Archiduchesse et princesse d'Autriche, princesse de Hongrie, de Bohême et de Toscane, elle est devenue par son mariage en 1894 princesse de Saxe-Cobourg-Gotha.
Rainer de Saxe-Cobourg-Gotha (Pola, – tué à Gyömrő, Hongrie, ), épouse 1) en 1930 Johanna Károly de Károly-Paty (1906-1992), divorce en 1935, dont un fils, puis épouse 2) en 1940 Edith de Kózol (1913-1997) ;
Née dans la propriété familiale de Alt-Bunzlau (Altmünster) le , l'archiduchesse Caroline passe sa jeunesse dans les différentes résidences de sa famille dans l'empire austro-hongrois. Son père, l'archiduc Charles Salvator meurt prématurément le [1]. Quelques mois plus tard, Caroline Marie occupe, à partir de , les fonctions de Princesse-abbesse du chapitre impérial des Dames nobles de Prague, abbaye fondée par l’impératrice Marie-Thérèse en 1755. L’abbesse jouit du rang de princesse ecclésiastique et d’une rente confortable, n’ayant que des obligations temporelles. En vue de son prochain mariage, elle doit quitter son office au profit d’une autre archiduchesse[5].
Un mariage à la Hofburg
C'est la princesse Clémentine d'Orléans, marieuse infatigable, qui favorise l'union de Caroline Marie avec son petit-fils le prince Auguste de Saxe-Cobourg (1867-1922). Clémentine écrit : « Mon petit-fils Augusto est rayonnant de bonheur, ainsi que sa fiancée. C’est un mariage excellent sous tous les rapports. Caroline est aimable, sérieuse et a reçu de sa mère les principes du vieux temps, qu’on retrouve rarement de nos jours. Elle est la sœur très aimée de la femme de Karl Stefan, pour la position d’Augusto et pour son existence à Pola, cette union aura de grands avantages. » En effet, l’archiduc Charles Etienne réside principalement à Pola avec sa famille, ville qui possède un port militaire, et où vont également s'établir les futurs mariés Auguste et Caroline[6].
La princesse fait l’unanimité au sein de la famille Cobourg. La princesse Clémentine écrit au début du mariage : « Je fais de courtes promenades avec Caroline qui est bien gentille, naturelle, affectueuse et me tient bonne compagnie[7].»
Une union féconde
La princesse Caroline Marie devient mère pour la première fois le lors de la naissance du prince Auguste. Caroline Marie donne le jour à sept autres enfants, dont le dernier, Ernst, naît en 1907. La famille quitte la villa de Pola en 1900 et s'installe durant deux ans au château de Walterskirchen à une soixantaine de kilomètres de Vienne avant d'acquérir, en 1902, une vaste villa à Gerasdorf bei Wien, en Basse-Autriche où le prince et les siens s'établissent[8].
La famille nombreuse de la princesse est marquée par un triste coup du sort. En effet, trois de ses enfants souffrent d’handicaps mentaux à des degrés divers, probablement dus à leur hérédité : Auguste, Marie Caroline et Léopoldine[9]. L'harmonie familiale est troublée par la mort, le , des suites d'une maladie pulmonaire, de son fils aîné Auguste à l'âge de 13 ans[10].
Son mari, le prince Auguste, officier retiré depuis 1912 de la austro-hongroise, gère désormais ses domaines et s'adonne à la chasse, tandis que l'archiduchesse Caroline, douce et dévote se consacre, tout comme sa mère avant elle, à l'éducation de ses enfants. Elle élève les princes avec rigueur, mais simplicité, refusant de les voir grandir dans un monde hermétique et loin des réalités. Ses rares moments de détente, elle les occupe comme la plupart des dames de son rang. Dotée d’un certain talent, elle manie habilement l’aquarelle et ses représentations de fleurs et de natures mortes sont de très bonne facture. On peut d’ailleurs admirer quelques aspects de son œuvre à l’Albertina de Vienne[7].
Première Guerre mondiale
La première guerre mondiale éclate à l’été 1914. Mis à la retraite avec le grade de K.U.K. Fregattenkapitän depuis deux années, le prince Auguste ne prend pas part aux combats[11]. Quant à la princesse Caroline, elle participe à l’effort de guerre que fournissent bon nombre de femmes de sa condition, dans quel camp que ce soit. Comme bien d’autres altesses, elle se soucie principalement du sort des blessés. Geste peu banal qui témoigne d’une grande bonté : la princesse fait don de la totalité de sa dot à la Croix-Rouge Internationale[11].
Après la Première Guerre
En 1919, après la Première guerre mondiale, et la vente du château de Gerasdorf pour des raisons économiques, la famille réside au château de Schladming, en Styrie[10].
Après la guerre, le prince Auguste a vu son état physique se dégrader. Muni des sacrements de l’Église, le prince meurt à Schladming, à 54 ans, le soir du , après de « longues et lourdes maladies ». Son acte de décès précise que le prince est mort d'artériosclérose et d'infection des poumons. Le prince laisse une veuve, Caroline, mère de sept enfants, tous encore célibataires[12].
Dernières années
L'archiduchesse Caroline Marie de Habsbourg-Toscane s'installe, en 1939, à Budapest avec sa fille Léopoldine auprès de son fils Philipp Josias car le prince Ernst a vendu leur propriété de Schladming. Sa fille Marie Caroline, après avoir été placée en 1938 dans un service médical pour personnes handicapées dans un hôpital de Salzbourg, est euthanasiée au château de Hartheim en 1941 dans le cadre du programme nazi Action T4[13].
Tandis que sa mère et sa sœur Léopoldine demeurent toujours à Budapest, le , le prince Philipp Josias épouse Sarah Aurelia Hálasz. Un mois plus tard, le , l'armée allemande se rend maîtresse de la Hongrie par le biais d'un gouvernement pro-nazi dirigé par Ferenc Szálasi[14].
Au printemps 1945, Philipp Josias, incorporé de force dans un régiment hongrois, réussit à se désister comme officier, mais est il affecté à un régiment de transport naval en Méditerranée[15]. Hajnal Hálasz, sœur de Sarah, demeurant également à Budapest s'enquiert du sort réservé à Caroline et à sa fille Léopoldine. Hajnal découvre, dans leur palais de la Uri utca en grande partie détruit, les princesses Caroline, clouée dans un fauteuil roulant et sa fille puinée. La famille de Sarah Hálasz vient dès lors en aide aux deux princesses en leur procurant quotidiennement des vivres[14].
En , lorsque les combats cessent, une autre sœur de Sarah, Laura-Louise prend le relai et vient en aide aux princesses. La décision est prise de leur permettre de quitter les lieux devenus inhabitables, après le sauvetage des objets de valeur qui ont échappé aux pilleurs. Tandis que Sarah et son fils Philipp August se relogent dans un appartement à Pest, Léopoldine et sa mère Caroline emménagent dans une villa louée par le secrétaire de Philipp Josias[16].
Deux semaines plus tard, le , la princesse Caroline meurt probablement d'un infarctus[17], à l'âge de 75 ans, à Budapest où elle est inhumée dans une sépulture provisoire avant d'être transférée, en 1967, au cimetière de Farkasrét.[16].
↑Ce nom ne fait pas l'unanimité auprès des historiens et nombreux sont ceux qui, comme Olivier Defrance, considèrent que la famille d'Auguste n'a jamais adjoint le nom de Kohary à celui de Saxe-Cobourg. De fait, la correspondance de la reine Victoria montre qu'elle-même doutait qu'une telle modification ait été faite à l'occasion du mariage des grands-parents paternels d'Auguste. Malgré tout, le nom de Saxe-Cobourg-Kohary est largement utilisé dans la littérature consacrée à la famille. (Defrance 2007, p. 68)
Michel Huberty et Alain Giraud, L'Allemagne dynastique : Hesse-Reuss-Saxe, t. I, Le Perreux-sur-Marne, Alain Giraud, , 597 p..
Nicolas Énache, La descendance de Marie-Thérèse de Habsburg, Paris, Éditions L'intermédiaire des chercheurs et curieux, , 795 p. (ISBN978-2-908003-04-8).
Olivier Defrance et Joseph van Loon, La Fortune de Dora : une petite-fille de Léopold II chez les nazis, Bruxelles, Racine, (ISBN2873868171).
Articles biographiques
(en) Olivier Defrance, « These Princes who came from Brazil », Royalty Digest Quarterly, no 2, , p. 1-13 (ISSN1653-5219).
(en) Olivier Defrance, « Between Egypt and Europe - The curious fate of Clémentine of Saxe-Coburg and Gotha », Royalty Digest Quarterly, no 4, , p. 1-13 (ISSN1653-5219).
Olivier Defrance et Joseph van Loon, « Philipp Josias de Saxe-Cobourg et Gotha, un cousin méconnu de nos rois », Museum Dynasticum, vol. XXX, no 1, , p. 5-21 (ISSN0777-0936, lire en ligne, consulté le ).
(en) Olivier Defrance et Joseph van Loon, « The Last Kohary - The life of Philipp Josias of Saxe-Coburg and Gotha », Royalty Digest Quarterly, no 4, , p. 1-12 (ISSN1653-5219).
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre est strictement chronologique et défini par la date de naissance.