Son œuvre est souvent centrée sur les émotions intimes des femmes, sur leurs problèmes de relations aux hommes et à la société dans son ensemble. De par leur contenu (on y parle ouvertement de sexualité), ses romans contestent ouvertement l'ordre moral et familial de l'Irlande catholique et nationaliste, contribuant ainsi à alimenter ce que l'on a appelé le révisionnisme culturel irlandais.
Biographie
Josephine Edna O'Brien est née dans un milieu rural éloigné et conservateur[3], un endroit qu’elle devait décrire plus tard comme « ardent », « replié » et « catastrophique ». Selon Edna O'Brien, sa mère était une femme forte et autoritaire qui avait émigré pour un temps en Amérique et travaillé comme employée de maison dans une famille aisée de New York avant de rentrer en Irlande pour y fonder sa propre famille.
Son père, un paysan alcoolique et violent, a plusieurs fois menacé sa famille avec un revolver[3].
Edna O'Brien obtient en 1950 son diplôme en pharmacie. Contre la volonté de ses parents, elle épouse en 1952 l’écrivain irlando-tchèque Ernest Gébler et le couple s’installe à Londres[3]. Ils auront deux fils, Carlos et Sasha, avant de se séparer en 1964[4].
Elle publie son premier livre, titré initialement La Jeune irlandaise puis Les Filles de la campagne[5] (The Country Girls) en 1960, première partie d’une trilogie romanesque comprenant aussi The Lonely Girl (1962) et Girls in Their Married Bliss (1964). Peu après leur publication, ces livres sont violemment attaqués puis interdits en Irlande en raison de la description explicite de la vie sexuelle de leurs personnages, et «manque de religion»[4].
Le roman A Pagan Place, publié en 1970, traitait de son enfance dans une ville irlandaise à l’environnement répressif. De fait, ses parents étaient violemment opposés à tout ce qui se rapportait à la littérature, et sa mère désapprouvait fortement sa carrière d’écrivain.
Elle a quelques histoires d'amour, y compris avec Robert Mitchum[6], et en 1972 écrit Nuit sous l'emprise de LSD, expérience qui modifia son écriture[3].
En 1981, elle écrit une pièce de théâtre, Virginia, consacrée à Virginia Woolf. La pièce est représentée d’abord au Canada, puis à Londres. Elle est également l’auteur de biographies de James Joyce et de Lord Byron.
Au fil de sa carrière d'écrivain, elle reçoit de nombreuses récompenses pour ses œuvres, notamment le prix Kingsley Amis Award en 1962, et le Los Angeles Times Book Prize en 1990. En 2006, elle est nommée professeur de littérature anglaise à l’University College de Dublin et, en 2009, on lui attribue pour l’ensemble de son œuvre le Bob Hughes Lifetime Achievement Award.
En 2019, le jury du Prix Femina lui remet un prix spécial pour l'ensemble de son œuvre[7],[5].
Edna O'Brien meurt le 27 juillet 2024 à Londres des suites d’une longue maladie à l’âge de 93 ans[8],[9].
Œuvre
Romans
Trilogie Country Girls
The Country Girls (1960)
Publié en français sous le titre La Jeune Irlandaise, traduit par Janine Michel, Paris, Julliard, 1960 ; réédition sous le titre Fille de la campagne
The Lonely Girl (1962), aussi paru sous le titre The Girl with Green Eyes en 1964
Publié en français sous le titre Jeunes filles seules, traduit par Daria Olicier, Paris, Presses de la Cité, 1962, 258 p.
Girl in Their Married Bliss (1964)
IntégraleLes Filles de la campagne (The Country girls trilogy and epilogue), Fayard, 1988
Autres romans
August Is a Wicked Month (1965)
Publié en français sous le titre Le Joli Mois d'août, traduit par Marcelle Vincent et Maurice Rambaud, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Le Livre du jour », 1968, 237p. ; réédition, Paris, Fayard, 1998, 220 p. (ISBN2-213-59821-5)
Casualties of Peace (1966)
Publié en français sous le titre Les Victimes de la paix, traduit par Léo Dilé, Paris, Éditions Fayard, 1991, 180p. (ISBN978-2213026114) ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 3219, 1994
Publié en français sous le titre Nuit, traduit par Jean-Baptiste de Seynes, Paris, Éditions Fayard, 1994, 220 p. (ISBN978-2213591780)
Johnny, I Hardly Knew You (1977) (aussi paru sous le titre I Hardly Knew You)
Publié en français sous le titre Qui étais-tu, Johnny ?, traduit par Léo Dilé, Paris, Éditions Fayard, 1990, 178 p. (ISBN978-2213024141)
The High Road (1988)
Publié en français sous le titre Les Grands Chemins, traduit par Léo Dilé, Paris, Éditions Fayard, 1990, 269 p. (ISBN978-2213023564)
Time and Tide (1992)
Publié en français sous le titre Vents et Marées, traduit par Léo Dilé, Paris, Éditions Fayard, 1993, 426 p. (ISBN978-2213030296)
House of Splendid Isolation (1994)
Publié en français sous le titre La Maison du splendide isolement, traduit par Jean-Baptiste de Seynes, Paris, Éditions Fayard, 1995, 289 p. (ISBN978-2213594316) ; réédition, Paris, 10/18 coll. « Domaine étranger » no 3622, 2004, 283 p. (ISBN2-264-03928-0) ; réédition, Paris, Sabine Wespieser Éditeur, 2013
Down by the River (1996)
Publié en français sous le titre Tu ne tueras point, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Éditions Fayard, 1998, 349 p. (ISBN978-2213601694) ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 3344, 2001
Wild December (1999)
Publié en français sous le titre Décembres fous, traduit par Éric Diacon, Paris, Éditions Fayard, 2001, 315 p. (ISBN978-2213608815) ; réédition, Paris, 10/18 coll. « Domaine étranger » no 3623, 2004, 308 p. (ISBN2-264-03927-2)
In the Forest (2002)
Publié en français sous le titre Dans la forêt, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Éditions Fayard, 2003, 300 p. (ISBN978-2264039309) ; réédition, Paris, 10/18 coll. « Domaine étranger » no 3795, 2005, 289 p. (ISBN2-264-03930-2) ; réédition, Paris, Sabine Wespieser Éditeur, 2017, 360 p. (ISBN978-2-84805-221-2)
The Light of Evening (2006)
Publié en français sous le titre Crépuscule irlandais, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Sabine Wespieser Éditeur, 2010, 317 p. (ISBN978-2-84805-157-4) ; réédition, Paris, 10/18 coll. « Domaine étranger » no 4529, 2012, 382 p. (ISBN978-2-264-05408-1)
Publié en français sous le titre L'Objet d'amour, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, supplément de Vogue no 939, 2013, 63 p.
A Scandalous Woman, and Other Stories (1972)
A Rose in the Heart: Love Stories (1978), aussi paru sous le titre Mrs. Reinhardt and Other Stories
Returning: a Collection of Tales (1982)
A Fanatic Heart (1984)
Publié en français sous le titre Un cœur fanatique, traduit par Léo Dilé, Paris, Éditions Fayard, 1986, 500 p. (ISBN978-2213017365) ; réédition en deux volumes sous les titres Un cœur fanatique, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 3092, 1988 et Une rose dans le cœur, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche » no 3093, 1988
Lantern Slides (1988)
Publié en français sous le titre Lanterne magique, traduit par Léo Dilé, Paris, Éditions Fayard, 1992, 251 p. (ISBN978-2213027579) ; réédition, Paris, Stock, coll. « Bibliothèque cosmopolite », 1996, 245 p.
Irish Revel (1998)
Poolside (2007), recueil collectif
Saints and Sinners (2011)
Publié en français sous le titre Saints et Pécheurs, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Sabine Wespieser Éditeur, 2012, (ISBN978-2848051086)
Théâtre
A Pagan Place (1972), adaptation par O'Brien de son roman éponyme paru en 1970
Virginia (publication en 1985 d'une pièce de théâtre montée en 1980[11])
Iphigenia (2005)
Triptych (2005)
Haunted (2010)
Autres publications
Mother Ireland (1976)
James and Nora: A Portrait of Joyce's Marriage (1981)
On the Bone (1989), poésie
Vanishing Ireland (1990), en collaboration avec Richard Fitzgerald
James Joyce: a Biography (1999)
Publié en français sous le titre James Joyce, traduit par Geneviève Bigant-Boddaert, Montréal, Éditions Fides, 2002, 241 p. (ISBN978-2762123210)
Byron in Love (2009)
Country Girl: a Memoir (2012)
Publié en français sous le titre Fille de la campagne, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Sabine Wespieser, 2013, 480 p. (ISBN978-2848051369) ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche » no 33512, 2014 (ISBN978-2-253-19412-5)
↑« L’écrivaine irlandaise Edna O’Brien est morte », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Florence Noiville, « De l’Irlande au Michigan, la sélection du “Monde des livres”. “Les Petites Chaises rouges”, d’Edna O’Brien », Le Monde, (lire en ligne)
↑Dans l'article sur Catherine Sellers, celle-ci reçoit en 1982 un prix pour son rôle dans la pièce