Le château de Ballaison, détruit, était situé dans le département français de la Haute-Savoie sur la commune de Ballaison, sur le rebord nord-ouest du château de Boisy. Édifié sur une colline au-dessus du torrent du Vions[1], il dominait le paysage, au-dessus de Douvaine[1], au nord-est de Genève et à proximité de la route le long du Léman qui mène au Chablais.
Histoire
Au XIIIe siècle[2], le site est occupé par un bourg, qui sera par la suite appelé le Bourg Vieux, et par deux châteaux, l'un possession du comte de Genève et siège d'une châtellenie, l'autre étant la possession du seigneur de Ballaison. Pour leur château de Ballaison ou Balleyson[3], les comtes doivent l'hommage aux princes-évêques de Genève.
L'historien savoyard Léon Menabrea indique que « le château de Ballaison, devenu la propriété des comtes de Genève, excita, aux XIIIe et XIVe siècles, de longues guerres entre ces princes et la Maison de Savoie »[4].
Le fief de Ballaison passe sous le contrôle des comtes de Genève sans que l'on sache comment[5]. Ils placent un châtelain à la tête du fief dont le château devient le centre[5]. La seigneurie de Ballaison, où vit la famille de Ballaison, contrôle neuf paroisses (voir ci-dessous)[5].
En 1287, le château repasse au comte de Genève[5], lors du traité d'Annemasse[9]. Le comte de Genève fait hommage au comte de Savoie pour ce château de Ballaison, ainsi que celui de Genève, « sui l'évêque [de Genève] y consentait »[9],[10].
À la fin du XIVe siècle[2], la seigneurie de Ballaison et démembrée par la création au pied de la colline de la seigneurie du Bourg Neuf, aujourd'hui sur Douvaine, inféodé à la famille de Foras.
Le , la baronnie et le château sont vendus par Claude ou Claudine de Miolans à Claude de Ballaison (Balleyson)[12],[13],[Note 3] qui détient dès lors les deux châteaux. Il est le descendant de la famille homonyme[12]. L'unité réalisé par Claude de Ballaison est de courte durée. À sa mort en 1541 ses biens sont dispersés[12],[13], et le château est partagé entre les familles de Cholex, d'Allinges-Coudrée, de Foras, de Sales, de Neuchâtel, de Mionnas, etc.[12]
Au XVIe siècle, la cité de Genève, passée au protestantisme, se sent menacée par les comtes de Savoie. Berne intervient pour aider la cité de Calvin. Cette partie du territoire, tout comme le Chablais voisin, est occupé entre 1536 et 1557. En 1591, le Bourg Vieux et ses deux châteaux sont pris et détruit par les Genevois[5],[13]. Le rôle de Douvaine supplante celui de Ballaison qui décline[5].
Les restes du château, « des masures », passe au XVIIe siècle à la famille d'Allinges-Coudrée[14],[13] à qui succèdent les Montgenis, et ensuite les Livet de Thoire. En 1811[2], Jean Lasserre, genevois, acquiert Ballaison qu'il revend aussitôt au général de Boigne. En 1864[14], Ernest de Boigne bâti à l'emplacement de l'ancienne forteresse un château dit de Thénières.
Description
Il ne subsiste rien des deux châteaux médiévaux donc on voyait encore d'importants vestiges en 1848[2].
Châtellenie de Ballaison
Le château de Ballaison est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum)[15]. Elle est unie également à Beauregard, sauf vers la fin du XIVe siècle[16]. Il s’agit plus particulièrement d’une châtellenie comtale, relevant directement du comte de Genève[16]. Dans le comté de Genève, le châtelain comtal est nommé par le comte et possède de nombreux pouvoirs[16],[17]. Avec l’intégration au comté de Savoie, à partir de 1401, celui-ci devient un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[18],[19]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[20]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[21].
La châtellenie a par ailleurs la particularité d’être située en Bas-Chablais et enclavée entre la châtellenie d’Hermance (dépendante des sires de Faucigny), à l’ouest, et le Chablais, possession de la maison de Savoie[23].
Châtelains de Ballaison (et Beauregard et de la maison de Troches) XIVe au XVIe siècle[24],[25],[26]
↑Selon Christian Regat, le château passe en gage au comte de Savoie en 1272[2].
↑La gagerie est un procédé par lequel un seigneur met en gage son fief en place d'une forte somme d'argent. Le bien entre immédiatement dans les possessions du prêteur. Si ce seigneur rembourse son prêt, il récupère son bien sinon il passe définitivement entre les mains de l'autre seigneur[7].
↑ a et bJean Luquet, Dictionnaire du duché de Savoie : M.DCCCXL (1840), publié dans Mémoires et documents de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, t. 1, La Fontaine de Siloé, coll. « L'Histoire en Savoie » (réimpr. 2005) (1re éd. 1840), 265 p. (ISSN0046-7510), p. 53, « Ballaison ».
↑Régeste genevois, acte de 1138, côte REG 0/0/1/292, sur le site de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice (Suisse) - digi-archives.org.
↑Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « 'Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 621 p. (lire en ligne), p. 169-170.
↑ abc et dLouis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. 7, Société d'histoire et d'archéologie de Genève (réimpr. 1978) (1re éd. 1956), 486 p., p. 111.
↑ a et bPayraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
↑ ab et cPierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 415.
↑Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 413-414.
↑Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN978-2-85944-438-9), p. 237-257.
↑Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
↑Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
Voir aussi
Bibliographie
Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN978-2-901102-18-2).
Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Éditions Cabédita, , 193 p. (ISBN978-2-88295-117-5), p. 32-33.
Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. 7, Société d'histoire et d'archéologie de Genève (réimpr. 1978) (1re éd. 1956), 486 p., p. 289-298.
Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, (lire en ligne [PDF]) extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Étienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne).