461].
Redevabilité et contrôle des abus de pouvoir
En 2018, le professeur américain Scot McKnight du Northern Baptist Theological Seminary a reproché aux megachurches évangéliques la faible relation de redevabilité externe de leurs dirigeants en n’étant pas membre d'associations d’églises, les exposant davantage à des abus de pouvoir[462].
Critiques de l'influence politique et sociale
Promotion du créationnisme
En 2011, des médias ont critiqué l'évangélisme fondamentaliste pour la création d'« une culture parallèle » ainsi que l'enseignement du créationnisme dans ses écoles et son anti-intellectualisme[463].
Promotion de l'individualisme
En 2011, le professeur évangélique américain Ed Stetzer a attribué à l’individualisme la raison de l’augmentation du nombre d’églises évangéliques qui se réclament du christianisme non confessionnel[464].
Promotion du néolibéralisme et faible sensibilité aux injustices sociales
Certains auteurs chrétiens ont reproché à l'évangélisme d'être une forme de justification « spirituelle » (implicite ou explicite) de la société technicienne et capitaliste[465],[466], en utilisant les mêmes méthodes de propagande que le néolibéralisme et en allant parfois jusqu'à faire la promotion des valeurs marchandes[467].
En 2018, le théologien baptiste Russell D. Moore a critiqué certaines églises baptistes américaines pour leur moralisme insistant fortement sur la condamnation de certains péchés personnels, mais silencieux sur les injustices sociales qui font souffrir des populations entières, comme le racisme[468].
Prosélytisme
Le fait que les évangéliques fassent de l’évangélisation et parlent de leur foi en public est souvent reproché par les médias et associé à du prosélytisme[469]. Selon les évangéliques, la liberté de conscience et la liberté d'expression leur permettent de parler de leur foi comme de tout autre sujet[470]. Les films chrétiens réalisés par des sociétés de production américaines évangéliques sont également régulièrement associés à du prosélytisme[471],[472]. Selon Sarah-Jane Murray, professeure d'écriture de scénario à l’Université Baylor et contributrice à la Commission chrétienne du cinéma et de la télévision aux États-Unis, les films chrétiens sont des œuvres d'art, et non pas du prosélytisme[473]. Pour Hubert de Kerangat, responsable communication chez Saje distribution, diffuseur de ces films chrétiens américains en France, si les films chrétiens sont « prosélytes », tous les films sont « prosélytes », puisque chaque film transmet un message, que le spectateur est libre d'approuver ou pas[474].
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