L'astrologie uranienne, également connue sous le nom d'École d'astrologie de Hambourg, est un courant né en Allemagne dans les années 1920. Elle se réclame des travaux du géomètre et astronome amateur Alfred Witte(en) (1878-1941), publiés en 1928 sous le titre Regelwerk für Planetenbilder (Règles des figures planétaires[1]). Son utilisation reste marginale et l'existence des objets transneptuniens (OTN) qu'elle postule n'a jamais été prouvée. Toutefois plusieurs astrologues acceptent le principe des mi-points.
Historique
Les termes de système d'astrologie uranienne et d'École d'astrologie de Hambourg sont forgés le , lors du deuxième Congrès des Astrologues allemands tenu à Leipzig[2]. Ils émanent des travaux du géomètre et astronome amateur Alfred Witte(en) (1878-1941), qui émet de Juillet 1923 à Janvier 1924 l'hypothèse de quatre planètes transneptuniennes, et de ses disciples Ludwig Rudolph[3] (1893-1982) et Friedrich Sieggrün[4] (1877-1951). En 1928, Ludwig Rudolph publie l'essentiel des travaux de son maître dans le livre Regelwerk für Planetenbilder (Règles des figures planétaires). Ces idées sont développées par Friedrich Sieggrün, qui ajoute entre 1927 et 1934 quatre objets transneptuniens à ceux proposés par Witte. En 1932, Theodor Keysers fonde à Düsseldorf la Communauté d'étude de Witte[5].
Au début des années 1930, Richard Svehla[6] (1878-1942) devient le porte-parole officiel de l'École de Hambourg aux États-Unis. En 1939, il publie une traduction anglaise de l'ouvrage Regelwerk für Planetenbilder avec pour sous-titre Uranian System of Astrology - Hamburg School by Alfred Witte (Système uranien d'astrologie - École de Hambourg par Alfred Witte). Dans la sphère anglo-saxonne, la méthode de Witte est nommée astrologie uranienne. Cette appellation s'est imposée dans le monde entier.
Après 1945, les élèves d'Alfred Witte poursuivent son travail. Ludwig Rudolph joue un rôle moteur dans la diffusion des enseignements de l'École de Hambourg. À partir de 1960, il publie le magazine trimestriel Hamburger Hefte (Cahiers de Hambourg). Après sa mort survenue en 1982, son fils Udo[7] (1921-2008) lui succède[8].
Éléments de l'astrologie uranienne
L'astrologie uranienne repose sur plusieurs principes :
mi-points situés entre deux facteurs horoscopiques[9],[10] et formant ce qu'Alfred Witte nomme Planetenbilder (c'est-à-dire figures planétaires) ;
aspects de 5°37, 11°15, 22°30, 45°, 90°, 135° et 180° dans un thème astrologique replié sur soit sur 22°30, 45°, 90° ou 180°, où ils apparaissent plus visiblement ;
7 systèmes de domification des 12 maisons réparties en tailles égales (exception faite des maisons du méridiens qui se base sur une progression de 2h à partir du Milieu du Ciel calculées en rectascension) à partir de n’importe quel point du ciel, et non plus uniquement à partir de l'Ascendant ;
objets transneptuniens (OTN) dont l'existence reste hypothétique - il s'agirait de tourbillons d'énergie analogues au vortex d'un fluide.
Objets transneptuniens (OTN)
Dans les années 1930, de nombreux astronomes conjecturent que des corps célestes différents de Pluton gravitent au-delà de Neptune.
Dès 1923, Alfred Witte émet l'hypothèse de quatre objets transneptuniens (OTN), qu'il nomme :
Cupidon (l'union, le foyer, la société, la culture) ;
Hadès (le veuvage, la bassesse, la maladie) ;
Zeus (les armes, le feu, les machines, la productivité) ;
Kronos (l'autorité, la supériorité, le gouvernement).
Entre 1927 et 1934, son élève Friedrich Sieggrün en ajoute quatre autres :
Apollon (le savoir, le succès, l'ampleur) ;
Admète (la concentration, l'endurance, le blocage) ;
Vulcain (l'énergie, l'intensité, la violence) ;
Poséidon (la spiritualité, l'idéal, la sagesse).
On observe que le nom de dieux grecs(ci-dessous, à gauche) donné à quatre entités hypothétiques fait double emploi avec celui, romain(à droite), attribué à des planètes existantes :
Cupidon, dieu romain de l'amour, correspond à l'Éros grec qui a donné son nom à un astéroïde ;
Apollon, dieu solaire des arts, de la lumière et de la divination, est à la fois grec et romain ; il a donné son nom à l'astéroïde n° 1062 et, par suite, au groupe d'astéroïdes correspond ;
Vulcain, dieu romain du feu, des volcans et des forges, correspond à l'Héphaïstos grec ; il a donné son nom à une planète intramercurienne dont l'existence est aujourd'hui infirmée.
En outre, les caractéristiques attribuées à ces objets recoupent en partie celles d'astres connus de l'astrologie classique :
Cupidon évoque Vénus (l'union, l'esthétisme) et Jupiter (la joie)
Hadès évoque Pluton (l'invisible, la transformation) et Saturne (la difficulté, la souffrance)
Zeus évoque à la fois Jupiter (l'ampleur, la puissance), Mars (l'énergie, la violence) mais aussi Uranus (la technologie, les accidents) ;
Kronos évoque à la fois Saturne (l'intégrité, l'ascension) et Jupiter (l'ampleur, l'autorité) ;
Apollon évoque à la fois Jupiter (l'ampleur, l'autorité), Mercure (la découverte, le savoir) mais aussi le Soleil (la dignité, la grandeur) ;
Admète évoque à la fois Mercure (la réflexion) et Saturne (la concentration, la profondeur) ;
Comme les planètes du système solaire, les objets transneptuniens sont représentés par un symbole :
Cupidon
Hadès
Zeus
Kronos
Apollon
Admète
Vulcain
Poséidon
Corps célestes hypothétiques
Si aujourd'hui les astronomes ont vérifié l'existence de milliers d'objets transneptuniens tels la ceinture de Kuiper, le disque des objets épars ou le nuage de Oort, ils n'ont pas validé l'existence des planètes homonymes de l'astrologie uranienne.
Malgré sa revendication d'une approche scientifique, Alfred Witte n'a pu prouver la réalité astronomique des objets transneptuniens. À la fin de sa vie, ses théories ont même suscité railleries et rejet.
Assez longtemps, des membres de l'École de Hambourg ont affirmé que certains corps célestes transneptuniens, ni planètes ni objets, seraient les barycentres de grappes d'objets, autrement dit des foyers immatériels d'énergie.
Développements
Reinhold Ebertin (1901-1988) étudie les méthodes de l'École de Hambourg sans les adopter. Il en conserve les principes mais rejette les objets transneptuniens, jugés hypothétiques. Il nomme cosmobiologie(en) sa vision de l'astrologie uranienne. En 1940, il publie Kombination der Gestirneinflüsse (Combinaison des influences astrales).
L'utilisation des méthodes de l'astrologie uranienne reste marginale. Toutefois plusieurs astrologues acceptent le principe des mi-points[12].
↑James Herschel Holden, A History of Horoscopic Astrology : From the Babylonian Period to the Modern Age, American Federation of Astrologers Inc., (ISBN978-86-69046-38-6), p. 243.
↑L'arc solaire est la distance parcourue par le Soleil sur l'écliptique entre deux dates, où un jour de déplacement du Soleil à partir de la naissance symbolise une année de vie. Il s'agit d'une version simplifiée de l'arc solaire utilisé par Placidus, qui mesure l'arc en ascension droite plutôt qu'en longitude écliptique.