Le film est un échec au box-office. S'il reçoit des critiques assez mitigées à sa sortie, il est peu à peu « réhabilité » au fil du temps.
L'Antre de la folie est le dernier volet d'une trilogie informelle de John Carpenter, dite « Trilogie de l'Apocalypse », les deux précédents volets étant The Thing et Prince des ténèbres[1].
Résumé du film
Au milieu d'un désastre non spécifié, le Dr Wrenn rend visite à John Trent, un patient dans un hôpital psychiatrique, et Trent lui raconte son histoire.
À New York, Trent, un enquêteur d'assurance indépendant, déjeune avec un autre assureur qui lui demande de travailler pour leur plus gros client, la maison d'édition Arcane. Au cours de leur conversation, Trent est attaqué par un homme armé d'une hache qui lui demande s'il lit Sutter Cane avant d'être abattu par un policier. L'homme était l'agent de Cane, qui est devenu fou et a tué sa famille après avoir lu l'un des livres de Cane.
Trent rencontre Jackson Harglow, le directeur d'Arcane, qui le charge d'enquêter sur la disparition du populaire romancier d'horreur Sutter Cane et de récupérer le manuscrit de son dernier roman. Il charge Linda Styles, l'éditrice de Cane, de l'accompagner. Linda lui explique que les histoires de Cane sont connues pour causer divers troubles chez les lecteurs fragiles psychologiquement. Trent est sceptique, convaincu que la disparition est un coup publicitaire. Trent remarque des lignes sur les couvertures des livres de Cane qui, lorsqu'elles sont alignées correctement, forment le contour du New Hampshire et localisent Hobb's End, le décor fictif de nombreuses œuvres de Cane.
Trent et Linda partent pour Hobb's End. Linda voit des phénomènes bizarres pendant qu'elle conduit de nuit, et ils arrivent inexplicablement à Hobb's End en plein jour. Trent et Linda fouillent la petite ville, rencontrant des gens et des lieux décrits dans les romans de Cane. Trent croit que tout est une mise en scène, mais Linda n'est pas d'accord. Elle avoue à Trent que sa mission avait bien un but promotionnel, mais que la distorsion temporelle et la réplique exacte de Hobb's End ne faisaient pas partie du plan.
Linda rencontre Cane dans une église. Cane lui fait lire son dernier roman, L'Antre de la folie, ce qui la rend folle. Menacé par une foule de citadins à l'aspect monstrueux, Trent fuit la ville, mais est téléporté à plusieurs reprises au centre-ville. Après avoir eu un accident de voiture, Trent se réveille à l'intérieur de l'église avec Linda, où Cane explique que la croyance du public dans ses histoires a libéré une ancienne race d'êtres monstrueux qui veulent prendre possession de la Terre. Cane révèle que Trent n'est qu'un de ses personnages, qui doit suivre l'intrigue de Cane et rendre son manuscrit à Arcane, favorisant ainsi la fin de l'humanité.
Après avoir donné le manuscrit à Trent, Cane déchire son visage, créant un portail vers la dimension de ses maîtres monstrueux. Trent voit un tunnel qui, selon Cane, le ramènerait dans son monde et encourage Linda à venir avec lui. Elle lui répond qu'elle ne peut pas parce qu'elle a déjà lu le livre en entier. Trent court dans le tunnel, avec les monstres à ses trousses. Il tombe, puis se retrouve soudainement allongé sur une route de campagne, apparemment de retour dans la réalité. Lors de son retour à New York, Trent détruit le manuscrit puis raconte son expérience à Harglow. Harglow prétend qu'il ne connaît pas Linda, que Trent a été envoyé seul pour trouver Cane, et que le manuscrit a été livré des mois plus tôt. L'Antre de la folie est en vente depuis des semaines, et son adaptation cinématographique est sur le point de sortir. Trent est arrêté après avoir tué d'un coup de hache un lecteur du roman à l'apparence monstrueuse.
Une fois que Trent a fini de raconter son histoire, le Dr Wrenn juge qu'il s'agit d'une hallucination. Trent se réveille le lendemain pour trouver l'asile abandonné. Une radio annonce que le monde a été envahi par des créatures monstrueuses, y compris des humains mutants, et que les suicides et les meurtres de masse se répandent. Trent va voir le film L'Antre de la folie et découvre qu'il en est le personnage principal. Alors qu'il regarde à l'écran ses actions précédentes, il commence à rire de façon hystérique.
Fiche technique
Titre original complet : John Carpenter's In the Mouth of Madness[2]
Michael De Luca écrit le script dans les années 1980 et le propose alors à plusieurs réalisateurs dont John Carpenter, qui le refuse[5]. En 1989, New Line Cinema annonce la production du film avec Tony Randel comme réalisateur[5]. Mary Lambert sera également attachée au projet[5]. Après quelques années, le projet stagne. John Carpenter signe finalement pour mettre en scène le film en décembre 1992[5].
Le film s'inspire fortement de l'univers des auteurs Stephen King et H. P. Lovecraft, sans pour autant être adapté de l'un de leurs ouvrages.
Le film est un échec commercial, rapportant environ 8 924 000 $ au box-office en Amérique du Nord pour un budget de 8 000 000 $[3]. En France, il a réalisé 182 061 entrées[8].
Il reçoit un accueil critique mitigé à sa sortie, mais semble être progressivement réhabilité depuis. Si en 1995 Télérama, tout en louant la tension continue du film, suggère que son réalisateur « menace de tourner en rond »[9], Les Inrockuptibles y voit onze ans plus tard « un des films les plus brillants de John Carpenter »[10]. Les Cahiers du cinéma le classe quant à lui 10e dans leur liste des meilleurs films de 1995[11].
Fin 2016, l’agrégateur de critiques Rotten Tomatoes alloue à L'Antre de la folie une note moyenne de 5,2/10 sur la base de 35 critiques collectées, mais la note grimpe à 3,5/5 auprès des inscrits du site[12]. Ceux d'IMDb lui attribuent quant à eux une moyenne de 7,2/10[13].
Commentaires
Analyse
Très référencé, le film renvoie sur quelques points de vue à Stephen King, pour le côté écrivain de best-sellers horrifiques – celui-ci est même nommément cité dans le film, mais surtout à Howard Phillips Lovecraft pour le passage progressif vers un univers cauchemardesque, où des entités anciennes et oubliées, aussi mauvaises que puissantes, attendent leur heure pour détruire l'humanité[14]. Le thème de la folie est essentiel dans l’œuvre « lovecraftienne »[15].
John Carpenter, qui, bien que n'adaptant pas une histoire de l'écrivain, lui rend hommage en s'inspirant de son univers pour L'Antre de la folie. En suggérant une indicible menace plus qu'en la montrant, il intègre le style de Lovecraft à son cinéma.
Mise en abyme
Lorsque Trent va voir L'Antre de la folie au cinéma dans les dernières minutes du film, l'affiche fictive crédite l'équipe du véritable film (« New Line Cinema Presents a John Carpenter film… ») excepté pour les noms des trois acteurs principaux (Sam Neill, Julie Carmen et Charlton Heston) remplacés par ceux de leurs personnages (respectivement John Trent, Linda Styles et Jackson Harglow).
Générique de fin
Lors du générique de fin, après le message habituel indiquant qu'aucun animal n'a été maltraité durant le tournage, on peut lire : « L'interaction humaine a été contrôlée par l'Association Psychiatrique Inter-Planétaire. Le nombre de morts étant élevé, les pertes humaines sont lourdes ».
Les crédits sont en bleu, couleur utilisée dans le film par Sutter Cane pour indiquer son contrôle sur le monde, indiquant que ses pouvoirs dépassent le récit lui-même.
Distinctions
En 1995, le film remporte le prix de la critique au Fantasporto, et était également nommé en tant que meilleur film[16].