« Cascabel », « cascavel » ou « cascabela » est le mot espagnol pour "petite cloche", "hochet de serpent" ou même "serpent à sonnette"[3]. L'allusion peut aussi être directement liée à la toxicité de la plante, comparable au venin d'un serpent à sonnette. Le nom spécifique « thevetia » commémore André Thevet (1516-1590), un prêtre et explorateur franciscain français, qui a exploré le Brésil (où la plante est connue sous le nom de "chapéu-de-napoleão" (« chapeau de Napoléon »).
Noms vernaculaires
Un grand nombre de noms vernaculaires sont ou ont été donnés à la plante : Ahouaï, Arbre à lait, Bois à lait, Laurier jaune, Laurier-rose jaune, Laurier jaune des Indes, Laurier à fleurs jaunes, Noyer de serpent[4], Chapeau de Napoléon[5],[6], Caballón, Cabalonga, Milk tree (Porto Rico), Camache, Caruache (Guyana), Seweyu (Arawak), Jurri jurri, Tawai (Suriname), Lucky nut (graine dans les Antilles britanniques)[7].
L'espèce a été décrite en premier par Linné sous le nom de Cerbera thevetia et publiée en 1753 dans son Species plantarum 1: 209[9].
En 1980, dans un travail de redéfinition de la circonscription des genres proches, Cerbera, Thevetia et Cascabela, le botaniste allemand Hans Lippold a reclassé cette espèce dans le genre Cascabela sous le nom de Cascabela thevetia. Cependant la définition de ce genre reste controversée, certains auteurs considérant Cascabela comme un synonyme de Thevetia[10].
Description
Cascabela thevetia est un arbre ou un arbuste pouvant atteindre 2 à 8 mètres de haut. Les feuilles, pétiolées, ont un limbe lancéolé à elliptique de 8 à 16 cm de long sur 0,5 à 1,4 cm de large. De consistance membraneuse, glabres, elles présentent une nervation secondaire discrète[4].
L'inflorescence regroupe de 6 à 8 fleurs.
Celles-ci présentent des sépales glabres, ovales à lancéolés de 0,5 à 1,3 cm de long, une corolle jaune ou orange formant un tube de 1,2 à 1,7 cm de long sur 3 à 5 mm de diamètre, pubescent à l'intérieur, avec des lobes oblongs de 2,5 à 3,5 cm de long[4].
Le fruit est une drupe de 2,5 à 3,5 cm de long sur 2,1 à 4,5 cm de diamètre, parfois lenticellée.
Les graines, gris clair, lenticulaires, mesurent environ 1 à 2 cm de long[4].
Composition
Le laurier jaune contient plusieurs glycosides cardiotoniques du groupe des cardénolides, dont les suivants : thévétine A, thévétine B (cerbéroside), nériifoline, péruvoside (cannogénine-thévioside), thévétoxine, ruvoside (cannogénol-thévioside), cerbérine (2’-O-acétylnériifoline) et acide péruvosidique (pérusitine). Le plus important est
la thévétine, constituée d'un mélange de cerbéroside (thévétine B) et de thévétine A dans la proportion 2/1[6].
Les graines et la sève contiennent notamment de la nériifoline et les thévétines A et B, qui sont hautement toxiques pour le système nerveux autonome (SNA) et le muscle cardiaque[11].
Cascabela thevetia contient dans tous ses organes des composés toxiques, concentrés surtout dans les noyaux des graines, puis dans les feuilles, les fruits et la sève.
Ces composés chimiques sont des hétérosides cardiotoniques, principalement la thévétine A et la thévétine B, des péruvosides, ainsi que la thévétoxine, la nériifoline et des ruvosides[14]. Le principal signe est la survenue d'une bradycardie (cœur lent) par bloc sino-atrial ou atrio-ventriculaire. Les formes graves comportent des troubles du rythme ventriculaire[15], une baisse de la tension artérielle[16].
Le traitement comporte la prise de charbon activé. En cas d'intoxication grave, l'administration d'anticorps ani-digoxine est efficace[17].
Cascabela thevetia croît dans des zones chaudes, avec des températures comprises entre 17 et 37 °C et à des altitudes allant de 50 à 200 mètres. La plante préfère les sols fertiles et bien drainés, mais peut pousser sur des sols variés, du limonsableux aux sols argileux. Elle est tolérante à la sécheresse et moyennement tolérant au sel[4].
L'espèce se rencontre dans les sites perturbés ouverts, le long des cours d'eau, des bords de routes, dans les terrains vagues, dans les bois ouverts, broussailles, vieux jardins, pâturages et dans les zones côtières. L'espèce est également cultivée comme plante ornementale dans les parcs et jardins[4].
↑(en) Umberto Quattrocchi, CRC World Dictionary of Plant Names : Common Names, Scientific Names, Eponyms, Synonyms, and Etymology, CRC Press, , 728 p. (ISBN978-0-8493-2673-8, lire en ligne)
↑ a et b(en) Schmelzer, G.H., « Thevetia peruviana (Pers.) K.Schum. », sur PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), (consulté le )
↑(en) R. W. DEN OUTER, « Vernacular names of Surinam woody plants », Wageningen University, (lire en ligne)
↑Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 350
↑(en) Leonardo O. Alvarado-Cardenas & José Carmen Soto Núñez, « A new species of Cascabela (Apocynaceae; Rauvolfioideae, Plumerieae) from Michoacán, Mexico », Phytotaxa, vol. 177, no 3, , p. 163–170 (DOI10.11646/phytotaxa.177.3.4, lire en ligne).
↑(en) Amrita Prasad, Krishnaveni K., Neha K.A., Neethu T.D., Shanmugasundaram R., Sambathkumar R., « A review on management of common oleander and yellow oleander poisonning », World Journal of Pharmacy and Pharmaceutical Sciences (WJPPS), vol. 5, no 12, , p. 493-503 (lire en ligne).
↑(en) Singh Kishan, Agrawal Krishn Kumar, Mishra Vimlesh, Uddin Sheik Mubeen, Shukla Alok, « A review on : Thevetia peruviana », International Research Journal of Pharmacy (IRJP), vol. 3, no 4, (lire en ligne).
↑(en) José Luis Balderas-López, Simone Barbonetti, Erika Lizbeth Pineda-Rosas, José Carlos Tavares-Carvalho, Andrés Navarrete, « Cardiac glycosides from Cascabela thevetioides by HPLC-MS analysis », Revista Brasileira de Farmacognosia, vol. 29, no 4 Curitiba, (DOI10.1016/j.bjp.2019.04.008, lire en ligne).
(en) Schmelzer, G.H., « Thevetia peruviana (Pers.) K.Schum. », sur PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), (consulté le ).