Canal d'Ille-et-Rance
Le canal d'Ille-et-Rance est un canal français à petit gabarit qui relie les villes de Rennes et de Saint-Malo. Il a pour départ l'écluse du « Mail » à Rennes et se termine à l’écluse du « Châtelier » à Saint-Samson-sur-Rance dans les Côtes-d’Armor. Il est constitué des trois tronçons principaux :
Enfin l'estuaire de la Rance mène à Saint-Malo, via le barrage de l'Usine marémotrice de la Rance. La construction de ce canal a débuté sous Napoléon Ier. Aujourd’hui, sa longueur totale est de 84,8 km. Il traverse vingt-huit communes, dont seize en Ille-et-Vilaine, et douze dans les Côtes-d'Armor. Deux autres communes sont concernées car elles comportent, chacune sur leur territoire, un plan d'eau important servant de réserve pour l'alimentation du canal : Feins avec l'étang de boulet et Gosné. À ces trente communes, il faut ajouter les 13 communes riveraines de l'estuaire de la Rance maritime, lequel constitue une part importante de la voie navigable de la liaison Manche-Océan. HistoireDes projets abandonnésL'idée d'ouvrir une voie de navigation intérieure en Bretagne date du XVIe siècle. Ce furent les différents blocus maritimes, imposés depuis 1688 sous le règne de Louis XIV qui amenèrent les États de Bretagne à faire étudier la mise en place d’un réseau de canaux, en Bretagne, ainsi que dans le Maine, par une commission spéciale créée fin 1782 : la commission intermédiaire pour la navigation intérieure de la province. Cependant que plusieurs projets visant à relier l´Atlantique et la Manche sont élaborés au cours du XVIIIe siècle :
En 1783, l'ingénieur des ponts et chaussées Joseph Liard (1747 -1832), est nommé en Bretagne, il élabore, sous les ordres d'Antoine Chézy, Inspecteur général des Pont-et-Chaussées pour la Bretagne, des projets de canal de la Vilaine à la Rance et organise les travaux de navigation de la Vilaine entre Rennes et Redon. Il est notamment l'auteur du Mémoire de M. Liard, ingénieur des ponts et chaussées de France, contenant le détail des ouvrages nécessaires pour la jonction de la Villaine avec la Rance, par les rivières de l'Isle et du Linon, réunis a la Commission de la Navigation Intérieure de Bretagne, le . Partant de cette idée, cette commission présente au roi Louis XVI, le , une carte générale des projets étudiés qu'elle lui commente. Le roi décide du tracé à retenir pour le canal devant relier les rivières Vilaine et Rance, pour permettre la navigation entre Rennes et Saint-Malo, et de poursuivre par la Vilaine, réalisant ainsi la liaison Manche-Océan. En 1786, l'ingénieur des ponts et chaussées Nicolas Brémontier, (1738-1809), proposa un projet de canal reliant la Rance à la Vilaine par le Meu, cependant son projet ne fut pas retenu. La Révolution française ne permit pas le démarrage des travaux, et il fallut attendre le tout début du XIXe siècle, pour convaincre le consul Napoléon Bonaparte de l'intérêt de débloquer ce projet. Réalisation du canalHistoire du chantierLe , le projet de Joseph Liard est adopté par le Conseil Supérieur des ponts et chaussées. Les travaux sont ordonnés par l'Arrêt consulaire du 21 pluviôse an XI () à la suite de nouvelles menaces de blocus maritime par l'Angleterre. C’est à François Luczot de La Thébaudais[n. 1] alors en poste à Besançon, qu’est confiée la mission de diriger les travaux du canal d’Ille-et-Rance. Il rejoint sa nouvelle affectation en Ille-et-Vilaine, sous les ordres de l’ingénieur en chef Anfray fils, au mois d’. Le chantier démarre à Hédé le . Le chantier de l’échelle d’écluses de Hédé, qui dure neuf ans, est réceptionné par Luczot de La Thébaudais en , juste à temps pour permettre à Louis-Antoine d'Artois alors duc d’Angoulême, fils du futur Charles X, de visiter les lieux en compagnie de l’ingénieur qui assure, en plus de son service, l’intérim de l’ingénieur en chef Anfray, frappé d’hémiplégie. Les travaux s'échelonnèrent entre le printemps 1804 - ils commencèrent exactement le sur la commune d’Hédé et s’étendent rapidement au point central de partage, sur les communes de Guipel, Dingé et Bazouges sous Hédé, et l'automne 1832. Ils sont en grande partie ralentis par les dépenses de guerre et les évolutions des rapports diplomatiques entre la France et l'Angleterre. En 1815, les travaux sont presque achevés, mais la paix revenue et le blocus levé, le canal n'a plus d'intérêt militaire. Les travaux sont arrêtés pendant six ans, de 1816 à 1822, puis reprennent avec la nomination du rennais Camille-Jean Maugé, ingénieur des ponts et chaussées. Le chantier est terminé le , jour où a lieu la première navigation d'essai. Le canal est officiellement ouvert le : son ouverture à la navigation a cependant lieu le . Il aura fallu un peu plus de 28 ans pour que l’ouvrage long de 84,802 km se termine enfin en 1832, pour un coût total de 14.226.799 Francs soit un peu plus 1 milliard d’euros du XXIe siècle. Organisation du travail et conditions sociales : une main d’œuvre essentiellement localeLes travaux employèrent presque uniquement des ouvriers locaux, ainsi 1 400 ouvriers sont employés sur le bief de partage. Ces travailleurs locaux effectuent aussi des travaux ruraux. Les journées de travail sont de 10h l’hiver jusqu’à 16h l’été. Quelques dizaines d'insoumis et de déserteurs des armées sont employés de 1806 à 1810. On sait seulement que 292 hommes du 9e bataillon de prisonniers espagnols participent aux travaux. Ils ne restent que 110 jours sur le chantier. La préfecture donne des instructions en ce qui concerne leur tenue et leur nourriture. Certains prétendent que l’on aurait fait venir des bagnards de Brest étant donné la grande pénibilité des travaux par endroits. Achèvement du canalLors de l’achèvement du canal d'Ille-et-Rance, en 1834, il fut décidé à Rennes que comme complément de cette réalisation, qu'en même temps que la jonction de la Vilaine à la Mayenne canal Mayenne-Vilaine, il serait procédé à l’ouverture des quais. Ce projet commence par l'ouverture du canal du Mail-Donges et la construction de l’Écluse de la Chapelle-Boby à Rennes, mais restera en l'état, et jamais terminé. Fonctionnement et vie du canalGuipel, ligne de partage des eauxÀ Guipel, le canal franchit la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Rance (Manche) et de la Vilaine (golfe de Gascogne). Ce bief de partage est la partie la plus élevée du canal (65,36 mètres). La construction du canal et la situation stratégique de Guipel ont influencé durablement le développement de la commune puisqu'à cette époque, la municipalité entreprend de grands travaux : construction d’une église, d’un presbytère et d’une école publique de garçons. Le « Camp » à GuipelLe lieu-dit « Le Camp » qui subsiste sur le territoire de Guipel tire son origine de la construction du canal. C’est à cet endroit qu’est érigé, non loin du bâtiment où logent les entrepreneurs, et qui abrite les ingénieurs, un édifice qui reçoit aussi : les prisonniers, déserteurs et insoumis de l’armée napoléonienne ainsi que leurs gardiens. La cuisine qui alimente tous ces hommes se trouve aussi dans l’enceinte. Le bief de Guipel et l'hydrographieDeux plans d’eau importants servent depuis l’origine de réserve pour l’alimentation et la régulation du canal. Un plan d’eau situé à Gosné alimente le canal via l’Illet et celui de Feins par la rigole du Boulet. À noter que les réserves d’eau de Feins, d’Hédé, Bazouges, de la Bézardière et de la Plouzière ont été creusées simultanément à la construction de la saignée prévue à usage militaire. Le bief de partage est long de 7,1 km (étang du Boulet à Feins). Côté Ille : 20 écluses permettant de franchir un dénivelé de 42,23 m. Côté Rance : 28 écluses permettant de franchir un dénivelé de 62,70 m jusqu'au niveau de la mer. Ce côté comprend l'échelle d'écluses de Hédé comprenant 11 écluses pour franchir un dénivelé de 27,06 m sur une distance d'environ 2 161 m. L'alimentation en eau du canalL'alimentation en eau se fait à partir des réservoirs de Hédé (400 000 m3), Bazouges (1 230 000 m3), Boulet à Feins (3 500 000 m3), La Bézardière à Hédé (250 000 m3), Ouée à Gosné (1 400 000 m3) et 8 rigoles d'alimentation d'une longueur totale de 28,789 km:
L'économie autour du canalLa fin du trafic marchand : un lent déclin économiqueTout au long du XIXe siècle et durant les trois premières décennies du XXe siècle, le canal va remplir une vocation marchande. Les péniches chargent et déchargent du charbon, des matériaux de construction, de la chaux (notamment à Saint-Germain-sur-Ille où fonctionnent des fours à chaux), du bois à brûler, des métaux, des produits industriels ainsi que des produits agricoles (grains, pommes, vin, cidre) dans les petits ports situés entre Dinan et Rennes. Entre 1860 et 1880, c'est de 1100 à 1800 passages de bateaux par an et le transport de marchandises qui s’élève à 150 000 tonnes. Le , le train fait sa première apparition en gare de Rennes. La ligne Rennes-Saint-Malo ouvre en 1864 aussi à partir de 1911, le volume de marchandises transportées sur le canal ne cesse de décliner. À partir de 1923, les progrès du chemin de fer diminuent grandement le « fret » par voie d’eau (douce) entre Rennes et la Manche. Ce déclin sera accentué par le développement, après guerre, des axes routiers et des camions ainsi que par la construction du barrage de la Rance à partir de 1960. Le tourisme fluvial : renouveau du canalÀ la fin du XXe siècle, les péniches ont laissé place aux pêcheurs, promeneurs, sportifs. Disparus Gabares et chalands, le canal n’ouvre plus ses écluses qu’aux plaisanciers. 1972 voit le dernier transport de marchandises. La plaisance se développe à cette époque, les amateurs fluviaux découvrent les canaux, le tourisme va alors donner une nouvelle jeunesse au canal. Un canal comme patrimoineLe canal est concédé en 1979 par l’état aux départements d’Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord (le département a pris le nom de Côtes-d’Armor le ). La Maison du canal d'Ille-et-Rance ouvre à Guipel et fait découvrir l'histoire du canal. GéographieLa plus grande partie de son cours est constituée du lit de l’Ille qui alimente naturellement le canal en eau dans sa partie aval jusqu’à Rennes. L'Ille reçoit également les eaux de petites rivières comme l’Illet, petite Ille, à Saint-Grégoire aux portes de Rennes et qui est la base d’une station réputée nationalement pour les sports nautiques. Cette partie aval de l’Ille, affluent naturel de la Vilaine a été canalisée à partir du bief des écluses d’Hédé qui donnent accès au canal artificiel reliant l’Ille à la Rance. Le canal en amont de ce bief est alimenté en eau par des rigoles, fossés et ruisseaux artificiels détournant notamment l’eau de l’étang d’Hédé. L’Ille canalisée poursuit son cours jusqu'au confluent avec la Vilaine à Rennes et est alimentée en eau par l’ouvrage ; cette partie est desservie également par quelques écluses. Puis la Vilaine elle-même suit un cours plus naturel, passant en sortie de Rennes dans une zone inondable naturelle préservée, comportant de nombreux bras et plans d’eau, via un des bras aménagé pour éviter les hauts fonds en période sèche et faciliter la navigation, mais aussi pour gérer les périodes de crue de la Vilaine, qui autrement affecteraient souvent le bas de son cours (notamment près de Redon) lui aussi aménagé pour réguler son hydrographie et permettre la navigation presque en toute saison de Nantes à Rennes, soit le long de la côte Atlantique, soit via le canal de Nantes à Brest qui croise la Vilaine près de Redon. Le canal mesure 84 km de la Vilaine à la Manche. C'est un canal de jonction, dont le bief de partage se trouve tout en haut de l'échelle des 11 écluses de Hédé, à une altitude de 65,35 mètres. Les ouvriers effectuèrent des travaux de terrassement, sur environ 84 km, et des rigoles d'alimentation en eau, qui se traduisirent par au moins 2 500 000 mètres3 de déblais, et presque autant de remblais. Les ouvrages d'artsPlus de 260 ouvrages d'arts ponctuent ce canal, dont : 48 écluses : les sas des écluses ont 4,7 mètres de largeur entre les bajoyers (parois latérales d’une chambre d’écluse) et 26,3 mètres de longueur entre le sommet de l’arc du mur de chute et l’enclave des portes d’aval, le granit servant à la construction des écluses est extrait des carrières de Louvigné-du-Désert ; autant de maisons-éclusières - à trois travées, les maisons éclusières sont érigées parallèlement à l’avancée des travaux, celles de style napoléonien, marquées par un décrochement de la façade en retrait pour la travée centrale, sont érigées sur deux niveaux d'étage alors que celles érigées sous la Restauration sont de plain-pied ; et de nombreux ponts dont plusieurs d'époque. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la chute maximale des écluses ne dépasse guère 4 m, car le système de vannes plates ne fonctionne plus sous une pression trop forte. Aussi à Hédé-Bazouges, les écluses s’alignent, formant une étonnante perspective : en recourant à ce défi technique que constitue le franchissement en bateau d'un dénivelé de 27 mètres, et cette succession de 11 écluses, séparées de seulement 183 à 319 mètres entre elles, assure la transition du canal d'Ille-et-Rance de chaque côté des bassins versants de la Rance et de la Vilaine, sur un peu plus de 2 km. Au total, le canal d'Ille-et-Rance Manche Océan Nord comprenant outre le canal d'Ille-et-Rance lui-même la Vilaine au sud et l'Estuaire de la Rance,compte 61 écluses sur plus de 144 km.
NavigationTout au long du XIXe siècle et durant les quatre premières décennies du XXe siècle, les modes de locomotion vont évoluer tout au long de cette période : voile dans l'estuaire de la Rance, halage (cheval ou âne). Les animaux appartiennent au marinier ou sont loués. Vers 1930, apparaissent des bateaux motorisés. Le canal est aujourd'hui principalement utilisé par la navigation de plaisance. Ses abords sont équipés de commodités, indiquées par un affichage, et qui comprennent bornes électriques, points d'eau potable, cabines téléphoniques, sanitaires, aires de pique-nique, poubelles, campings, etc. Les écluses peuvent être franchies en été de 8 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h 30, l'hiver la dernière ouverture se fait à 18 h. Les vedettes de transport en commun sont prioritaires, les petites embarcations passent normalement par ordre d'arrivée et en groupe. Elles peuvent bénéficier d'un éclusage isolé dans deux cas : si elles sont seules ou si leurs dimensions sont incompatibles avec d'autres embarcations. L’amarrage pendant l'éclusage est obligatoire, il est réalisé selon les règles de la navigation fluviale. Les délais d'attente d'éclusage ne dépassent généralement pas 20 minutes, sauf insuffisance d'eau[n. 3]. La faune et la flore(liste non exhaustive)
On rencontre sur ses berges l’aulne glutineux ou vergne ; la flambe d'eau ou iris des marais dit aussi Iris pseudacorus ; le nénuphar blanc.
Le martin-pêcheur est fréquent, le tadorne de Belon, le geai, la poule d'eau. Les personnalités liées au canal
Notes et référencesNotes
RéférencesVoir aussiBibliographieSources primaires
Sources secondaires
Articles connexes
Liens externes
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