Gigantesque créature extraterrestre endormie depuis des millénaires dans la cité de R'lyeh engloutie sous les flots de l'océan Pacifique, Cthulhu est vénéré tel un dieu par des humains dévoyés et des êtres aquatiques qui lui vouent un culte immémorial par le biais de sculptures antédiluviennes. Celles-ci reproduisent sa forme vaguement humanoïde complétée d'une tête de seiche, de tentacules de pieuvre et d'ailes semblables à celles d'un dragon[1].
L'écrivain August Derleth désigne sous le vocable « mythe de Cthulhu » l'ensemble des pastiches littéraires qui s'inspirent de l'univers fictionnel de Lovecraft. Le terme est resté, contribuant à multiplier les références culturelles à la créature à travers la littérature, les jeux de rôle et les jeux vidéo.
Présentation
Description et historique
Mélange de mythologies européennes (le Kraken des Scandinaves) et du Proche-Orient (Dagon, le dieu-poisson des Philistins), Cthulhu est l'archétype du dieu cosmique monstrueux : d'apparence humanoïde (bien qu'il ne soit pas tout à fait correct de dire cela, Lovecraft insistant bien sur l'aspect totalement inconcevable de la créature), avec une tête de pieuvre et de grandes ailes filandreuses, il est vénéré par des créatures dégénérées, thème récurrent dans l'œuvre de Lovecraft. Cthulhu inspire également les rêves des hommes, élargissant ainsi le cercle de ses adorateurs[1].
Dans la nouvelle L'Appel de Cthulhu (1926), le vieux Castro, l'un des membres de la secte, présente Cthulhu comme le « prêtre des Grands Anciens. » Cthulhu est également évoqué en ces termes : « Nul ne saurait décrire le monstre ; aucun langage ne saurait peindre cette vision de folie, ce chaos de cris inarticulés, cette hideuse contradiction de toutes les lois de la matière et de l'ordre cosmique. »
Selon l'interprétation d'August Derleth, postérieure à la mort de Lovecraft et contestée par les exégètes lovecraftiens, Cthulhu fut jadis banni du lointain système de Xoth (lequel pourrait correspondre à l'étoile Bételgeuse dans la constellation d'Orion) par les bienveillants « Dieux très anciens » et dort désormais au fond du Pacifique Sud dans la cité sous-marine de R'lyeh, en attendant l'heure de son retour.
Prononciation
« La véritable sonorité, si les organes humains peuvent l'imiter, ou la retranscrire par courrier, ressemble à : khlûl'-hloo, la première syllabe étant prononcée gutturalement et très sèchement. Le « u » ressemble à celui de « full ». Cette première syllabe n'est pas sans rappeler « klul », puisque le « h » affirme l’épaisseur gutturale. Quant au son « l », lui, il n'est pas représenté »
« Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn » est une litanie liée au culte de Cthulhu, traduite dans les ouvrages français par « Dans sa demeure de R'lyeh la morte, Cthulhu rêve et attend ». Cette traduction semble inexacte, la version anglaise étant « In his house at R'lyeh dead Cthulhu waits dreaming », signifiant plutôt « Dans sa demeure de R'lyeh, le défunt Cthulhu attend en rêvant », ce qui est d'ailleurs cohérent avec la prononciation avancée du Necronomicon : « N'est point mort celui qui éternellement dort, et en d'étranges éternités, la Mort elle-même peut trépasser ».
August Derleth, dans sa nouvelle Le retour d'Hastur, mentionne une construction négative de cette phrase, se terminant par « Cthulhu naflfhtagn » et indiquant de ce fait le réveil de Cthulhu[2].
L'injonction « Iä, Iä, Cthulhu fhtagn » revient également souvent dans la bouche de ses adorateurs.
En 2015, une région sombre et allongée le long de l'équateur de la planète nainePluton a été officieusement baptisée « macule Cthulhu » par l'équipe de la NASA responsable de la mission New Horizons[6].
↑(en) T. S. Miller, « From Bodily Fear to Cosmic Horror (and Back Again) : The Tentacle Monster from Primordial Chaos to Hello Cthulhu », Lovecraft Annual, Hippocampus Press, no 5, , p. 121-154 (ISBN978-1-61498-010-0, ISSN1935-6102, JSTOR26868434).
(en) Marc A. Beherec, « Death takes a Dive : Poe's The City in the Sea and Lovecraft's The Call of Cthulhu », Lovecraft Studies, West Warwick, Necronomicon Press, no 35, , p. 22-24.
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(en) Rachel Mizsei Ward, « Plushies, My Little Cthulhu and Chibithulhu : The Transformation of Cthulhu from Horrific Body to Cute Body », The Irish Journal of Gothic and Horror Studies, no 12, , p. 87-106 (lire en ligne).